C’est une découverte extraordinaire que vient de faire une équipe américano-européenne. Dans la météorite de Murchison, ces chercheurs ont démontré l’origine extraterrestre de précurseurs des briques chimiques de l’ADN et de l’ARN. Une clé pour comprendre l’apparition de la vie sur Terre ?

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Un morceau de la météorite de Murchison. Crédit : Nasa

Un morceau de la météorite de Murchison. Crédit : Nasa

La météorite de Murchison est une star depuis longtemps. Cette chondrite carbonée a explosé en fragments le 28 septembre1969 sur la ville de Murchison, à 200 kilomètres au nord de Melbourne, dans l'Etat de Victoria, en Australie.

L'analyse ultérieure des 82 kg de météorites qui ont été récupérés par les scientifiques de la Nasa a fait l'effet d'une bombe car elle a révélé la présence de 6 acides aminés qui interviennent dans la constitution des protéines de la vie terrestre et de 12 autres qui n'y interviennent pas. Ces molécules se présentaient à équité sous forme dextrogyre et lévogyre, ce qui exclut une contamination d'origine terrestre car les êtres vivants utilisent presque exclusivement la forme lévogyre. En outre, la météorite contenait également des composés hydrocarbonés qui semblent abiogéniques à cause d'un rapport isotopique anormal du carbone, ce qui confirme l'origine extraterrestre de ces matières organiques. Au total, c'est plus de 70 acides aminés qui ont été identifiés dans la météorite de Murchison.

Au début de l'histoire de la Terre, le bombardement météoritique était intense et l'exemple de la météorite de Murchison incite à penser qu'une part importante des molécules de la chimie prébiotique, qui a conduit à la vie, était d'origine extraterrestre. Alors que des océans existaient déjà sur Terre il y a 4,3 milliards d'années, ils auraient été enrichis en molécules organiques par la chute de chondrites carbonées. La même contamination a dû se produire dans les océans de Mars et on a ainsi toutes les raisons de penser que la vie est un phénomène naturel répandu dans l'Univers.

Mais la météorite de Murchison avait encore des surprises en réserve... Depuis plusieurs années, des analyses avaient montré la présence de purines et de pyrimidines, ces bases azotées qui, sur Terre, constituent les chaînes d'ARN et d'ADN. Rien de moins que le matériel génétique !

Des molécules venues d'ailleurs

Mais ne s'agissait-il pas d'une contamination par des molécules d'origine terrestre ? Un groupe de chercheurs, principalement de l'Imperial College en Angleterre, vient de réponde non, après des analyses isotopiques de deux de ces molécules, l'uracile et la xanthine. L'uracile est une base azotée que l'on retrouve dans l'ARN mais pas dans l'ADN (où elle est en quelque sorte remplacée par la thymine). La xanthine, elle, n'est pas un composant de l'ARN ni de l'ADN mais elle est aussi une base de type purique, comme l'adénine et la guanine, dont elle peut dériver par désamination (on enlève un NH2), et qui, elles, sont bien des nucléobases de l'ADN et l'ARN.

Les chercheurs ont mesuré la teneur en carbone 13, un isotope du carbone 12, le plus abondant. L'uracile et la xanthine de la météorite étudiée par Zita Martins et Mark Sephton présentent un excédent en carbone 13 qui indique sans ambiguïté son origine extraterrestre.

 Ces nouveaux résultats montrent que des composés organiques, qui sont des éléments importants du code génétique, étaient déjà présents au début du système solaire et ont probablement joué un rôle clé dans l'apparition de la vie.