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Ces images étaient très attendues depuis l'annonce de la Nasa que la sonde Juno, qui épie JupiterJupiter depuis tout juste un an (elle est arrivée le 4 juillet 2016), survolerait la Grande Tache Rouge le 10 juillet de cette année. C'est fait, la sonde a transmis les images brutes mardi et elles ont été mises en ligne hier, mercredi.
Le « scientifique citoyen » Jason Major, qui ne rate pas une seule image de Juno, a retraité l’image brute quelques heures après que la sonde l’a envoyée. Le vaisseau était à 13.917 km au-dessus de la tempête. « Il est toujours intéressant de voir ces nouvelles images brutes de Jupiter à leur arrivée, explqiue-t-il. Mais il est encore plus passionnant de prendre les images brutes et de les transformer en quelque chose que les gens peuvent apprécier. C'est pour cela que je vis. » © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS, Jason Major
« Maintenant, nous avons les meilleures images de cette tempêtetempête emblématique, s'enthousiasme Scott Bolton, chercheur principal de la mission, dans le communiqué de la Nasa. Il nous faudra un certain temps pour analyser toutes les données, non seulement de JunoCam mais aussi des huit instruments scientifiques de JunoJuno, afin de projeter une nouvelle lumière sur le passé, le présent et l'avenir de la Grande Tache Rouge. »
La sonde Juno était à 9.866 km quand cette image de la Grande Tache Rouge de Jupiter a été prise par la JunoCam. L’image brute a été retraitée par le « scientifique citoyen » Kevin Gill. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS, Kevin Gill
Juno survolait la Grande Tache Rouge à 9.000 km de distance
Ce survolsurvol a été réalisé au cours de la septième orbite de Juno. Rappelons que celle-ci est très elliptique. Et ce 10 juillet, sa distance minimale avec les nuagesnuages de la haute atmosphèreatmosphère de la géante gazeuse était de 3.500 km. Onze minutes et demie plus tard, la sonde avait parcouru quelque 24.700 km, et surplombait cette tempête gigantesque, 1,3 fois plus grande que la Terre ; 9.000 km seulement la séparait alors de ce maelström orangé émaillé de nuages sombres.
La Grande Tache Rouge de Jupiter photographiée par Juno le 10 juillet 2017. La sonde était à 9.866 km au-dessus de la tempête. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS, Gerald Eichstadt
Connu depuis au moins trois siècles et demi, ce phénomène météorologique immense capte l'attention des scientifiques et d'intriguer. Mesurant actuellement 16.350 km dans sa plus grande longueur, sa taille a beaucoup varié ces dernières années.
Retrouvez ici les images brutes de Juno retravaillées par les « scientifiques citoyens ».
La Grande Tache Rouge de Jupiter photographiée par Juno le 10 juillet. L’image brute a été traitée par Seán Doran. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS, Gerald Eichstädt, Seán Doran
Une autre interprétation d'une image brute de la Grande Tache Rouge. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, MSSS, Kevin Gill
Collisions de taches rouges sur Jupiter surprises par Hubble
Article de Laurent SaccoLaurent Sacco publié le 21 juillet 2008
Le télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble vient de fournir ces derniers mois une série d'images qui renseignent peut-être sur le mécanisme responsable de la longue vie de la Grande Tache Rouge de Jupiter. On y observe les interactions entre la Grande Tache Rouge et la plus petite, apparue en début d'année.
La Grande Tache Rouge de Jupiter est presque l'emblème de la plus grande planète de notre système solairesystème solaire, comme le sont les anneaux pour SaturneSaturne. Observée depuis plus de 150 ans, cette grande tempête anticyclonique défie toujours les explications des hydrodynamiciens et des planétologues, même si de grands progrès ont été réalisés depuis quelques dizaines d'années et que des théories intéressantes ont été proposées. L'une des plus connues est celle d'un effet non-linéaire de mécanique des fluides, découvert au XIXième siècle mais dont l'importance n'est devenue claire qu'après la Seconde guerre mondiale avec les progrès de l'analyse numériquenumérique et de la théorie des équationséquations au dérivées partielles, les solitonssolitons.
Ces derniers décrivent des types d'ondes particulièrement stables qui ressemblent à des paquetspaquets d'énergieénergie bien localisés. Ces solitons peuvent entrer en collision et se traverser sans subir d'affaiblissement notable et on les a proposés aussi bien pour décrire les particules élémentairesparticules élémentaires que les panaches volcaniques à l'intérieur du manteaumanteau, sans doute à l'origine des points chaudspoints chauds.
Figure 1. Au sud de l'équateur de Jupiter, la Grande Tache Rouge (Red Spot), la Tache Rouge Junior (Red Spot Jr) et la Petite Tache Rouge (Baby Red Spot). © Nasa, Esa, Zolt Levay (STScI) et A. Simon-Miller (Nasa Goddard Space Flight Center)
Les images, en vraies couleurscouleurs, fournies par la camera planétaire à grand champ numéro 2 du télescope Hubble ont été prises, respectivement, les 15 mai, 28 juin et 8 juillet 2008 (voir la figure 2). Elles sont centrées sur une zone couvrant 58° en latitudelatitude et 70 en longitudelongitude dans le système de coordonnées cartographique de la surface de Jupiter, calqué sur celui de la Terre.
On voit clairement la Grande Tache Rouge ainsi que la Tache Rouge JuniorTache Rouge Junior, apparue au début de l’année 2006 lorsque la couleur d'une des grandes tempêtes de Jupiter a viré du blanc au rouge. Les raisons de ce changement de teinte sont encore mal comprises. On soupçonne seulement la remontée de certaines molécules de couches internes à la planète. La Tache Rouge Junior est située juste en dessous de la grande et ne semble pas être affectée par la présence de sa sœur.
Figure 2. Cliquez pour agrandir. Les trois images prises par Hubble des taches rouges de Jupiter. La flèche indique la petite tache qui ressort de la grande en ayant perdue sa couleur rouge. © Nasa, Esa, A. Simon-Miller (Goddard Space Flight Center), N. Chanover (New Mexico State University), et G. Orton (Jet Propulsion Laboratory)
Il n'en est pas de même pour la petite tache (Baby Red Spot) dont les images montrent qu'après absorptionabsorption, elle est ressortie avec une légère déformation mais surtout une couleur blanche. Selon certaines théories, cette tache ne devrait pas tarder à effectuer un mouvementmouvement inverse la conduisant à être définitivement absorbée par sa grande sœur. Ce serait là un des mécanismes possibles expliquant la grande stabilité de la Grande Tache Rouge. Réponse dans quelques mois... ou quelques années peut-être.