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Image en ultraviolet du pôle nord de Jupiter réalisée par le télescope spatial Hubble. Crédit : Nasa.
Le 28 février 2007, la sonde New HorizonsNew Horizons survolait Jupiter puis poursuivait sa route vers la lointaine PlutonPluton. Cette opportunité présentant l'avantage de pouvoir observer la planète à la fois depuis la sonde et depuis la Terre, le télescope spatial Hubble était alors mis à contribution dans le cadre d'une campagne d'observation. Les résultats viennent d'être publiés dans les Geophysical Research Letters.
Satellite de JupiterJupiter, IoIo est surtout connu pour son volcanismevolcanisme très actif dont l'énergie nécessaire provient vraisemblablement des interactions de marée entre Io, Europe, GanymèdeGanymède et Jupiter. Les trois satellites sont en résonance orbitale 4-2-1, et Io présente toujours la même face à la planète. Mais cette immobilité théorique est perturbée par la présence d'Europe et Ganymède, qui font légèrement vaciller Io sur son axe. Cette oscillation entraîne un soulèvement régulier de sa surface d'une centaine de mètres, qui à son tour produit de la chaleurchaleur par frictionfriction interne et engendre le volcanisme observé.
Les particules électriquement chargées émises par les volcansvolcans sont relâchées dans la banlieue de Jupiter et entrent en rotation autour de la planète géanteplanète géante en formant un tore. Mais Io se trouve à l'intérieur de cette vaste formation et finit par constituer lui-même un obstacle. Dans ce flot de particules, un front d'ondes se forme, de la même manière qu'un rocher émergé produit des vaguesvagues dans le courant d'une rivière. Ces ondes atteignent l'atmosphèreatmosphère de Jupiter et y génèrent des aurores semblables à celles que l'on peut voir sur Terre. Ces émissionsémissions aurorales sont observées dans chaque hémisphère de Jupiter et étaient déjà connues sous le nom d'empreintes de Io.
Il est très probable que ce phénomène ne soit pas exceptionnel et se produise même fréquemment entre certaines exoplanètesexoplanètes et leur étoileétoile. En revanche, la LuneLune est incapable de générer des aurores sur Terre en raison de son trop grand éloignement et de sa faible conductivitéconductivité.
Des taches symétriques de part et d'autre de Jupiter
L'empreinte de Io, telle qu'elle était observée jusqu'ici, consistait en une tache blanche brillante, souvent suivie d'autres taches d'intensités décroissantes en aval par rapport au flux de particules. Mais pour la première fois, les chercheurs de l'Université de Liège, en collaboration avec une équipe de l'Université de Cologne (Allemagne), ont mis en évidence l'apparition systématique d'une autre tache, non plus en aval mais en amont de la tache principale. Mieux, ils ont aussi démontré que lorsque la tache principale était précédée d'une tache en amont dans un hémisphère, des taches apparaissaient toujours en aval de sa correspondante dans l'autre hémisphère.
« Avant, on n'avait observé que des taches en aval de la tache principale, mais seule la moitié des configurations possibles de Io dans le champ magnétiquechamp magnétique de Jupiter avait été étudiées. Maintenant, on a une vue complète du phénomène et le résultat est assez surprenant parce que cette tache en amont n'était pas du tout prévue par les modèles », s'étonne Bertrand Bonfond, doctorant au Laboratoire de PhysiquePhysique Atmosphérique et Planétaire de l'Université de Liège.
Une nouvelle théorie a été émise par les chercheurs, postulant l'existence de faisceaux d'électronsélectrons capables de voyager d'un hémisphère à l'autre.
Des aurores atypiques
Parallèlement à cette découverte, Aikaterini Radioti, une chercheuse grecque en séjour post-doctoral au Laboratoire de Physique atmosphérique et planétaire de l'Université de Liège, a démontré l'existence d'une discontinuité systématique dans l'ovale auroral observé autour de chaque pôle de Jupiter.
Cette observation, qui a été obtenue à partir des données transmises par le télescope spatial Hubble, prouve l'existence d'inhomogénéïtés dans la circulation des particules chargées autour de Jupiter ainsi que dans les processus physiques qui se produisent dans la magnétosphèremagnétosphère. Ces résultats viennent d'être publiés dans le Journal of Geophysical Research.