NGC 2264, l'un des objets célestes les plus photographiés, n'avait sans doute jamais été aussi bien mis en valeur que sur une très longue pose réalisée par l'astronome amateur allemand Rolf Geissinger.

au sommaire

  • À lire aussi

Certaines constellations cachent bien leur jeu. Prenez la discrète Licorne : composée d'étoiles faiblement lumineuses, sa position à l'est de la célébrissime constellation d'Orion n'en fait à priori pas une destination de choix pour les possesseurs de télescopes. Beaucoup préfèrent en effet se tourner vers la nébuleuse d'Orion, Messier 42, dont la réputation n'est plus à faire, et qu'une simple paire de jumelles révèle déjà au regard émerveillé de l'astronome débutant.

Dans la constellation de la Licorne (qu'on localisera en partant de Sirius, la plus brillante étoile du ciel, et en se dirigeant vers le pôle Nord céleste), point de nébuleuse spectaculaire. Juste quelques objets célestes discrets qui ne révèlent leur beauté qu'aux astrophotographes les plus talentueux. C'est le cas par exemple pour la nébuleuse de la Rosette (NGC 2237), une jolie fleur céleste située à 5.000 années-lumière, dont les pétales d'hydrogène sont ionisés par le rayonnement des jeunes étoiles de l'amas NGC 2244.

NGC 2237, la nébuleuse de la Rosette, est l'un des joyaux de la constellation de la Licorne. © <a href="http://www.astrosurf.com/jousset/" title="Marc Jousset" target="_blank">Marc Jousset</a>

NGC 2237, la nébuleuse de la Rosette, est l'un des joyaux de la constellation de la Licorne. © Marc Jousset
Poser longtemps...

Pour admirer NGC 2237, un observateur regardant à l'intérieur d'un télescope, aussi grand soit-il, ne verra que des volutes grises. Face aux faibles lumières, ce sont les bâtonnets placés en périphérie de notre œil qui entrent en action : à la différence des cônes qui perçoivent la couleur, les bâtonnets, beaucoup plus sensibles, fournissent une image noir et blanc. Une vision bien terne qui laisse les astronomes sur leur faim quand il s'agit d'admirer la profusion de couleurs qu'offrent certaines régions célestes. Seule façon de distinguer la couleur sanguine des faibles volutes de gaz ionisé : réaliser de longues poses photographiques qui permettront d'accumuler un grand nombre de photons sur le capteur électronique de la caméra.

Une autre merveille nichée dans la constellation de la Licorne illustre parfaitement cette situation. Il s'agit de NGC 2264, la nébuleuse du Cône, découverte par l'astronome germano-britannique William Herschel en 1785. Même recette que pour la Rosette et mêmes effets : une région H II située cette fois-ci à 2.500 années-lumière est illuminée par le rayonnement ultraviolet d'un amas d'étoiles. Un monde chatoyant s'étendant sur plusieurs dizaines d'années-lumière où les délicates draperies rouges des nébuleuses par émission s'entremèlent aux nuages sombres de poussière interstellaire.

Il aura fallu tout le talent de Rolf Geissinger et surtout 14 heures de poses cumulées avec un télescope de 30 centimètres de diamètre pour parvenir à révéler la beauté et la complexité de cette région céleste.