Pour ses 50 ans, l’ESO s’offre un beau cadeau : le plus grand télescope terrestre au monde qui observera le ciel dans le visible et l’infrarouge. Ses dirigeants ont donné le feu vert à la construction d’un télescope géant, l'E-ELT, de plus d'un milliard d’euros qui promet bon nombre d’avancées spectaculaires dans l’astronomie.

Réunies en conseil ce lundi, les instances dirigeantes de l'ESO (European Organisation for Astronomical Research in the Southern Hemisphere) ont approuvé le programme du télescope géant européen E-ELT (pour European Extremely Large Telescope). Avec son miroir segmenté de 39,3 m, il sera le télescope terrestre fonctionnant dans le visible et le proche infrarouge le plus grand au monde. Ses observations devraient débuter au début de la prochaine décennie.

Ce géant sera construit au Chili, à plus de 3.000 m d'altitude, au sommet de la montagne Cerro Armazones dans la région d'Antofagasta, au centre d'une zone protégée de 550 km2. Il s'élèvera à quelque 20 km à vol d'oiseau de Paranal où se situe déjà le Very Large Telescope (VLT). Ce site offre des conditions d'observation du ciel exceptionnelles. Avec près de 320 nuits claires par an, un taux d'humidité et une stabilité atmosphérique remarquables, ce site permet également d'envisager d'importantes synergies avec d'autres instruments de ce gabarit de l'hémisphère sud (Alma, Square Kilometric Array).

L’E-ELT sera composé d’un miroir principal de 906 segments hexagonaux, d’un miroir secondaire de 6 m de diamètre et de trois autres miroirs. © ESO

L’E-ELT sera composé d’un miroir principal de 906 segments hexagonaux, d’un miroir secondaire de 6 m de diamètre et de trois autres miroirs. © ESO

E-ELT : au-delà du premier milliard d'années après le Big Bang

Ce télescope devrait être construit en moins de 10 ans. Si la pose de la première pierre n'est pas pour tout de suite, les travaux d'accès au sommet devraient démarrer dès cette année tout comme ceux nécessaires au nivellement du sommet où sera installé l'E-ELT. Quant à savoir comment construire un tél télescope, nous invitons à relire notre article publié en septembre 2010 : « L’E-ELT et son miroir de 42 mètres : un casse-tête technologique ».

Pour résumer les objectifs scientifiques de ce télescope, on peut dire que cet instrument sera en mesure de voir au-delà du premier milliard d'années après le Big Bang, le « mur » sur lequel butent les astronomes aujourd'hui. Comme nous l'expliquait Jean-Gabriel Cuby du laboratoire d'Astrophysique de Marseille, le « Monsieur ELT-France », on s'attend à des « avancées significatives dans de nombreux domaines », de l'étude « des exoplanètes, des trous noirs, des galaxies distantes, à la recherche sur des questions fondamentales comme la nature de la matière et de l'énergie noire ou encore la physique des premiers instants ».