au sommaire
La Lune est observée depuis toujours par les hommes : à l'œilœil nu pendant des millénaires, au télescope depuis 400 ans, in situ depuis quatre décennies. On pourrait penser que notre satellite est désormais parfaitement connu et pourtant il recèle encore bien des mystères. Dernièrement la sonde LROLRO a déniché un trou sur la face cachée, une lucarne qui doit sans doute relier la surface à un ancien tube de lavelave.
Et voilà que l'orbiteur américain vient de survoler Reiner Gamma, une zone très claire qui s'étend sur 70 kilomètres de long dans l'Océan des TempêtesTempêtes et qui fait penser à une sorte de tétard. A vrai dire, les formations brillantes ne manquent pas sur la Lune ; ce sont d'étranges traces claires, des modifications locales du sol. Certaines dessinent des tourbillonstourbillons que les chercheurs appèlent des swirls. L'astronomeastronome-géologuegéologue Jack Schmitt, qui faisait partie de la mission ApolloApollo 17 en 1972, disait que ces formations brillantes étaient ce qu'il y avait de plus impressionnant depuis l'orbite lunaire.
Une simple lunette permet de repérer la zone claire de Reiner Gamma sur le bord lunaire, dans l'Océan des Tempêtes (voir la flèche rouge). Crédit J.-B. Feldmann
Une comète sur la Lune ?
Reiner Gamma étant accessible avec une simple lunette astronomique, les astronomes se mirent à l'observer dès la Renaissance. Ils pensèrent alors qu'il s'agissait d'un cratère dont le fond révélait des matériaux plus clairs mais on sait maintenant que la région est parfaitement plane.
En 2006 la caméra de la sonde européenne Smart-1 s'était déjà tournée vers Reiner Gamma et les astronomes avaient imaginé deux scénarios pour expliquer l'existence de cette formation. La première hypothèse mettait en jeu le champ magnétique mesuré sur le site par les orbiteurs. Selon les chercheurs cette anomalieanomalie magnétique aurait pu préserver le régolithe de l'action du vent solairevent solaire. Celui-ci a en effet tendance à altérer les propriétés spectrales des objets riches en silicatesilicate, provoquant leur assombrissement. C'est ce processus qui est invoqué pour expliquer la brillance de l'astéroïdeastéroïde Vesta.
Mais dans le cas de Reiner Gamma, les matériaux à la surface du sol semblent beaucoup plus récents, ce qui a permis d'échafauder une seconde hypothèse : celle mettant en jeu la chute d'un morceau de comètecomète de faible densité qui aurait modifié les propriétés de la couche supéreure du régolithe.
LRO va poursuivre ses investigations en orbite, à la plus grande joie des planétologues qui s'attendent à de nouvelles surprises concernant un astreastre dont on croyait tout savoir.