L'un des plus étranges satellites de Saturne, Japet, est ceinturé d'un intriguant bourrelet montagneux. Selon une équipe de chercheurs américains, la destruction d'un petit corps en orbite autour du satellite pourrait expliquer cette anomalie topologique.


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    Japet, la troisième lune de SaturneSaturne par la taille (avec un diamètre moyen de 1.472 kilomètres) a été découverte en 1671 par l'astronomeastronome Jean-Dominique CassiniJean-Dominique Cassini. En 2007, tout le monde attendait beaucoup du survolsurvol rapproché du satellite par la sonde Cassini, un honneur auquel n'a eu droit jusqu'à présent que le très médiatique TitanTitan. En faisant du rase-motte, la sonde américaine a réalisé d'étonnantes images de cette lune. Les scientifiques étaient très curieux d'obtenir des vues détaillées des deux hémisphères si différents, l'un noir comme du charboncharbon et l'autre blanc comme neige. Ils ont peut-être un début d'explication pour cette énigme : la face sombre de Japet étant celle qui est à l'avant du satellite lorsqu'il se déplace sur son orbite, elle a peut-être capturé les poussières libérées par d'autres lunes de Saturne. En s'assombrissant, cette face deviendrait moins froide que l'autre (elle absorbe une plus grande partie du rayonnement solairerayonnement solaire) et vaporiserait lentement la glace d'eau qui se maintiendrait mieux sur l'autre face, expliquant les paysages neigeux observés par Cassini.

    Restait à expliquer la présence d'un renflement équatorial unique dans le Système solaire, qui fait ressembler JapetJapet à une coquille de noixnoix. Sur près de 1.300 kilomètres de long, on observe en effet une montagne haute de 13 kilomètres et large de 20, que montrent remarquablement les gros plans réalisés par la sonde de la Nasa.

    Avec son renflement équatorial, Japet fait penser à une coquille de noix. © Nasa/JPL/SSI Gordan Ugarkovic

    Avec son renflement équatorial, Japet fait penser à une coquille de noix. © Nasa/JPL/SSI Gordan Ugarkovic

    Un satellite autour d'un satellite

    Plusieurs explications ont été avancées pour tenter de justifier le renflement équatorial de Japet. Reste d'une époque où le satellite chaud et ramolli tournait rapidement sur lui-même avant de se refroidir et de durcir, remontée à la surface d'un matériau gelé ou longue chaîne de volcansvolcans, aucune de ces hypothèses ne satisfaisait pleinement les planétologues.

    Une nouvelle théorie vient d'être proposée par deux chercheurs en sciences planétaires, William B. McKinnon (Université de Washington) et Andrew Dombard (Université de l'Illinois à Chicago). Selon eux la présence d'un ancien petit corps orbitant autour de Japet pourrait avoir produit ce bourrelet. Après avoir été démantelé par les forces de maréesforces de marées exercées par Japet, les restes de ce sous-satellite auraient formé un anneau de débris qui seraient ensuite venus s'écraser sur Japet, les premiers débris creusant des cratères peu à peu comblés puis rehaussés par le reste des matériaux.

    Pour McKinnon et Dombard, cette hypothèse permettrait d'expliquer pourquoi ce renflement est placé uniquement sur l'équateuréquateur, qui est également le plan de rotation de tous les anneaux connus autour d'autres planètes du Système solaire (JupiterJupiter, UranusUranus, Saturne et NeptuneNeptune). D'autre part, les deux chercheurs considèrent que seul Japet aurait pu avoir l'espace orbital nécessaire pour qu'un sous-satellite puisse exister, évoluer et se briser avant de descendre vers sa surface pour y former une crête montagneuse. Un processus qui aurait pu prendre entre 100.000 ans et un milliard d'années suivant la distance où se trouvait ce sous-satellite. McKinnon et Dombard vont maintenant essayer de confirmer leur théorie par des simulations numériquessimulations numériques.