Les conditions extrêmes qui règnent sur Vénus rendent l’étude de cette planète très compliquée. De nouvelles données viennent pourtant affiner notre compréhension des processus volcaniques et tectoniques en cours sur la planète, avec notamment l’identification d’un volcanisme actif au niveau d’Idunn Mons.
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Si la masse et la taille de VénusVénus en font la sœur jumelle de la Terre, la comparaison peut s'arrêter là. Car les conditions à la surface de Vénus sont loin d'être accueillantes : avec une température de surface de plus de 400 °C, une pression 93 fois supérieure à celle de la Terre et une atmosphèreatmosphère caustique composée à plus de 96 % de CO2, Vénus est un véritable enfer. Ajoutez à cela plus de 100.000 volcansvolcans de moyenne importance et vous aurez le tableau complet. Cependant, il est difficile de savoir si ces volcans sont encore actifs aujourd'hui, les conditions atmosphériques et de surface rendant difficile l'envoi de sondes ainsi que les observations depuis l'espace. Cette question apparaît cependant de plus en plus cruciale, surtout depuis la découverte d'un gaz nommé phosphine dans son atmosphère. Car si ce gaz peut être produit par des éruptions volcaniques récentes ou en cours, certains scientifiques pensent qu'elles pourraient être le signe d'une activité biologique.
L’âge des roches déterminées grâce à leur degré d’altération chimique
Jusqu'à présent, personne n'avait la preuve d'une activité volcanique en cours ou très récente. Pourtant, l'étude de la surface vénusienne montre qu'elle est anormalement peu marquée par les cratères d'impacts. Cette observation suggère que le sol de la planète est régulièrement gommé par de nouvelles éruptions, qui effacent les marques des événements plus anciens. L'altération chimique des roches en surface est également très importante. En effet, comme sur Terre, les processus d'altération sont associés aux réactions chimiques ayant lieu entre la surface et l'atmosphère. L'oxydation du ferfer contenu dans les minérauxminéraux silicatés est particulièrement importante dans les conditions atmosphériques vénusiennes et peut être mesurée depuis l'orbiteorbite grâce notamment aux mesures de Virtis (l'instrument de mesure par spectrométriespectrométrie infrarougeinfrarouge de la sonde Venus ExpressVenus Express de l'ESA). L'encroûtement d'hématitehématite sur les roches résultant de cette altération peut ainsi être observé grâce à cette méthode.
Or, les données Virtis montrent des anomaliesanomalies au sommet et sur le flanc est d'Idunn Mons, un immense volcan (200 km de diamètre et 2,5 km de haut) emblématique de la région Imdr Regio. Imdr Regio est caractérisée par un bombement du socle qui serait lié à un panache mantelliquepanache mantellique comparable aux points chaudspoints chauds terrestres. Les données satellitaires du volcan suggèrent donc la présence de roches volcaniquesroches volcaniques chimiquement non altérées, ce qui suppose un âge relativement jeune pour ces roches, de moins de 2,5 millions d'années.
Des interactions tectoniques et magmatiques intenses
Idunn Mons est situé le long d'un ensemble de fractures et de bassins d’extension qui découpent la croûte de la planète. Comme de nombreux volcans sur Terre, il est donc connecté à un système tectonique, or l'on sait que les interactions entre ces deux types de processus peuvent être particulièrement complexes et couplées. Les études de la surface d'Imdr Regio montrent d'ailleurs que des épisodes de déformation tectoniques alternent avec des éruptions volcaniqueséruptions volcaniques. La région serait tectoniquement active, avec des failles très récentes affectant la surface.
Dans un article publié dans la revue The Planetary Science Journal, des chercheurs ont donc tenté de contraindre l'âge et l'évolution du volcan Idunn Mons et de Imdr Regio en combinant des observations de la géologiegéologie de la surface vénusienne, des données Virtis, des résultats d'études expérimentales et des observations de la circulation atmosphériquecirculation atmosphérique.
Des coulées de lave de moins de 10.000 ans, voire de quelques années seulement, au sommet d’Idunn Mons
Les mesures Virtis sur les flancs et au sommet du volcan suggèrent la présence de matériaux volcaniques frais et non altérés datant de moins de 2,5 millions d'années. Cependant, les données Virtis se basant sur le degré d'altération des roches, il a été nécessaire de savoir à quelle vitessevitesse ces roches s'altèrent au contact de l'atmosphère caustique de Vénus pour contraindre plus précisément l'âge des dernières coulées de basaltebasalte.
Les auteurs de l'étude ont ainsi réalisé des expériences en laboratoire reproduisant les conditions de la surface de Vénus. Les expériences d'oxydation des basaltes suggèrent que les coulées de lavelave les plus récentes n'auraient au minimum que quelques années et au maximum 10.000 ans. Autrement dit, Idunn Mons serait un volcan actif. Les données géomorphologiques montrent également plusieurs effondrementseffondrements de la calderacaldera au sommet du volcan, suggérant la présence d'un réservoir magmatique peu profond. Ceci est en accord avec le fait que le volcan n'en serait qu'au début de son histoire géologique et que de nouveaux épisodes volcaniques devraient avoir lieu dans le futur.
Pour appuyer leurs données, les auteurs montrent la présence d'une décélération du ventvent au-dessus de Imdr Regio. Bien que le lien entre cette observation et un volcanismevolcanisme actif n'ait pas encore été prouvé, il est possible que les deux types d'événements soient liés.
Toutes ces données suggèrent qu'une activité volcanique est en cours sur la planète au niveau d'Idunn Mons et qu'elle serait liée à la remontée d'un panache mantellique, similaire à un point chaud.
Vénus aurait au moins 37 volcans actifs en éruption
En modélisant sur ordinateurordinateur la formation de zones volcaniques sur Vénus, appelées des coronae, un groupe de planétologues est arrivé à une intéressante conclusion en étudiant les images radar de 37 de ces structures. Les simulations suggèrent que leurs formes impliquent qu'elles sont récentes et peut-être encore, le lieu d'éruptions aujourd'hui.
Article de Laurent SaccoLaurent Sacco publié le 21 juillet 2020
De nombreux passionnés de volcanologie rêvent sans doute d'admirer les éruptions volcaniques sur Io, la lunelune de JupiterJupiter. Sans doute aussi, pensent-ils au temps où les volcans martiens et lunaires étaient, eux aussi, actifs et après-tout, nous ne sommes pas certains que certains d'entre eux ne puissent pas reprendre vie sous les yeuxyeux de l'humanité.
Il est une autre planète où le volcanisme semble avoir été actif encore récemment, au moins à l'échelle des temps géologiqueséchelle des temps géologiques sur Terre, et dont on se demande même s'il ne l'est pas encore en ce moment même. Il s'agit bien sûr de Vénus, que l'on appelle parfois la sœur de la Terre en raison de sa taille et de sa masse comparables à celles de la Planète bleue.
La cartographie radar de sa surface par la sonde Magellan au début des années 1990 a en effet montré qu'elle avait un très faible taux de cratérisation. Or, depuis les missions lunaires ApolloApollo qui ont permis de ramener des échantillons du sol lunaire et de les dater, on a pu établir une corrélation entre le taux de cratérisation d'un terrain planétaire et son âge, étant attendu que le taux de bombardement par des petits corps célestes est en baisse exponentielle, ou presque, depuis la naissance des planètes il y a environ 4,5 milliards d'années.
Un documentaire sur la mission Magellan en 1990. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa
Les coronae vénusiennes, des points chauds volcaniques ?
Dans le cas de Vénus, la méthode implique que sa surface est très jeune, avec un âge inférieur à 1 milliard d'années. Elle semble avoir été formée par un volcanisme colossal dont les manifestations sur Terre sont des volcans boucliers, mais aussi d'autres structures nommées coronae -- le mot est emprunté au latin corona pour « couronne » au singulier.
En fait, les planétologues qui étudient Vénus connaissent depuis le début des années 1980, l'existence de ces formations circulaires à ovoïdes de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre, marquées extérieurement par de nombreuses failles. En effet, elles avaient été identifiées en 1983 par les sondes soviétiques VeneraVenera 15 et Venera 16, toutes les deux équipées d'un radar à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture qui a permis de cartographier la morphologiemorphologie d'une partie de la planète avec une résolutionrésolution déjà comprise en 1 et 2 km.
Encore de nos jours, on pense que les coronae de Vénus résultent de la remontée de panaches mantelliques dans le manteaumanteau de la planète, analogues à ceux sur Terre à l'origine des points chauds formant les îles Hawaïennes ou l'Islande. On pensait aussi jusqu'à présent que ces coronae étaient sans doute relativement anciennes mais une publication dans Nature Geoscience provenant du travail d'une équipe internationale de chercheurs de l'université du Maryland (UMD) et de l'Institut de géophysique de l'ETH Zurich, en Suisse, suggère qu'il en est tout autrement pour au moins 37 coronae.
On peut en prendre la mesure avec les commentaires de Laurent Montési, professeur de géologie à UMD et coauteur de l'article de Nature Geoscience.
« C'est la première fois que nous pouvons pointer vers des structures spécifiques et dire "Regardez, ce n'est pas un volcan ancien mais un volcan actif aujourd'hui, peut-être en sommeilsommeil, mais pas mort". Cette étude change considérablement la vision de Vénus, la transformant de celle d'une planète essentiellement inactive à celle d'une planète dont l'intérieur est toujours en train de bouillonner et peut nourrir de nombreux volcans actifs ».
C'est une déclaration très encourageante mais elle est sans doute à prendre avec un peu de recul. En effet, il ne s'agit encore nullement d'observations directes d'éruptions volcaniques actuelles. Les chercheurs ont simplement fait une modélisationmodélisation plus précise du comportement thermomécanique supposé du manteau et de la croûtecroûte de Vénus alors qu'un panache de magmamagma remonte des profondeurs, perce la surface en donnant des laves qui s'écoulent sous la pression d'environ 90 barsbars de l'atmosphère vénusienne.
© NASA / JPL / USGS
Des simulations qu'il reste à confirmer par de nouvelles missions vénusiennes
Il s'agissait de mieux comprendre les processus exacts donnant des coronae à partir de la remontée à travers le manteau de vénus de diapirsdiapirs de matièrematière chaude afin de contribuer à trancher les débats concernant les origines des différences entre les diverses coronae débusquée sous l'atmosphère dense de gaz carboniquegaz carbonique de Vénus par les radars des sondes de la noosphère.
Ce n'est pas la première fois que des exogéophysiciens effectuaient ce type de simulations numériquessimulations numériques dans le même but mais les nouveaux résultats obtenus permettent d'associer une temporalité aux caractéristiques des coronae. Ils pensent mieux comprendre leur évolution et les observations les concernant semblent nettement impliquer que les structures contemplées ne peuvent être que récentes. Elles seraient si récentes que les volcans associés seraient encore actifs et donc peut-être en éruptions en ce moment, ce qui impliquerait que l'intérieur de Vénus est bien encore chaude et convective.
Mais, encore une fois, il ne s'agit pas de preuves directes, indiscutables, de la présence d'éruptions actuellement sur Vénus. Il y a quelques mois, à la suite d'une publication argumentant que ces éruptions pourraient tout de même exister, Futura avait demandé l'avis de la célèbre planétologue Rosaly Lopes ; cette dernière étudie les volcans du Système solaireSystème solaire comme on peut le voir dans l'article ci-dessous et nous avait alors confié :
« Je pense que nous sommes beaucoup plus proches d'une acceptation d'un volcanisme actif sur Vénus, mais nous devons encore obtenir une preuve indiscutable. Espérons qu'une nouvelle mission retournera à Vénus dans un avenir pas trop lointain ».
Or, justement, la NasaNasa et l'Esa étudient ce genre de mission, dans le premier cas, elle s'appelle Veritas, et dans le second, EnVision. La première est prévue à l'horizon 2025, la seconde 2032.
Une vue d'artiste de la mission EnVision. © Thomas Widemann
Vénus : de la lave coulerait toujours de ses volcans
Article de Laurent Sacco publié le le 11/01/2020
Des coulées de lave pourraient s'être produites sur Vénus il y a quelques années seulement. Cette possible découverte est prise très au sérieux par la célèbre planétologue Rosaly Lopes qui étudie les volcans du Système solaire, comme l'a expliqué à Futura la chercheuse du Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory. À quand des missions équivalentes aux sondes Venera russes pour nous montrer des éruptions vénusiennes en direct ?
On doit la découverte de l'atmosphère de Vénus au polymathe russe Mikhaïl Vassilievitch Lomonossov lorsqu'il fit l'observation de son transit devant le Soleil en 1761 depuis l'observatoire de Saint-Pétersbourg. Son existence était déduite de la mise en évidence d'un effet de réfractionréfraction de la lumièrelumière solaire à ce moment-là qui ne pouvait s'expliquer que par la présence d'une épaisse atmosphère... pour le malheur des astronomesastronomes et des planétologues.
Il fallut en effet attendre le début des années 1960 pour que des informations sur sa surface soient enfin obtenues à l'aide d'ondes radar capables de percer cette atmosphère. Ce sont encore les Russes qui vont fournir les premières images de la surface de Vénus grâce au légendaire génie et talent de leurs ingénieurs, à l'occasion en particulier des missions Venera 9, 10, 13 et 14 (Mattias Malmer a produit des images en VRVR d'un des atterrisseurs de ces missions à partir des images qu'elles ont prises, comme on peut le voir sur son compte TwitterTwitter ci-dessous) qui n'ont malheureusement pas résisté longtemps aux conditions infernales de la surface de Vénus. Les images montraient clairement des sols volcaniques. Cette conclusion n'a été que renforcée par la première cartographie radar complète à relativement haute résolution de l'étoile du Bergerétoile du Berger dressée à l'aide de la sonde Magellan de la Nasa, à partir de 1990 et pendant les quelques années de sa mission qui a pris fin en 1994.
Depuis, les spéculations vont bon train quant à savoir si les structures incontestablement de type volcaniques mises en évidence et étudiées, de vastes plaines de lave, des champs de petits dômes de lavedômes de lave et des grands volcans boucliers en abondance, sont encore le lieu d'éruptions volcaniques. Il y a en effet peu de cratères d'impact, ce qui suggère que toutes ces structures de surface sont récentes d'un point de vue géologique. Elles devraient être âgées de moins de 800 millions d'années.
Or justement, une équipe de géologuesgéologues et de planétologues vient de publier un article dans Science Advances qui apporte des éléments supplémentaires en faveur de la thèse de ceux qui pensent que de la lave coule toujours aujourd'hui encore sur la surface de Vénus, ou pour le moins que des éruptions se sont produites il y a quelques années seulement. Mais comment les chercheurs sont-ils arrivés aujourd'hui à cette conclusion que des volcans crachaient très probablement encore de la lave sur Vénus ?
L'olivine s'altère rapidement sur Vénus
Comme Futura l'expliquait dans un des précédents articles ci-dessous, il y a environ 10 ans, la sonde Venus Express avait révélé que le sommet de Idunn Mons, qui ressemble à un édifice volcanique, était anormalement chaud. Les images montraient de plus des structures laissant penser qu'il pouvait s'agir de coulées de lave encore en train de refroidir, mais l'absence de détails montrant l'œuvre de l'érosion permettait seulement d'en conclure qu'elles s'étaient mises en place il y a moins de 2,5 millions d'années.
Une observation apparaît aujourd'hui comme capitale. Les instruments de la sonde de l'ESA avaient montré qu'au somment de Idunn Mons on pouvait détecter la présence d'un minéralminéral bien connu sur Terre dans certaines roches volcaniques, de l'olivineolivine. Or, les expériences qu'ont menées les chercheurs sur la vitesse d'altération de ce minéral en laboratoire, mais qui ne reproduisaient pas directement l'atmosphère vénusienne dominée par du CO2 avec les traces de soufresoufre, le tout à des températures de l'ordre de 460 °C et des pressions de 92 bars, ont tout de même montré indirectement que dans ces conditions, l'olivine se transformait complètement en d'autres oxydes de fer, à savoir la magnétitemagnétite (Fe3O4) et l'hématite (Fe2O3), et ce en quelques années tout au plus.
Clairement, il est difficile, en l'état actuel des recherches, d'échapper à la conclusion que si les instruments de Venus Express voyaient encore de l'olivine au sommet de Idunn Mons, c'est que l'on était bien en présence de coulées de basaltes, qui se sont mises en place tout au plus quelques années également avant les mesures de la sonde européenne. Cette conclusion est renforcée lorsque l'on se souvient que des pointes épisodiques de dioxyde de soufre dans l'atmosphère de vénus ont été mesurées respectivement par les sondes Pioneer Venus OrbiterOrbiter (1984) et Venus Express. Des telles pointes s'expliquent bien par l'occurrence d'importantes éruptions volcaniques.
Si tel est le cas, Vénus et la Terre, et bien sûr la lune IoIo de Jupiter, montreraient une fois de plus que le volcanisme actif est un phénomène important pour bien des planètes dans le Système solaire. Cela donne à rêver du spectacle qu'il est peut-être possible à des volcanologuesvolcanologues de contempler à la surface de Vénus, qui est bien plus marquée par le volcanisme que la Terre. Mais à quel point peut-on prendre au sérieux l'article publié aujourd'hui ?
Des volcans actifs partout dans le Système solaire ?
Pour le savoir, Futura a demandé l'avis de la célèbre planétologue et volcanologue de la Nasa Rosaly Lopes. En tant que membre de la mission GalileoGalileo autour de Jupiter, elle a été responsable des observations en infrarouge de sa lune volcanique, Io, de 1996 à 2001, y découvrant 71 volcans actifs, un record pour un volcanologue. Elle a rejoint ensuite la mission Cassini pour étudier en particulier la géologie et l'habitabilité potentielle de TitanTitan. On lui doit plusieurs livres sur les volcans dont un préfacé par Arthur Clarke.
Une interview de Rosaly Lopes, planétologue et volcanologue au Jet Propulsion Laboratory. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa Solar System
Voici les commentaires de Rosaly Lopes :
« C'est très excitant ! Nous avons maintenant plusieurs indications que Vénus peut encore être volcaniquement active, ou l'était récemment. Mais nous n'en avons encore aucune preuve indiscutable. Il nous faudrait voir une signature thermique ou un changement de surface.
Il existait également des indications que Io était volcaniquement active avant que Voyager ne découvre ses panaches, et avant que son volcanisme ne soit prédit par Peale et al. dans un article paru quelques semaines avant la rencontre avec Voyager. Avant cela, il y avait eu des observations d'une augmentation de l'émissionémission thermique sur Io et la détection de soufre. Cependant, l'hypothèse de l'existence d'un volcanisme actif sur Io était considérée comme trop spéculative, donc pas acceptée jusqu'à la découverte de Voyager.
Je pense que nous sommes beaucoup plus proches d'une acceptation d'un volcanisme actif sur Vénus, mais nous devons encore obtenir une preuve indiscutable.
Espérons qu'une nouvelle mission retournera à Vénus dans un avenir pas trop lointain. »
Une nouvelle mission russe qui, peut-être, sera menée conjointement avec la Nasa, est justement envisagée depuis un certain temps. Mais elle est encore dans les cartons. Son nom est Venera D. À la base, cette mission se propose de faire à nouveau atterrir une sonde sur Vénus, mais avec un temps de vie que l'on espère beaucoup plus long, à savoir des jours, voire des semaines, au lieu de quelques heures (le D fait d'ailleurs référence à un mot russe, « dolgozhivushaya » phonétiquement, qui signifie « longue vie »).
En bonus, un dirigeabledirigeable flotterait dans l'atmosphère de Vénus à moins qu'il ne s'agisse d'un drone volant, ce serait plus spectaculaire et plus intéressant, le concept est étudié depuis un certain temps par Northrop Grumman. Il s'agirait en fait d'une sorte d'avion gonflable à l'hydrogènehydrogène ou à l'héliumhélium baptisé Vamp (Venus Atmospheric Maneuverable Platform).
Une collection d'images prises par les sondes Venera de la surface de Vénus. © Soviet Space Program (Космическая программа СССР)
Un documentaire russe sur les missions Venera 9 et 10. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en russe devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Soviet Space Program (Космическая программа СССР)
Les volcans de Vénus seraient toujours actifs (MAJ)
Article de Laurent Sacco publié le 28/10/2016
Des coulées de lave pourraient bien avoir eu lieu récemment sur Vénus, il y a moins d'un million d'années. Des chercheurs ayant comparé les données des sondes Magellan et Venus Express le confirment. L'activité volcanique de la planète pourrait même encore se poursuivre actuellement.
Lorsque la sonde Magellan a fourni une cartographie relativement précise de la surface de Vénus, il est apparu clairement que sa surface n'était pas criblée de cratères, comme le sont celles de MercureMercure, Mars et la Lune. En revanche, des traces d'une activité volcanique importante étaient visibles, ce qui n'est pas vraiment surprenant puisque Vénus est d'une taille comparable à celle de la Terre et qu'elle devrait donc posséder des réserves de chaleurchaleur encore importantes. Mais les volcans détectés sont-ils toujours actifs aujourd'hui ?
En 2010, les observations effectuées par la sonde Venus Express, de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), avaient révélé que le sommet de Idunn Mons, qui ressemble à un édifice volcanique, était anormalement chaud. Les premières études approfondies laissaient penser qu'il pouvait s'agir de coulées de lave encore en train de refroidir. L'absence de détails montrant l'œuvre de l'érosion, on pouvait en conclure qu'elles s'étaient mises en place il y a moins de 2,5 millions d'années et peut-être même il y a moins de 250.000 ans.
Mais ces coulées de lave existaient-elles vraiment ? Les observations de Venus Express sont sujettes à caution. Des membres du Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautiqueastronautique (en allemand Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt, plus connu sous son abréviation DLRDLR) ont donc voulu en avoir le cœur net, comme l'annonce un communiqué du DLR. Les chercheurs ont, pour cela, analysé à l'ordinateur la topographie de Idunn Mons obtenue avec les données plus précises de la carte de Vénus fournie par les observations de la sonde Magellan et l'ont rapprochée des mesures de la sonde européenne.
Cinq coulées de lave semblent bel et bien exister sur le volcan selon les données de Magellan et elles coïncident au mieux avec les anomalies thermiques détectées par Venus Express. Compte tenu des pics de dioxyde de soufre détectés depuis quelques années par la sonde de l'ESA dans l'atmosphère de Vénus (une signature possible d'éruptions), il devient donc de plus en plus probable que l'activité volcanique de la sœur de la Terre soit en train de se poursuivre.
L'activité volcanique de Vénus serait récente
Article initial de Laurent Sacco publié le 13/04/2010
La cartographie de la surface de Vénus montre des traces indéniables d'une activité volcanique copieuse. Est-elle récente ? Peut-elle se poursuivre actuellement ? Les résultats de la sonde européenne Venus Express conduisent à répondre « oui » aux deux questions.
L'atmosphère de Vénus est particulièrement dense et opaque dans le domaine visible, rendant longtemps impossible l'observation de sa surface. Les rares sondes qui ont atterri sur la planète n'ont pu y survivre que quelques dizaines de minutes à deux heures et leurs images sont elles aussi restées longtemps peu significatives. Ce n'est que récemment que les photos prises par Venera 13 ont pu être exploitées pour donner un aperçu des paysages de Vénus.
Pourtant, nous connaissons plutôt bien la topographie de Vénus depuis des dizaines d'années et cela grâce au radar équipant la sonde américaine Magellan, restée en orbite autour de la planète de 1990 à 1994. À l'aide de puissants ordinateurs, il a même été possible de simuler un survol de la planète à partir des relevés effectués par la sonde.
Une caractéristique étonnante de la surface de Vénus est son très faible taux de cratérisation, ce qui implique qu'elle est très jeune. En outre, d'impressionnantes formations d'origine volcanique, comme des volcans boucliers, des pancakes en forme de crêpes et d'autres structures nommées corona et novanova, indiquent une forte activité volcanique ayant récemment remodelé la surface de Vénus.
Constituée de roches volcaniques à 85 %, la surface de Vénus semblait accuser un âge inférieur à 1 milliard d'années d'après les premières estimations. Mais la fraîcheur des structures géologiques, comme celles montrant des flots de lave, laissait supposer à beaucoup un âge inférieur à 100 millions d'années pour plusieurs régions. D'autres allaient plus loin et n'hésitaient pas à évoquer une activité volcanique se poursuivant de nos jours.
Des roches toutes neuves
Les données de la sonde européenne Venus Express semblent aujourd'hui favoriser les hypothèses des planétologues les plus optimistes. En effet, les observations effectuées à l'aide du Visible and Infrared Thermal Imaging Spectrometer (Virtis) équipant la sonde en orbite autour de Vénus depuis avril 2006 permettent d'estimer la composition des roches de la surface la planète.
Les chercheurs se sont récemment concentrés sur l'étude de zone volcanique similaire à celles que l'on trouve sur Terre avec les volcans d'Hawaï dont on connaît l'activité presque continuelle.
Ils ont ainsi découvert qu'au sommet de Idunn Mons (46°S, 214,5°E), localisé dans la région de Vénus appelée Imdr Regio, la composition des roches ne ressemblait pas à celles environnantes, exactement comme ce serait le cas sur Terre à proximité d'une coulée de lave récente. Ainsi, les roches fraîches provenant de la cristallisation d'un magma ayant rejoint la surface de la planète n'auraient pas encore eu le temps de voir leur composition altérée par le contact avec l'atmosphère de Vénus.
Si l'on en croit les chercheurs, ces observations posent une nouvelle borne à l'âge du sommet de Idunn Mons. La coulée de lave qui s'y trouve serait là depuis 250 millions d'années au plus et serait même probablement plus jeune encore puisque les résultats indiquent aussi un âge minimum de 2.500.000 ans.
De quoi renforcer la conviction que de prochaines missions d'exploration de la surface de Vénus devraient être capables de surprendre des éruptions volcaniques...