C'est inattendu, pour ne pas dire inespéré : deux astronomes amateurs japonais ont été les premiers à observer une nouvelle comète avec leur télescope. Une découverte encourageante à une époque où les systèmes de surveillance automatique du ciel des professionnels sont de plus en plus performants.

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    • Observez les comètes à travers notre galerie photo 

    Spacewatch, Neat et Linear sont trois réseaux de surveillance du ciel, destinés à détecter tout astéroïde potentiellement dangereux. Grâce à leurs télescopes automatisés, plus de 500.000 astéroïdes ont déjà été répertoriés. Ces instruments permettent également de découvrir toutes les comètes qui s'aventurent dans le Système solaire, ne laissant presque plus aucune chance aux observateurs visuels qu'on trouve encore parmi les astronomesastronomes amateurs. Plus personne aujourd'hui ne peut espérer approcher les records de Charles MessierCharles Messier (12 découvertes au XVIIIe siècle) ou de Jean-Louis Pons (26 découvertes au XIXe siècle).

    Ces dernières décennies, les découvertes visuelles sont devenues exceptionnelles. En août 2002 c'est un astronome amateur allemand, Sebastian Hoenig, qui découvrait un astre chevelu dans la constellation de Pégaseconstellation de Pégase, en observant avec son télescope de 280 millimètres de diamètre. En mars 2010 c'était au tour de l'américain Don Machholz de trouver le premier C/2010 F4 en observant avec son télescope installé dans la cour devant sa maison. C'est dire si la découverte de C/2010 V1 par deux astronomes amateurs japonais a ravi à la petite communauté des observateurs célestes !

    Il y a 45 ans, l'absence de réseaux de surveillance automatique du ciel permettait aux amateurs de découvrir de nombreuses comètes, comme Ikeya-Seki. © R. Lynds

    Il y a 45 ans, l'absence de réseaux de surveillance automatique du ciel permettait aux amateurs de découvrir de nombreuses comètes, comme Ikeya-Seki. © R. Lynds

    La patience récompensée

    La nuit du 2 au 3 novembre 2010, Kaoru Ikeya observe avec son télescope de 25 centimètres de diamètre. Loin d'être un novice en la matièrematière, il a déjà découvert six comètes, dont C/1965 S1C/1965 S1 qui l'a rendu célèbre : lors de son passage au périhéliepérihélie le 21 octobre 1965, cette comète fut visible en plein jour avec une magnitudemagnitude de -10 ! Shigeki Murakami est moins expérimenté mais il passe lui aussi de longues heures derrière son télescope de 46 centimètres de diamètre, ce qui lui a valu de découvrir sa première comète en 2002. C'est en observant indépendamment la constellation de la Viergeconstellation de la Vierge en fin de nuit que les deux hommes ont repéré une petite tache floue inconnue de magnitude 8,5 au milieu des nombreuses galaxiesgalaxies que compte cette portion du ciel.

    Comme Don Machholz ou Hoenig, les deux japonais ne doivent rien à la chance. Dans une époque où tout le monde veut aller vite, en astronomie comme ailleurs, ils ont choisi de scruter inlassablement le ciel à l'œilœil nu, qu'ils finissent par connaître sur le bout du doigt. Pas de belles photos à la clé, mais des centaines de nuits passées à ratisser méthodiquement de vastes champs d'étoilesétoiles. Si C/2010 V1 Ikeya-Murakami ne restera pas dans les annales comme une comète exceptionnelle (elle ne devrait pas devenir plus brillante), nul doute qu'elle tiendra une place particulière dans le cœur de ses deux découvreurs !