au sommaire
Article paru le 21 mai 2016
Tout au long de sa longue histoire, la Terre fut souvent percutée par des astéroïdes ou des comètes de tailles variables. Cela fut même très intense dans un passé lointain, lors du Grand bombardement tardif, il y a entre 4,1 et 3,8 milliards d'années, comme en témoignent les stigmatesstigmates, toujours visibles aujourd'hui, à la surface de la Lune et aussi de Mercure et Mars. Sur notre monde, cependant, ces traces ont été gommées par l'érosion, le volcanismevolcanisme, l'activité tectonique, si bien qu'à sa surface, on ne remarque que les astroblèmes les plus récents à l'échelle géologique.
Depuis plus de 20 ans, le professeur Andrew Glikson, de l'Australian National University, parcourt l'Australie (une terre promise pour ce type de recherches, avec le Canada) sur les traces d'évènements de grande ampleur.
À son actif, entre autres, la découverte en 2015 de ce qui pourrait être le plus grand cratère d’impact connu. Situés dans le bassin de Warburton, en Australie centrale, les indices pointent sur un double astroblème étendu sur plus de 400 km. Sa datation (environ 300 millions d'années) fait cependant débat car on ne peut lui associer d'extinction massive. Cela est très surprenant puisque les deux astéroïdes responsables mesuraient chacun plus de 10 km de diamètre... soit autant que l'impacteur qui a créé le cratère de Chicxulub auquel est imputé la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d'années (limite CrétacéCrétacé-Tertiaire).
Andrew Glikson et Arthur Hickman ont découvert des sphérules (de petites billes de verre formées à partir de matière vaporisée lors d’un impact violent) dans des forages réalisés à Marble Bar, en Australie. © A. Glikson, Australian National University
Un des plus vieux et plus grands cratères d’impact connus
Poursuivant les forages dans certaines des plus anciennes roches terrestres pour le Geological Survey of Western Australia, le géologuegéologue et son collègue Arthur Hickman ont récemment mis la main sur des sphérules - de petites billes de verre formées à partir de matièrematière vaporisée lors d'un impact violent - dans une couche sédimentaire coincée entre deux dépôts volcaniques dans la région de Marble BarBar au nord-ouest de l'Australie. Leur âge a été estimé avec précision à 3,46 milliards d'années.
Soupçonnant que ces petites perles de verre soient le fruit de la collision d'un astéroïde, les analyses qui ont été réalisées sur leurs taux d'éléments comme le platineplatine, le nickelnickel et le chromechrome montrent qu'ils correspondent à ceux des astéroïdesastéroïdes. Cela en ferait donc les témoins du deuxième plus vieux cratère d'impact connu. Un des plus grands aussi... Il devait mesurer plusieurs centaines de kilomètres de diamètre selon les chercheurs, mais, évidemment, vu son âge, les traces ont été effacées depuis. « Il doit y avoir de nombreux impacts similaires, pour lesquels les preuves n'ont pas encore été trouvées, estime l'auteur principal de l'article publié dans la revue Precambrian Research. Ce n'est que la pointe de l'iceberg. Nous n'avons trouvé des preuves que pour 17 impacts de plus de 2,5 milliards d'années, alors qu'ils ont pu être des centaines. »
En tout cas, on n'ose imaginer les dégâts considérables qu'il a pu occasionner quand on sait le champ de ruine qu'a laissé autour de lui l'impacteur de ChicxulubChicxulub, deux à trois fois plus petit. Avec une taille estimée entre 20 et 30 km de diamètre, nul doute que la surface de la Terre a dû être très secouée, ainsi que les formes de vie primitive qui occupaient alors les océans. « L'impact a dû déclencher des séismes de magnitudemagnitude supérieure aux tremblements de terretremblements de terre terrestres ; il a dû causer d'énormes tsunamistsunamis et fait s'effondrer des falaises », a déclaré Andrew Glikson.