Dans les Andes équatoriennes, l'astronome Stéphane Guisard a posé son appareil photo sur le Chimborazo, un volcan qui est l'endroit de la Terre le plus proche des étoiles, davantage encore que le mont Everest...

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    Cette image exceptionnelle de la Voie lactée a été réalisée à 5.000 mètres d'altitude, face au volcan Chimborazo. Crédit Stéphane Guisard/www.astrosurf.com, avec l'autorisation de l'auteur

    Cette image exceptionnelle de la Voie lactée a été réalisée à 5.000 mètres d'altitude, face au volcan Chimborazo. Crédit Stéphane Guisard/www.astrosurf.com, avec l'autorisation de l'auteur

    A 180 kilomètres au sud de Quito, la capitale de l'Equateur, se dresse à 6.268 mètres d'altitude le volcanvolcan Chimborazo, l'un des sommets les plus élevés de la Cordillère des Andes, la plus grande chaîne de montagne de notre planète. Ce volcan, en sommeilsommeil depuis dix mille ans, est le sommet le plus éloigné du centre de la Terre. En effet, en raison d'un renflement au niveau de l'Equateur, le rayon de notre planète y est supérieur de 21 kilomètres par rapport aux pôles.

    Pour les astronomesastronomes, c'est donc un endroit mythique puisque c'est le point terrestre le plus proche des étoiles. Déjà, au 18e siècle, l'explorateur français Charles Marie de La CondamineCharles Marie de La Condamine et l'hydrographe Pierre Bouguer avaient gravi une partie de ses pentes pour y observer le ciel. Les deux hommes, mandatés par l'Académie des Sciences, conduisaient alors une expédition chargée de mesurer la longueur d'un arc de méridien au Pérou. Mais le sommet resta longtemps inaccessible en raison du manque d'oxygène à cette altitude. Il fut vaincu en 1880 par les frères Carrel, guides de montagne français, et par l'alpiniste anglais Edward Whymper.

    Le vocan équatorien Chimborazo. Crédit A. Borsdorf

    Le vocan équatorien Chimborazo. Crédit A. Borsdorf

    Le plus beau ciel de la planète

    Stéphane Guisard est de ceux qui ont la tête dans les étoiles. Son métier de chef des ingénieurs à l'Eso, l'Observatoire Européen Austral, l'amène à travailler régulièrement dans l'un des meilleurs sites astronomiques du monde, puisqu'il assure la maintenance du VLT, le Very Large TelescopeVery Large Telescope, un ensemble de quatre télescopes géantstélescopes géants installés au Chili sur le mont Paranal. L'endroit est tellement propice à l'observation de l'Univers qu'il a également été retenu pour accueillir le futur télescope géant européen, l'E-ELT.

    Loin d'être blasé, Stéphane Guisard profite de son temps libre et de ses déplacements professionnels pour nous présenter les meilleurs ciels d'Amérique du Sud. Dernièrement, il nous avait fait vivre une nuit au télescope Gemini Sud. Le voici cette fois au pied du volcan Chimborazo, à plus de 5.000 mètres d'altitude, la moitié de l'atmosphèreatmosphère terrestre sous ses pieds. Le froid et le manque d'air n'ont pas eu raison de sa ténacitéténacité. Seul comme lors de la plupart de ses "expéditions" (il reconnaît lui-même qu'il y a assez peu de volontaires dans son entourage pour passer une nuit dans de telles conditions !), muni d'un GPSGPS et d'un téléphone satellite en cas de problème, il est allé réaliser une image extraordinaire.

    La Voie lactéeVoie lactée, notre GalaxieGalaxie, y est observable comme nulle part ailleurs. Les astrophotographes qui regardent cette image sont abasourdis lorsqu'ils apprennent que les 28 clichés qui la composent ont été réalisés chacun en seulement 15 secondes de pose avec un objectif de 35 millimètres de focalefocale. Un résultat impossible à obtenir ailleurs : même en posant plus longtemps pour espérer enregistrer un aussi grand nombre d'étoiles, la pollution lumineusepollution lumineuse plus ou moins importante efface toujours les astresastres les moins lumineux.

    C'est donc une voûte céleste d'exception que Stéphane Guisard est allé capturer avec son appareil photo. Une image qui laisse songeur : elle montre la beauté de l'Univers telle que les hommes ont pu l'admirer pendant des millénaires avant l'arrivée de la fée électricité. Il leur suffisait simplement de franchir le seuil de leur porteporte...