Pour fêter les deux ans en orbite de la sonde Messenger autour de la planète Mercure, la Nasa vient de présenter une image en haute résolution d'une étrange dépression observée à la surface de la première planète du Système solaire. Selon les scientifiques, cet évent aurait été provoqué par une éruption pyroclastique.

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    • Découvrez les images de la mystérieuse planète Mercure 

    Lancée en août 2004, la sonde Messenger (pour MErcury Surface, Space ENvironment, GEochemistry and Ranging) est une sonde américaine d'environ une tonne qui s'est satellisée autour de Mercure le 18 mars 2011 après un long périple de 8 milliards de kilomètres et pas moins de six survolssurvols planétaires. La sonde Messenger est installée sur une orbite fortement elliptique, effectuant un tour complet de la planète en 12 heures à une altitude qui peut varier de 200 à 15.000 kilomètres. L'objectif de cette mission est d'en savoir plus sur la planète Mercure, qu'on ne connaissait jusqu'alors qu'à travers les images de médiocre qualité prises par la sonde Mariner 10Mariner 10 voilà plus de 30 ans. Rappelons que depuis la Terre, Mercure est une planète très difficile à observer, car toujours très proche du Soleil dans le ciel à l'aube ou au crépuscule.

    Au cours des deux années passées en orbite autour de Mercure, la sonde Messenger a accumulé plus de 150.000 photographiesphotographies à l'aide de ses deux caméras (la Wac et la Nac, la première à large champ, la seconde à champ étroit) et a réalisé de nombreuses mesures avec ses sept instruments scientifiques (spectromètres, magnétomètremagnétomètre et altimètre). Le 13 février dernier, la Nac (Narrow-Angle Camera) a permis de révéler de nouveaux détails concernant un évent volcanique repéré en 2009 au nord-est de Rachmaninoff, un bassin de 290 km de diamètre.

    En juillet 2012, la sonde Messenger avait photographié cette région au nord-est de Rachmaninoff, un bassin de 290 km de diamètre. Les géologues avaient remarqué la présence d'une dépression irrégulière aux parois bleutées. © Nasa, <em>Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory</em>, <em>Carnegie Institution of Washington</em>

    En juillet 2012, la sonde Messenger avait photographié cette région au nord-est de Rachmaninoff, un bassin de 290 km de diamètre. Les géologues avaient remarqué la présence d'une dépression irrégulière aux parois bleutées. © Nasa, Johns Hopkins University Applied Physics LaboratoryCarnegie Institution of Washington

    De nouvelles preuves de volcanisme sur Mercure

    Lorsqu'on regarde les corps rocheux qui peuplent le Système solaire (hormis la Terre), on remarque immédiatement que leur surface est criblée d'impacts météoritiques. Mais les géologuesgéologues ont appris à se méfier de ces surfaces cratérisées où se cachent parfois des dépressions qui ne résultent pas de la chute d'un caillou venu de l'espace. Le volcanismevolcanisme peut également laisser des formations analogues, et l'on a en effet trouvé des volcansvolcans sur MarsVénus, mais également la Lune. Il existe sur Mercure des plaines formées par des coulées de lavelave (comme les fausses mers lunaires), ainsi que d'énigmatiques dépressions bleues qui pourraient être des coulées pyroclastiquescoulées pyroclastiques. On a également repéré sur les images acquises par la sonde MessengerMessenger plusieurs exemples de cratères multiples : il s'agit de cratères d'impact dont le plancherplancher s'est effondré, créant une fosse plus ou moins circulaire qui débouche sur un ancien tunnel de lavetunnel de lave.

    Néanmoins, c'est la découverte de cheminées volcaniquescheminées volcaniques qui a le plus enthousiasmé les géologues. Plusieurs ont déjà été repérées au bord du bassin Caloris. Celle photographiée le 13 février dernier dans la région de Rachmaninoff l'est avec une résolutionrésolution inégalée de 26 m par pixelpixel sur une image que la Nasa vient de présenter. À chaque fois, l'attention des géologues est attirée par les caractéristiques de ces formations. À la différence des cratères d'impact, les évents volcaniques ne sont pas circulaires, et leurs pentes sont recouvertes d'une texturetexture lisse et veloutée. Il s'agit sans doute d'une couche de fines particules de lave qui se sont déposées après une éruption pyroclastique. Les pentes de ces dépressions présentent de nombreuses stries qui correspondent à des écoulements de ces particules. Les petits cratères visibles sur ces pentes ont été créés ultérieurement par la chute de petites météorites.

    Grâce à la couverture photographique de la planète réalisée par la Wac (Wide-Angle Camera) à bord de la sonde Messenger au cours de ses deux années en orbite autour de Mercure, les géologues peuvent désormais choisir les régions qui leur semblent les plus intéressantes pour en faire une exploration détaillée à l'aide de la caméra à champ étroit lors de nouveaux survols de la sonde.