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Installation de l'une des trois antennes du réseau Kaboom en Floride. Elles devraient permettre à terme de détecter plus précocement les astéroïdes susceptibles de s'approcher un peu trop près de la Terre, et de mesurer leur orbite avec une plus grande précision. © Rodney Brown
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Tout le monde a encore en mémoire la journée du vendredi 15 février 2013, date à laquelle un petit astéroïde s'est désintégré au-dessus de l'Oural avec pertes et fracas (on a relevé plus d'un millier de blessés et de nombreux dégâts), quelques heures avant que 2012 DA 14, un rocher d'environ 40 m de long, ne frôle la Terre. Le weekend dernier, alors que les astronomes guettaient l'arrivée de la comète Panstarrs, ce ne sont pas moins de trois astéroïdes qui se sont approchés : 2013 ET (140 m de long) est passé à 2,5 fois la distance qui nous sépare de la Lune une semaine après sa découverte, tandis que 2013 EC 20 et 2013 EN 20 passaient respectivement à 150.000 km et 450.000 km de nous trois jours seulement après leur détection.
Les approches régulières d'objets célestes inquiètent les scientifiques : si l'on prend le cas de 2013 ET, huit fois plus gros que la météorite de l'Oural, sa rencontre avec notre planète à plus de 40.000 km/h aurait eu des conséquences désastreuses, comme la destruction d'une grande ville. C'est pourquoi la Nasa développe en ce moment un nouveau système de surveillance des NEO (de l'anglais Near Earth Object) appelé Kaboom.
Jusqu'à présent, les données radar concernant les astéroïdes étaient obtenues avec l'antenne de Goldstone, comme ce montage de 72 images de l'astéroïde 2012 DA 14 capturées dans la nuit du 15 au 16 février 2013. On peut observer la rotation de ce corps céleste, dont le côté le plus long mesure 40 m. © Nasa, JPL, Caltech
Des radars dédiés exclusivement aux astéroïdes géocroiseurs
On sait aujourd'hui qu'il est possible de dévier un astéroïde de sa trajectoire à l'aide d'un feu croisé de lasers tirés depuis des satellites. Même si cette parade n'est encore qu'à l'état de projet, il est indispensable de mieux connaître les caractéristiques des géocroiseurs (taille, vitesse, trajectoire, composition) et de les détecter quand ils sont encore assez éloignés de nous. Certains instruments s'y emploient déjà, comme des réseaux de télescopestélescopes automatisés ou encore le radiotélescoperadiotélescope de Goldstone. Mais ce dernier ne consacre que 2 à 3 % de son temps à la détection d’astéroïdes, car il est impliqué dans de nombreuses autres missions comme les liaisons avec les sondes interplanétaires.
C'est à proximité du Centre spatial Kennedy, non loin d'un marécage infesté d'alligatorsalligators, qu'ont été installées les trois antennes paraboliques de 12 m de diamètre du réseau Kaboom (Ka-Band Objects Observation and Monitoring Project). Travaillant dans la bande Ka, une gamme de fréquencesfréquences comprises entre 27,5 et 31 GHz, ce trio d'antennes séparées de 60 m les unes des autres devrait être capable de détecter des astéroïdes à au moins 0,5 UAUA (contre 0,1 UA actuellement pour Goldstone) avec une résolutionrésolution 80 fois supérieure à celle de l'antenne installée dans le désertdésert de Mojave en Californie.
Les premiers tests auront lieu dans quelques semaines. S'ils sont concluants, la montée en puissance du réseau Kaboom devrait à terme permettre de déterminer les orbitesorbites des NEO avec une précision 100.000 fois supérieure à celle obtenue actuellement avec les réseaux de surveillance télescopique. Il s'agira alors du premier réseau radar dédié exclusivement à la détection des astéroïdes géocroiseurs.