Les mesures réalisées avec le radar de la mission Magellan avaient mis en évidence des sommets enneigés sur Vénus équivalant à ceux de notre planète. Il ne pouvait s'agir de glace, étant donné les températures infernales régnant sur l'étoile du Berger. En revisitant les données de la sonde de la Nasa, des planétologues ont réussi à obtenir des images plus précises de ces neiges qui pourraient être métalliques. Mais ils n'ont toujours pas percé le secret de leur composition exacte.

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    On a pu découvrir l'existence de l'atmosphèreatmosphère épaisse de VénusVénus, couverte de nuagesnuages, après les premières observations de Galilée, armé de sa lunette. L'interprétation la plus simple de cette couche nuageuse donnait la planète comme très humide et même marécageuse. Mais les progrès de la spectroscopie ont permis de découvrir dans les années 1920 que les nuages de Vénus ne pouvaient pas être composés d'eau. On ne tarda pas à montrer que son atmosphère contenait une énorme quantité de dioxyde de carbonedioxyde de carbone et les premières observations de l'étoile du Berger avec un radiotélescope en 1958 ont permis d'établir que des températures infernales y régnaient.

    Nous savons aujourd'hui, notamment grâce aux sondes spatiales, que la pression au sol atteint 9,3 MPa, soit 91,8 atmosphères, et que les couches nuageuses observables sont constituées de gouttelettes de dioxyde de soufre et d'acide sulfurique, surmontées d'une brumebrume de cristaux de glace qui donne à la planète son aspect laiteux.


    Une visite de la surface de Vénus reconstituée à l'ordinateur dans les années 1990. Ces images en fausses couleurs proviennent du traitement des observations faites à l'aide du radar embarqué à bord de la mission Magellan de la Nasa. © Nasa STI Program, YouTube

    Magellan à la découverte de Vénus

    Pour découvrir ce qui se cachait sous ces couches, il a fallu attendre que les missions soviétiques VeneraVenera 9 et 10 en 1975 puis Venera 13 et 14 en 1982 se posent sur Vénus et nous envoient quelques photographiesphotographies avant d'être mises hors de service sous l'effet de températures de l'ordre de 500 °C. Des cartes radar ont pu être établies grâce à la mission Pioneer Venus de la Nasa en 1978 et 1979, aux sondes Venera 15 et 16 (1984) et surtout au radar à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture de Magellan (1990-1995). Aucune mission n'a depuis fourni une carte aussi détaillée de la topographie de Vénus que celle de la mission états-unienne. Elle a aussi révélé un phénomène étrange concernant la composition du sol de Vénus qui change visiblement en fonction de l'altitude.

    Le Synthetic Aperture Radar (SAR) de Magellan est capable de mesurer les caractéristiques aussi bien des ondes radio qu'il a envoyées après leur réflexion sur la surface de Vénus que celles des émissionsémissions propres de cette surface dans le même domaine des ondes électromagnétiquesondes électromagnétiques. Il y a une vingtaine d'années, les planétologues ont donc découvert avec le SAR que la réflectivité du sol de Vénus augmentait en fonction de l'altitude pour baisser subitement. À mesure que le relief s'accentue, la surface apparaît de plus en plus brillante avant de céder la place à des zones sombres sur les sommets les plus élevés.

    Grâce au SAR de Magellan, il a été possible de découvrir la topographie de Ovda Regio sur Vénus. Des zones sombres (<em>dark</em>) se trouvent aux sommets de terrains élevés qui apparaissent brillants dans les mesures faites avec le radar de la sonde (<em>radar-bright highlands</em>). © Harringtong Trieman, Nasa, JPL-Caltech

    Grâce au SAR de Magellan, il a été possible de découvrir la topographie de Ovda Regio sur Vénus. Des zones sombres (dark) se trouvent aux sommets de terrains élevés qui apparaissent brillants dans les mesures faites avec le radar de la sonde (radar-bright highlands). © Harringtong Trieman, Nasa, JPL-Caltech

    Des neiges ferroélectriques aux sommets de Ovda Regio ?

    Comme sur Terre, la température doit baisser avec l'altitude dans l'atmosphère de Vénus. On pouvait donc s'attendre à trouver l'équivalent des sommets enneigés de la planète bleue. Sauf que, sur l'étoile du Berger, les températures sont beaucoup plus élevées, aussi fallait-il considérer la condensationcondensation non de l'eau mais de composés métalliques dont la nature exacte est énigmatique depuis la fin de la mission Magellan. Un groupe de chercheurs, lors d'une communication lors du colloque annuel de la Geological Society of America (GSA), ont expliqué une nouvelle analyse, réalisée avec une autre méthode, des données radar collectées par le SAR. Ils ont ainsi obtenu des images à une bien plus haute résolutionrésolution de terrains localisés dans Ovda Regio, la plus étendue des hautes terres équatoriales de la planète, qui s'élève jusqu'à plus de 4.000 m au-dessus des plaines environnantes.

    Les planétologues ont alors découvert que les zones sombres déjà observées étaient en fait constituées d'un grand nombre de régions plus petites. La nature des matériaux recouvrant le sol n'a toujours pas pu être définie mais l'hypothèse selon laquelle il s'agirait de composés ferroélectriques en sort selon eux renforcée.