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La constellation australe des Voiles fut créée au XVIIIe siècle par Nicolas Louis de Lacaille. Envoyé de 1750 à 1754 dans l'hémisphère sud pour y mesurer l'arc du méridien, l'abbé Lacaille, passionné d'astronomie, fit construire un observatoire à la pointe de l'Afrique, un balconbalcon idéal pour étudier le ciel de l'hémisphère australhémisphère austral. C'est dans cette grande constellation (deuxième plus grande constellation parmi les 88 existantes) que l'on peut observer les restes d'une vieille explosion stellaire, un rémanentrémanent de supernova. Observer est d'ailleurs inexact, car en réalité seule la photographiephotographie parvient à révéler les subtiles nuances de ces draperiesdraperies célestes. Les capteurscapteurs électroniques, contrairement à notre œilœil, peuvent accumuler les photons au cours de longues poses, détectant à la fois de fins détails ainsi que leurs couleurs.
Il y a 11.000 ans les chasseurs-cueilleurschasseurs-cueilleurs installés en Afrique et en Amérique du Sud ont peut-être remarqué l'apparition d'une étoileétoile très brillante dans la constellation des Voiles. En effet, dans un dernier sursautsursaut, un soleilsoleil mourant situé à 800 années-lumièreannées-lumière a littéralement explosé, projetant dans l'espace ses couches externes. Après quelques semaines d'un éclat inhabituel, la supernova a disparu des regards. Elle a laissé la place à un pulsarpulsar comme celui de la nébuleuse du Crabe, une étoile à neutronsétoile à neutrons en rotation très rapide.
Dans les Voiles, le pulsar PSR B0833-45 a été découvert en 1968. Tournant sur lui-même environ 11 fois par seconde, cet objet d'une vingtaine de kilomètres de diamètre présente la densité d'un noyau atomique. Il brille de tous ses feux en rayonnement gamma sur les images réalisées par le télescope Fermi. Il y a une dizaine d'années c'est l'observatoire spatial Chandra qui l'avait photographié en gros plan, révélant l'existence de deux anneaux concentriques de rayons Xrayons X.
Le pulsar des Voiles, PSR B0833-45, révèle des arcs énergétiques. © Nasa/Chandra
Un monstre en dentelles
Lancée à 1.200 kilomètres par seconde, la matièrematière projetée lors de l'explosion de la supernova continue son chemin dans l'espace. Loin de l'agitation du pulsar, la bulle de gazgaz initiale a perdu son aspect circulaire en traversant le milieu interstellaire dont l'hétérogénéité affecte la vitessevitesse et la forme des lambeaux gazeux. Cent dix siècles après l'explosion, le rémanent présente une multitude de volutes complexes qui rappellent de la broderie fine. Si le terme de dentelles n'était pas déjà pris par le rémanent de la constellation du Cygne, il aurait été parfait pour nommer le spectacle que les clichés de la constellation des Voiles nous révèlent.
En admirant l'image ci-dessous réalisée par l'astrophotographe Marco Lorenzi, on a du mal à imaginer les conditions infernales qui règnent au cœur de cet ensemble nébulaire. Les poètes se pâmeront devant les broderies célestes pendant que les astrophysiciensastrophysiciens se passionneront pour l'étoile à neutrons. Ce genre de cadavre stellaire est en effet connu pour produire une grande quantité de positronspositrons qui pourraient expliquer leur excès dans le rayonnement cosmique, comme l'a observé le satellite Pamela.