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Même les astronomes amateurs ont pu photographier l'impact de 2009, comme en témoigne cette planche d'images réalisées avec une caméra CCD et un télescope de 254 millimètres de diamètre. Crédit Marc Delcroix
Le 20 juillet 2009, 15 ans exactement après la chute de la comète Shoemaker-Levy 9Shoemaker-Levy 9 sur JupiterJupiter, l'astronomeastronome amateur australien Anthony Wesley annonçait qu'il venait d'observer une tache sombre sur Jupiter, résultat probable d'un nouvel impact. Immédiatement de grands télescopes terrestres étaient mobilisés comme le télescope de 1 mètre de diamètre de l'Observatoire du Pic du Midi. On faisait également appel au télescope spatial Hubble, alors en pleine phase de calibragecalibrage de ses nouveaux instruments amenés deux mois plus tôt au cours de la mission STS-125, dernière visite de maintenance pour cet instrument. Les astronomes ne manquaient pas de pointer également leurs instruments, comme par exemple Marc Delcroix, auteur de la planche en bas de cet article.
Les images obtenues montrèrent que le nuagenuage sombre observé dans le domaine visible était brillant en infrarouge. L'impact d'un astéroïde ou d'une comète n'avait pu être suivi en direct car il s'était produit du côté opposé à la Terre mais il avait laissé sa signature. On observait un échauffement intense de la troposphèretroposphère de Jupiter, accompagné d'une remontée de molécules d'ammoniacammoniac des profondeurs de la géante gazeusegéante gazeuse. Cette cicatricecicatrice avait disparu au bout de quelques semaines.
Une équipe du Groupe des Sciences Planétaires de l'Université du Pays basque dirigée par le professeur Agustín Sánchez Lavega vient de publier dans la revue Astrophysical Journal Letter une première analyse de ce phénomène, un travail partagé avec des chercheurs du Space Telescope Science Institute de Baltimore.
L'impact d'un astéroïde sur Jupiter en juillet 2009 photographié par le télescope Gemini North installé à Hawaï. Crédit Gemini Observatory
Le coupable serait un astéroïde
L'analyse détaillée des observations réalisées avec le télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble permet de comparer l'impact de 1994 et celui de 2009. La couleurcouleur des débris présents dans les marques sombres laissées par les impacts sont identiques dans les deux cas, ce qui confirme qu'il s'agit bien de la matièrematière profonde de Jupiter remontée en surface et modifiée par la chaleurchaleur des impacts. L'observation de la morphologiemorphologie des impacts et de leur duréedurée de vie sur Jupiter suggère que les corps qui en sont à l'origine seraient plutôt des astéroïdes que des comètes.
Dans le cas de l'impact de 2009, les chercheurs pensent qu'un « gros caillou » d'environ 500 mètres de diamètre pourrait faire l'affaire. L'impact mesurait environ 5.000 kilomètres, un panache de matériaux qui s'élevait dans l'atmosphèreatmosphère de Jupiter avec une pluie de particules qui retombaient tout autour. Ce nuage a été peu à peu dispersé par les ventsvents assez lents qui circulent dans les hautes latitudeslatitudes de la planète gazeuseplanète gazeuse, un phénomène qui n'est pas sans rappeler ce qu'on observe actuellement avec le panache de cendres du volcan islandais Eyjafjöll.
Deux impacts de cette ampleur en 15 ans, voilà qui fait beaucoup. On estimait dans le passé qu'un tel événement devait se produire tous les 50 à 250 ans. Désormais les chercheurs doivent envisager ce scénario selon une fréquencefréquence plus élevée, sans doute tous les 10 à 15 ans. Reste à espérer que la massive Jupiter continuera à capturer tous les gros astéroïdes qui s'aventureront dans le Système solaireSystème solaire. On n'ose imaginer les résultats dévastateurs qu'aurait une telle rencontre avec la Terre...