Un astrophotographe amateur américain vient de présenter une image inédite de M 106. Elle révèle de fantastiques jets d'hydrogène ionisé qui s'échappent du trou noir géant caché au cœur de la galaxie.
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La modeste constellation des ChiensChiens de Chasse est blottie entre la Grande OurseGrande Ourse et la Chevelure de Bérénice. Elle pourrait presque passer inaperçue tant ses étoiles sont peu brillantes et sa superficie ridicule. Elle n'en abrite pas moins cinq objets célestes du célèbre catalogue Messier : un amas globulaire, M 3, et quatre galaxies, M 51, M 63, M 94 et M 106.
A 25 millions d'années-lumière, la galaxie spiralegalaxie spirale M 106 (elle porteporte également le numéro 4258 dans le catalogue NGCNGC) a une magnitudemagnitude visuelle de 8,4. Elle fait partie des 29 découvertes réalisées entre 1779 et 1782 par l'astronomeastronome Pierre Méchain mais ne fut intégrée au catalogue de Charles MessierCharles Messier qu'en 1947. C'est à cette époque que l'astronome américain Carl Seyfert s'intéressa à elle. Seyfert étudiait les spectresspectres des galaxies dont le noyau était anormalement brillant, des spectres qui présentaient des raies d'émissionémission très élargies. Il réalisa une première liste de ces objets qui portent désormais le nom de galaxies de Seyfertgalaxies de Seyfert, liste dans laquelle figurait M 106. Ce sont des galaxies actives, qui émettent dans tout le spectre électromagnétique : on peut étudier leur rayonnement des ondes radio jusqu'aux rayons Xrayons X.
Depuis les travaux de Seyfert dans les années 1940, on soupçonne ces galaxies de cacher en leur sein un immense trou noirtrou noir de plusieurs millions de massesmasses solaires. En tombant vers lui, la matièrematière est chauffée à très haute température, émettant une grande quantité de rayons X. La propagation de ce rayonnement énergétique ionise les nuagesnuages d'hydrogènehydrogène autour du cœur de la galaxie et les fait briller.
Des fontaines énergétiques révèlent un trou noir
Quand Jay Gabany décide d'imager M 106, il n'a pas l'intention de faire un énième cliché destiné à ne montrer que l'aspect esthétique de cette galaxie spirale. Celui qui a eu le coup de foudrefoudre à 14 ans pour le passage de la comète Bennettcomète Bennett (c'était en 1969) s'est construit un véritable petit observatoire dans les montagnes du Nouveau Mexique, à rendre jaloux bon nombre d'astronomes professionnels. A travers chacune de ses images, dont la beauté est indéniable, il cherche surtout à révéler telle ou telle particularité scientifique : jets de matière, anneaux de gazgaz... Les images publiées sur son site sont toujours accompagnées d'un descriptif très complet des données scientifiques connues à ce jour sur le sujet photographié.
Pour mettre en valeur l'activité énergétique du trou noir massif caché au cœur de M 106, l'astrophotographe a réalisé l'addition de plusieurs prises, chacune durant quelques heures. Une technique devenue classique aujourd'hui en photographiephotographie astronomique, mais ici, la prise la plus longue, 15 heures, a été obtenue dans la longueur d'ondelongueur d'onde correspondant à l'hydrogène ionisé par le rayonnement énergétique du trou noir. Le résultat final montre la galaxie sous l'aspect visuel qu'on lui connaît habituellement avec en surimpression les filaments d'hydrogène ionisé sortant du trou noir central à la manière d'un jet d'eau sur un tourniquet.