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Une vue d'artiste de la jeune étoile TYC 8241 2652 venant de perdre son disque de poussière. Une planète y est visible encore en formation. Cette planète est hypothétique. © Gemini Observatory-Lynette Cook.
Devant la mystérieuse disparition du disque de poussières entourant l'étoile TYC 8241 2652, on peut se demander s'il ne s'agit pas là de la signature de la présence d'une civilisation extraterrestre, ou d'une sonde de Von Neumann autoréplicatrice, exploitant ces poussières. Une explication moins exotiqueexotique est sans doute plus probable... mais, pour le moment, elle fait défaut. Les astrophysiciensastrophysiciens ont tout de même quelques idées.
Mais pourquoi en vient-on à envisager, en dernier recours, des explications aussi insolites dans le cas d'une jeune étoile âgée de 10 millions d'années tout au plus et située à environ 460 années-lumière dans la constellation du Centaure ?
En 1983, le satellite Infrared Astronomical Satellite (Iras) de la Nasa, précurseur de Spitzer, avait détecté un disque de poussières autour de TYC 8241 2652 dans une région qui correspondrait, dans le Système solaire, à celle de la formation des planètes rocheusesplanètes rocheuses.
Une vue d'artiste du disque de poussière autour de TYC 8241 2652. Une planète (hypothétique) y est visible encore en formation, bombardée par des petits corps célestes qui eux-mêmes entrent en collision. C'est un disque de débris. © Gemini Observatory-Lynette Cook
Vu la jeunesse de l'étoile et sa proximité, il s'agissait donc d'un bon laboratoire pour étudier l'enfance du Système solaire, c'est-à-dire plus précisément l'époque où, juste après la dissipation du disque protoplanétairedisque protoplanétaire riche en gazgaz, un disque de débris avait pris place dans lequel les planètes terminaient de se former par accrétionaccrétion.
TYC 8241 2652 et son disque de débris faisaient donc l'objet, depuis plus de 25 ans, d'observations régulières. Surprise : de 2008 à 2010, notamment avec le satellite Wise, les chercheurs ont constaté une disparition de ce disque, comme ils l'expliquent dans un article de Nature.
Situé à une distance de son étoile correspondant à celle de Mercure par rapport au SoleilSoleil, le disque de poussières, dont la température était de 180 °C, n'était toujours pas réapparu en mai 2012 lorsque les instruments du télescopetélescope Gemini ont cherché sa présence.
TYC 8241 2652, un laboratoire pour étudier la formation des planètes
Les jeunes étoiles étant instables, on pourrait faire l'hypothèse qu'une brusque éruption importante ait balayé ce disque de poussières. Mais une telle tempêtetempête stellaire aurait dû laisser des traces, or nous n'en avons pas. Il existe peut-être des instabilités encore incomprises dans les disques de poussières des systèmes planétaires en formation. Mais si tel est le cas, c'est aussi surprenant, d'après les chercheurs, que d'imaginer que les anneaux de Saturne puissent brusquement disparaître en moins de 2 ans.
Aucune théorie de la formation des systèmes planétaires ne prédit un tel phénomène et il est bien difficile d'en bâtir une qui soit crédible. Si l'on imagine que le disque s'était formé suite à une collision entre planètes, comme lors du scénario proposé pour expliquer la formation de la Lune, cette observation est peut-être une nouvelle preuve de la violence et de la rapiditérapidité des phénomènes dans le Système solaire en formation. Peut-être qu'à cette époque aussi des disques se formaient et disparaissaient rapidement. Si c'est le cas, d'autres disparitions rapides devraient être observables autour des étoiles dans une situation similaire, et que l'on connaît déjà.
On peut toujours rêver, en spéculant, que ce sont là les traces de l'activité d'une civilisation extraterrestre proche utilisant les poussières du disque comme matériaux pour construire, par exemple, une nouvelle sphère de Dyson lors de son processus d'expansion galactique. Si tel est le cas, étant donné la proximité de TYC 8241 2652, on ne devrait pas tarder à le savoir...