Le LBT, télescope composé d'une gigantesque paire de jumelles astronomiques, vient enfin d'entrer en service après des années de retard. Il a obtenu pour la première fois une image combinée à partir de ses deux télescopes jumeaux.
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Dans la famille des télescopes géantstélescopes géants, le LBT est un concept à part. Il associe sur la même monture deux miroirs géants de 8,4 mètres de diamètre ayant chacun une très grande ouverture (un rapport focalefocale/diamètre de 1,14). Cette ouverture a pour but de réaliser un interféromètre (le LBTI) dont la résolutionrésolution serait équivalente à celle d'un télescope de 23 mètres de diamètre. C'est en quelque sorte la synthèse entre l'ultrarapide télescope LSST, dont il a la luminositéluminosité, et le VLTI dont il utilise le principe de combinaison des images par interférométrie.
L'histoire du LBT est loin d'être un long fleuve tranquille. Né d'une collaboration entre les communautés astronomiques américaine, italienne et allemande, son inauguration en octobre 2004 n'a pu se faire qu'après une longue bataille juridique.
La construction du BLT : une cascade d'interruptions
Installé au sommet du mont Graham en Arizona à 3.267 mètres d'altitude, il s'était en effet attiré les foudresfoudres d'une tribu ApacheApache pour qui le lieu était sacré ; quant aux écologistes ils refusaient de voir menacé ce site connu pour abriter un écureuilécureuil rouge en voie de disparition. De 1996 à 2004, les travaux de constructionconstruction furent interrompus également par deux gigantesques incendies de forêt.
Quand en 2005 le premier des télescopes jumeaux fut capable de fournir de superbes images, les scientifiques pensèrent qu'ils étaient enfin sur la bonne voie. Leur joie fut de courte durée avec l'annonce peu de temps après par la Nasa de sa nouvelle Vision for Space Exploration, préconisant un retour de l'Homme sur la LuneLune vers 2018 et le gelgel d'un certain nombre de projets de recherche, dont le LBTI faisait partie. Le BLTI, étape suivant l'achèvement du BLT, consistait à développer la partie interférométrique en vue de combiner les images des deux télescopes. Après cinq nouvelles années de retard, c'est désormais chose faite.
Voici la plus grosse paire de jumelles jamais réalisée ! © LBT
Un télescope virtuel de 23 mètres de diamètre
Installés sur une monture azimutalemonture azimutale semblable à celle du Gran Tecan, les deux miroirs de 8,4 mètres de diamètre en verre borosilicaté sont espacés d'un peu plus de 14 mètres. Le coulage de ces deux disques de verre s'est déroulé de la même manière que dans le cas du LSSTLSST. Chaque télescope a également été doté d'un système d'optique adaptative compensant en temps réel les turbulencesturbulences atmosphériques. Une fois les problèmes optiques et mécaniques résolus, les techniciens se sont penchés sur la réalisation de la partie dédiée à l'interférométrie.
Cette technique consiste en théorie à mélanger la lumièrelumière provenant d'au moins deux télescopes, pour obtenir la résolution d'un instrument dont le diamètre est équivalent à l'écartement entre les différents télescopes. La mise en pratique de ce concept séduisant est assez délicate, car la lumière que l'on veut mélanger doit avoir parcouru exactement la même distance, ce qu'on obtient en réalisant des lignes à retard. C'est cette technique interférométrique qui a été utilisée par exemple pour reconstituer dernièrement l'image d'un disque autour d'une étoile massive à l'aide du VLTIVLTI.
Comme son grand frère chilien, le LBTI va se consacrer à l'étude des disques de poussière autour des étoilesétoiles, en vue d'y rechercher des exoplanètesexoplanètes. Symboliquement, son interféromètre a été testé avec succès début décembre sur Beta Pictoris, cette étoile de la constellationconstellation australe du Peintre, autour de laquelle on a découvert le premier disque de poussière en 1984. Pour Tom McMahon de l'université d'Arizona qui résume bien l'aventure de cet instrument, « il aura fallu du temps pour réaliser le LBTI, il est temps maintenant de faire de la science ».