Hubble : la machine à remonter dans le temps

Pour fêter dignement ce seizième anniversaire, l'Association Aéronautique et Astronautique de France (AAAF) avait invité hier le professeur Roger-Maurice BonnetRoger-Maurice Bonnet, astrophysicienastrophysicien de renom et ancien Directeur du Programme Scientifique de l'ESA. Lors de cette conférence, qui s'est déroulée dans les locaux de la Mairie du V^ième arrondissement de Paris, le parrain de Futura-Sciences est revenu sur les principaux exploits de Hubble.

Hubble : La machine à remonter dans le temps

Hubble mesure 15,9 mètres de long et pèse près de 11 tonnes. En 1993, grâce à son miroir principal de 2,4 mètres de diamètre, miroir dont la fabrication avait été entachée d'une grave erreur et qui avait dû être réparé en orbite, le télescope spatial avait pu observer les galaxiesgalaxies et l'universunivers lointain avec une acuité alors inégalée. Ce qu'il a appris aux astronomesastronomes au cours de ses treize années de bons et loyaux services est considérable.

Hubble est parti à la conquête de l'aubeaube de l'univers. Grâce à ses images de champ profond, obtenues en braquant le télescope sur un point précis pendant plus de 14 jours, à grand renfortrenfort de gyroscopesgyroscopes et de roues à inertieinertie, il a déniché des étoilesétoiles et des galaxies parmi les plus jeunes - après le Big BangBig Bang - jamais observées. D'autre part, il a contribué à vérifier que l'Univers était en expansion, qu'il accélérait, et a découvert que des trous noirstrous noirs se cachaient au cœur des galaxies. Il a également photographié des collisions de galaxies et vu la comètecomète Shoemaker-Levy 9Shoemaker-Levy 9 se fragmenter. Il ne faut pas oublier non plus ses travaux sur les amas globulairesamas globulaires et sa contribution à l'étude de la matière sombrematière sombre.

Quand il lui prenait l'envie de se tourner vers notre Système SolaireSystème Solaire, Hubble était capable de nous montrer les astresastres presque aussi bien que les sondes planétaires elles-mêmes. Figurent notamment à son actif les observations des aurores de JupiterJupiter, des saisonssaisons martiennes, du transittransit de IoIo et de ses plumes volcaniques, de TitanTitan, ainsi que les découvertes de 2 nouveaux anneaux d'UranusUranus, des lunes Mablunes Mab et CupidonCupidon et des deux nouveaux compagnons de Pluton.

Que va-t-il advenir de Hubble ?

Comme nous venons de le voir, le télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble a été, et demeure, un instrument précieux. Si précieux que des astronautesastronautes se rendent régulièrement à son chevet pour rehausser son altitude, corriger l'optique et lui fournir de nouveaux instruments. Mais aujourd'hui, son avenir est incertain, car il dépend des vols futurs de la navette américaine.

Suite à l'accidentaccident d'une navette, les Etats-Unis ont revu le nombre de vols à la baisse. Ainsi, la prochaine mission de maintenance ne devrait avoir lieu qu'en 2007 ou 2008. Sera-t-il trop tard ? « Bien sûr, le risque d'une panne augmente à chaque instant qui passe », a expliqué hier le professeur Roger-Maurice Bonnet. « Les éléments les plus critiques sont les roues à inertie, les batteries et les gyroscopes. Mais, si ces derniers venaient à tomber en panne, on pourrait utiliser la même technique que sur SOHOSOHO NDLRNDLR : quand le dernier gyroscope de SOHO était tombé en panne, le 21 décembre 1998, des équipes de l'ESA avaient mis au point un programme permettant au satellite de fonctionner... sans gyroscope ! ». Un autre problème vient du freinage d'Hubble dans les hautes couches de l'atmosphèreatmosphère et de sa chute progressive : il faut régulièrement relever son altitude pour le remettre sur la bonne orbite.

Le coût total du programme s'élève aujourd'hui à 6 milliards de dollars. Selon Roger-Maurice Bonnet, Hubble devrait pouvoir fonctionner au moins jusqu'en 2013. Au delà, le James Webb prendra sûrement le relais. Mais, en attendant ta retraite, bon anniversaire Hubble !