Orbitant à 16 milliards de kilomètres de la Terre, Éris, un plutoïde, est passé début novembre entre une étoile et la Terre. Les astronomes en ont profité pour estimer la taille de cette petite planète glacée : elle serait bien plus petite que ce que l'on croyait.


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    L'affaire semblait entendue : anciennement Xéna, Éris avait déclassé Pluton en 2006. Des observations effectuées par le télescope spatial Hubble lui donnaient en effet un diamètre de 2.400 kilomètres, soit environ 30 kilomètres de plus que l'ancienne neuvième planète du Système solaire. Par la suite, PlutonPluton, premier objet transneptunien découvert en 1930 par l'astronomeastronome américain Clyde W. Tombaugh depuis l'observatoire Lowell, fut rangée dans une nouvelle famille, celle des plutoïdes, dont le chef de file était ÉrisÉris.

    Mais la taille de ce dernier a peut-être été surestimée, si l'on en croit les résultats fournis par l'occultation d'une étoile de 16e magnitude le 6 novembre, une première pour un objet à une telle distance. Les mesures ont été réalisées à l'aide de plusieurs télescopes placés sur la ligne d'occultation qui s'étirait de l'Amérique centrale à l'Afrique. Une vidéo du phénomène a même été réalisée à l'aide d'un télescope espagnol automatisé de 40 centimètres de diamètre situé au Chili.

    Moins grand mais plus massif que Pluton

    Pour l'astronome Mike Brown qui a découvert Éris en 2003 à l'aide du télescope du mont PalomarPalomar, « il est très difficile de mesurer la taille des objets situés dans la partie externe du Système solaire mais les occultations d'étoiles ont le potentiel d'apporter des réponses extrêmement précises ». Celle du 6 novembre ramène Éris à une taille comprise entre 2.320 et 2.350 kilomètres et le replace du coup derrière Pluton et ses 2.370 kilomètres. Cependant, l'incertitude qui règne autour du diamètre exact de ces deux plutoïdesplutoïdes rend les astronomes prudents, qui préfèrent désormais parler de deux corps extrêmement proches en taille.

    Ce qui est sûr, c'est qu'Éris est plus massif que Pluton. Le premier est sans doute un astreastre rocheux recouvert d'une simple croûtecroûte glacée alors que le second pourrait être composé de 70 % de roches et 30 % d'eau glacée. Pourquoi ces deux plutoïdes, si semblables par la taille et l'aspect extérieur, sont-ils si différents à l'intérieur ? « Je n'en ai aucune idée, avoue Mike Brown. Il s'est passé quelque chose dans cette région lointaine du Système solaire, mais je ne sais pas quoi ». Il ne reste plus qu'à patienter encore cinq ans pour que la sonde New Horizons lève un coin du voile au cours de son survolsurvol de Pluton.