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Existe-t-il des galaxies banales, dont l'évolution ne serait qu'un long fleuve tranquille ? Cela semble peu probable tant les événements qui les secouent sont multiples et démesurés. Entre les galaxies cannibales, comme NGC 5128 qui digère lentement une de ses semblables, celles qui crachent du gaz à la manière d'un volcanvolcan à l'instar de M 87M 87, ou celles dont le taux de production de jeunes étoiles est fortement accéléré en raison d'interactions gravitationnelles (c'est le cas de NGC 4666 par exemple), presque toutes les galaxies semblent s'ingénier à nous présenter des visages tourmentés.
Au milieu de toutes ces frasques, les astronomesastronomes de l'Eso ont cherché un peu de calme en pointant leur télescope vers NGC 300. Voilà une galaxie qui ne fait pas dans le tape à l'œilœil. Située dans la discrète constellationconstellation australe du Sculpteur, NGC 300 fut découverte au début du 19e siècle par James Dunlop. Cet astronome avait été recruté en 1820 par un observatoire privé situé à l'ouest de Sydney (Australie) où il observait pour le compte du riche gouverneur local, Thomas Brisbane, astronome à ses heures perdues.
La caméra WFI (Wide Field Imager) installée sur le télescope de 2,2 mètres de diamètre de l'Eso au Chili permet de photographier de grands champs stellaires. Crédit Eso
Une galaxie banale... ou presque
Classée comme galaxie spiralegalaxie spirale, NGC 300 n'est qu'à 6 millions d'années-lumièreannées-lumière de nous, ce qui la place à un jet de télescope. Une simple paire de jumelles suffit d'ailleurs à la repérer comme un petit nuagenuage cotonneux. D'autres galaxies comme NGC 55, NGC 253 ou NGC 7793 forment avec NGC 300 un ensemble appelé groupe du Sculpteur. A première vue, tout semble normal dans cette belle spirale, offrant l'opportunité d'étudier la structure et le contenu d'une cousine de notre propre Voie lactéeVoie lactée.
Les astronomes ont donc réalisé un portrait particulièrement détaillé de NGC 300. Au total, 50 heures de poses réparties sur de nombreuses nuits d'observation ont été réalisées avec la caméra WFI (Wide Field Imager) dotée d'un très grand champ de 34 minutes d'arcminutes d'arc de côté, l'équivalent de la surface apparente d'une Pleine LunePleine Lune. Avant leur assemblage en une seule et unique image, différents clichés ont été réalisés à l'aide de filtre spéciaux permettant de révéler les régions de formation stellaire qui apparaissent en rose et rouge. L'objectif d'une telle campagne d'observations est d'obtenir un recensement minutieux des astresastres qui composent la galaxie pour en étudier la nature et la répartition.
Les astronomes disposent désormais de la vision très détaillée d'une galaxie comparable à la nôtre. Et pour ne pas trop dépareiller de ses consœurs, NGC 300 leur a quand même réservé une petite fantaisie : elle abrite le plus éloigné et l'un des plus massifs des trous noirstrous noirs de massemasse stellaire actuellement répertoriés. D'une quinzaine de masses solaires, cet objet forme un système binairesystème binaire avec une étoile de Wolf-Rayet chaude et lumineuse. Décidément, les galaxies n'aiment pas passer inaperçues...