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L'astrophysique progresse grâce à de nouveaux outils théoriques mais surtout grâce à de nouveaux instruments. Les observations fournies dans l'infrarouge par le télescope Herschel le prouvent à nouveau. Cet instrument fournit des images avec une résolutionrésolution inégalée jusqu'à présent dans les domaines spectraux de l'infrarouge et submillimétrique, une gamme de lumière privilégiée pour observer la naissance des étoiles.
Dans le cadre du programme « Relevé des nuagesnuages de la ceinture de Gouldceinture de Gould », le télescope de l'Esa a permis de faire une intéressante découverte en zoomant sur les intérieurs de la nébuleusenébuleuse du CoconCocon (IC5146) et sur la nébuleuse de poussières de l'étoile polaire ainsi que sur ceux d'autres nuages interstellairesnuages interstellaires. Rappelons que la ceinture de Gould est un anneau géant de pouponnières d'étoiles d'environ 3.000 années-lumièreannées-lumière de diamètre dont le SoleilSoleil occupe presque le centre et qui présente un angle de 20° avec le plan de notre galaxiegalaxie. OrionOrion, le Scorpion et le Taureau appartiennent à cette ceinture.
Le réseau de filaments interstellaires dans la nébuleuse de poussières de l'étoile polaire (un cirrus galactique) observé par l'Observatoire spatial Herschel de l'Esa à des longueurs d'onde dans l'infrarouge de 250, 350 et 500 microns. Ces filaments ne possèdent pas encore d'étoiles en formation. © Esa/Herschel/SPIRE/Ph. André (CEA Saclay)
Les chercheurs ont ainsi analysé 27 filaments présents dans les nuages interstellaires. À leur grande surprise, ils ont constaté que si les filaments pouvaient présenter des densités différentes et des longueurs variables, pouvant atteindre des dizaines d'années-lumière, ces filaments ont cependant tous la même largeur, à savoir seulement 0,3 année-lumière environ.
Si les astrophysiciensastrophysiciens s'intéressent particulièrement à ces filaments c'est que dans les plus denses d'entre eux se forment les jeunes amas d'étoiles. Or, cette indépendance de la largeur des filaments est une donnée observationnelle qui s'explique bien dans le cadre des modèles hydrodynamiques théoriques basés sur la turbulence.
Quelques explications sur la formation des étoiles sur le site Du Big Bang au Vivant. © Groupe ECP, www.dubigbangauvivant.com/Youtube
Une origine incertaine
Selon l'astrophysicien Philippe André : « Ce n'est pas une preuve directe mais un indice très fort quant à la connexion entre la turbulenceturbulence interstellaire et l'origine des filaments vus par Herschel ». Pour le moment, on ne comprend cependant pas très bien le mécanisme à l'origine de l'apparition de cette turbulence. On constate néanmoins son existence à grande échelle dans les nuages, avec des vitessesvitesses supersoniques de la matièrematière constituant le gazgaz des nuages. À plus petites échelles, ces vitesses sont subsoniques et il est tentant de décrire la formation de ces filaments comme la manifestation de l'échelle à laquelle se fait la transition entre ces deux gammes de vitesses du gaz diffusdiffus des nuages.
Plus précisément, ce serait la manifestation des ondes de choc résultant de l'explosion d'étoiles en supernovaesupernovae, et qui comprimeraient localement le gaz du milieu interstellaire en formant des filaments. On obtiendrait ainsi des régions plus denses, favorables à la formation de pouponnières d'étoiles. On a d'ailleurs de bonnes raisons de penser que notre propre Système solaireSystème solaire est ainsi né d'un Little Bang.