Tout le monde attendait l'éclipse et presque tout le monde a vu arriver une magnifique perturbation qui, entre 19h52 UT et 21h08 Ut n'a épargné que le quart ouest de l'Hexagone et les côtes de la Manche.

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    Course vers le ciel clair ou résignation ?

    Cette perturbation se déplaçait du nord-ouest vers le sud-est et était suivie d'une traîne très longue faite d'oragesorages locaux. En ce type de circonstances, la décision de bouger est d'autant plus appropriée qu'elle est prise tardivement, en général trois heures avant l'instant intéressant, ce qui permet environ 300km de dégagement de part et d'autre du lieu de prise de décision, si ce dernier est proche d'un nœud autoroutier.

    Dans ce type de situation météorologique, les choses sont claires : il faut partir loin vers le sud-est pour faire « reculer » la perturbation et anticiper son déplacement pour permettre l'observation, ou bien il faut passer derrière cette dernière et gagner l'ouest ou le nord-ouest. La difficulté, dans le cas de l'observation d'un phénomène bas situé au dessus de l'horizon du levant (ce qui était le cas pour l'éclipse du 4 mai), est qu'il faut compter entre 50 et 100km de plus à l'extérieur de la perturbation pour ne pas avoir d'obstruction de l'horizon par les nuagesnuages que l'on vient d'éviter.

    L'heure est à l'action

    En termes de probabilité de ciel clair nous avions déjà depuis deux jours récusé l'option Haute Provence, préférant 200mm de diamètres ou le simple plaisir de voir l'éclipse, à 406mm de diamètre en Haute Provence avec une probabilité de ciel clair quasi nulle... pour une éclipse qui, par ailleurs ne se présentait pas comme étant des plus facile.
    A l'heure du départ, à 18h40 en heure légale, les nuages commençaient à recouvrir l'Alsace. Le point de départpoint de départ étant situé à Cambrai, cela faisait déjà 400km à parcourir au minimum : trop tard pour arriver à destination au début de la totalité. Le choix s'est donc porté sur l'ouest d'autant qu'au même moment, le Soleil était de retour en Basse Normandie et dans la région du Havre.

    Pour se rapprocher au plus vite de cette destination, les directions à suivre répondaient aux doux noms de A1 direction Paris, A29 direction Amiens, A16 direction Abbeville, A28 direction Rouen.
    Après les 50 premiers kilomètres en direction du sud sous le déluge, dès le cap mis plein ouest sur l'A29, la confirmation du bon choix apparaît vers 19h30 sous la forme d'éclaircies tout au long de l'horizon nord-ouest.
    1h30 plus tard, sur l'A28 en direction de Rouen : grand ciel bleu mais avec des grains de la traîne déjà au rendez-vous. Mais surtout, un horizon sud-est encore bouché de plusieurs kilomètres d'épaisseur des nuages désormais évités et une évidente impression de retourner dans la perturbation en continuant sur le cap sud-ouest tracé par l'A28.

    En conclusion : il fallait gagner le nord ouest pour avoir une chance de dégager l'horizon sud-est et un seul choix possible et suffisamment rapide : la D1 à partir de Neuchatel-en-Bray, direction Dieppe... et à quelques kilomètres de cette charmante cité, le long de la côte, la récompense est au rendez-vous.

    Le matériel emporté était réduit à sa plus simple expression et ne répondait qu'à un seul but : rapiditérapidité de mise-en-œuvre. Il consistait en un pied photo, un téléobjectif de 500mm ouvert à F/D=6,3 équipé d'un boitier Olympus OM2 et une lunette courte de 12x80mm qui, finalement, sera la seule à servir durant la totalité en raison... des trois déménagements.

    Première station : 20h07 UT depuis Bracquemont (crédit : Philippe Morel, SAF)

    Première station : 20h07 UT depuis Bracquemont (crédit : Philippe Morel, SAF)

    La totalité a commencé depuis 7 minutes quand une très discrète lueur marron se détache difficilement d'un crépuscule encore très lumineux. On y perçoit quand même du jaune et du rouge mais avec très peu de contrastecontraste malgré la pureté du ciel.
    Juste le temps de réaliser l'esquisse du dessin présenté ici et c'est l'averse généreusement dispensée par l'un des nombreux grains occupant le ciel.

    Seconde station : 20h44 UT depuis Tocqueville-sur-Eu (crédit : Philippe Morel, SAF)

    Seconde station : 20h44 UT depuis Tocqueville-sur-Eu (crédit : Philippe Morel, SAF)

    Là encore, pas de répit, juste le temps d'un dessin dans de bonnes conditions avant d'être rattrapé par le même grain qui, décidément, semble s'intéresser aux éclipses.

    Dernière station : 20h50 et 21h06 UT depuis Bourseville (crédit : Astrosurf)

    Dernière station : 20h50 et 21h06 UT depuis Bourseville (crédit : Astrosurf)

    Entre Le Tréport et Saint-Valery-sur-Somme, l'éclipse réapparaît dans de bonnes conditions et dans un ciel relativement bien dégagé. La nuit peut maintenant être considérée comme astronomique et l'éclipse garde ses teintes sombres de totalité de périgée même si la palette de couleurscouleurs est quand même variée. A 21h06, à 2 minutes de la fin de la totalité, il s'agit pourtant du moment le plus clair et aussi le plus beau du phénomène.

    21h06m UT, La fin de l'éclipse (crédit : Philippe Morel, SAF)

    21h06m UT, La fin de l'éclipse (crédit : Philippe Morel, SAF)

    Nuages pour tout le monde sur la route du retour vers un Cambrésis où personne n'a rien vu. Bilan de l'opération : 451km pour quatre dessins d'une éclipse présentant toutes les caractéristiques d'une visibilité difficile... et une de plus où l'anecdote se joindra aux souvenirs du phénomène.