Les études menées par plusieurs sondes en orbite lunaire ont révélé l'influence inattendue de notre satellite naturel sur le vent solaire, ce plasma de particules éjecté en permanence de notre étoile vers le milieu interplanétaire.

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  • Découvrez la Lune en image 

Le vent solaire est un gaz chaud composé de particules électriques, des protons et électrons issus d'atomes d'hydrogène. Son intensité dépend de l'activité magnétique du Soleil. Lorsqu'elles sont assez puissantes, les particules de vent solaire atteignent notre atmosphère après avoir traversé le bouclier magnétique terrestre situé dans la magnétosphère. Bien que moins de 1 % de l'énergie totale transportée par le vent solaire parvienne à franchir ce bouclier (au niveau des pôles, là où les lignes de champ magnétique sont ouvertes), ces intrusions sont à l'origine des aurores polaires et d'un certain nombre de perturbations dans les systèmes électroniques et informatiques.

Grâce aux observations réalisées depuis plus d'une décennie par les quatre satellites de la mission Cluster, on sait par exemple qu'en direction du Soleil la magnétosphère s'étend sur environ 60.000 kilomètres mais qu'elle peut diminuer de moitié lorsqu'elle est comprimée sous la poussée d'un vent solaire de forte intensité. Ce bouclier magnétique déformable qui entoure notre planète, en plus de nous protéger des colères du Soleil, a le mérite également d'empêcher le vent solaire de balayer l'atmosphère terrestre dans l'espace.

Sur cette représentation on peut voir comment le bouclier magnétique terrestre dévie le vent solaire représenté en jaune. © Walt Feimer (HTSI)/Nasa/Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab

Sur cette représentation on peut voir comment le bouclier magnétique terrestre dévie le vent solaire représenté en jaune. © Walt Feimer (HTSI)/Nasa/Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab

La Lune a son propre bouclier

Jusqu'à présent on pensait que la Lune n'avait aucune influence sur le vent solaire puisqu'elle ne dispose pas d'un champ magnétique global, même si on a trouvé des traces de champs magnétiques fossilisés dans les roches lunaires rapportées par les missions Apollo. Mais plusieurs sondes lunaires sont venues démentir cette idée. Une équipe de la Nasa conduite par Andrew Poppe de la Berkeley University of California a analysé des données fournies par les sondes Lunar Prospector, Kaguya, Chang'e et Chandrayaan, ainsi que les deux satellites de la mission Artemis (Acceleration, Reconnection, Turbulence and Electrodynamics of the Moon's Interaction with the Sun). Ils ont ainsi découvert une région turbulente qui s'étend jusqu'à 10.000 kilomètres de la surface de la Lune du côté tourné vers le Soleil. On y observe le plasma solaire en train de se tortiller de façon inattendue, comme s'il rencontrait une onde de choc.

Grâce à des simulations informatiques, les chercheurs ont peut-être résolu cette énigme. Selon eux, cette barrière invisible pourrait résulter d'un champ électrique qui se formerait à la suite du bombardement de la surface lunaire par la lumière solaire ultraviolette. Des champs magnétiques fossiles localisés pourraient également contribuer à entretenir cette zone de turbulence.

Cette découverte tendrait à prouver que non seulement la Lune affecte le vent solaire, mais que ce phénomène doit pouvoir être observé sur la face éclairée de l'ensemble des satellites planétaires et des astéroïdes qui peuplent le Système solaire.