Pour fêter les 29 ans de son lancement, Hubble a tiré le portrait de la nébuleuse du Crabe austral. Une image composite qui nous permet de voir en détail le résultat de la danse de deux étoiles à l’agonie.
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C'est un peu devenu une tradition à la Nasa : chaque année, pour l'anniversaire d’Hubble, un portrait iconique d'un objet du cosmoscosmos pour le moins photogénique est publié. En 2019, pour le 29e anniversaire - et oui, déjà ! - du lancement du plus célèbre des télescopes spatiaux, il nous est offert de voir avec le plus de détails possibles l'objet surnommé « la nébuleuse du Crabe du Sud ». De son vrai nom Hen 2-104, celui-ci n'a rien à voir avec la nébuleuse du Crabe (nommée aussi Messier 1 ou M1) visible dans le ciel boréal, au sein de la constellation du Taureau. Cette dernière est le reste encore luisant d'une supernova qui a explosé il y a près de 1.000 ans tandis que Hen 2-104, qui brille dans la constellation australe du Centaure à quelque 7.000 années-lumièreannées-lumière de la Terre, est le théâtre de deux étoilesétoiles en fin de vie. Car oui, bien que leur éclat nous empêche de les distinguer, elles sont deux à tournoyer l'une autour de l'autre dans une danse de mort...
Un sablier de gaz
Dans ce couple, l'une est devenue une naine blanche, le reste incandescentincandescent du cœur d'un soleilsoleil qui a brillé durant des milliards d'années, et l'autre est actuellement une géante rougegéante rouge en passe de le devenir à son tour. Mais pour l'instant, elle brûle ses dernières réserves d'hydrogènehydrogène, s'effeuille petit à petit et s'abandonne en partie à sa compagne, dense et compacte, qui lui arrache ses couches externes. Le gaz qui s'en échappe dessine ainsi deux lobes qui donnent à l'ensemble une apparence de sablier. Le temps est compté pour cette nébuleuse planétaire en devenir mais le cœur des deux protagonistes, lui, va continuer de battre encore longtemps.
La nébuleuse du Crabe du Sud est constituée de deux lobes de gaz alimentés par la valse des deux étoiles centrales. Une structure qui évoque un sablier. © Nasa, ESA, A. Feild (STScI)
Hubble nous replonge dans la nébuleuse de la Tête de singe
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 25 mars 2014
Dans le cadre des « trésors cachés » et la célébration du 24e anniversaire de la mise en orbiteorbite d'Hubble, lequel a opéré plus d'un million d'observations scientifiques, la Nasa et l'Esa publient une nouvelle version d'une partie de la nébuleuse de la Tête de singe distante de 6.400 années-lumière. L'acuité visuelleacuité visuelle du télescope spatialtélescope spatial offre de magnifiques détails d'un paysage cosmique érodé par le rayonnement ultravioletultraviolet des étoiles les plus chaudes.
Le 24 avril prochain, cela fera 24 ans que le télescope spatial Hubble œuvre dans l'espace à prés de 600 kilomètres d'altitude. Malgré un important défaut optique constaté à ses débuts -- heureusement corrigé par une intervention ultérieure --, le satellite n'a cessé de révolutionner notre vision du cosmos, à l'instar du brillant astronomeastronome américain qui lui a donné son nom. Qui, en effet, ne s'est jamais émerveillé devant les nombreux portraits de galaxiesgalaxies, qu'elles soient isolées, en grappes ou en collision ? Qui n'a jamais été sidéré par la beauté révélée des amas globulairesamas globulaires, des nébuleuses où bourgeonnent de nouvelles étoiles ? Qui n'a jamais ressenti un vertige en découvrant des objets célestes distants de plusieurs milliards d'années-lumière, aux confins de l'universunivers visible ? Doté d'un miroirmiroir primaire de 2,40 m de diamètre au foyerfoyer duquel on trouve des caméras qui observent dans plusieurs longueurs d'ondelongueurs d'onde, Hubble a su conquérir, en quelques années seulement, le grand public et satisfaire l'appétit des scientifiques à travers plus d'un million d'observations. Il est une de nos pupilles qui repoussent les frontières de la connaissance.
À l'occasion de cet anniversaire de près d'un quart de siècle, la Nasa et l'Esa lancent les festivités avec la publication d'une version « revue et corrigée » d'un détail de la nébuleuse de la Tête de singe (NGCNGC 2174). Comme son nom le suggère, son apparence générale peut évoquer grossièrement l'animal. Distant de 6.400 années-lumière, le nuagenuage de gazgaz s'étend en direction de la constellation d'Orionconstellation d'Orion, entre la massue brandie par le Chasseur et les pieds des Gémeaux. Soulignons cependant que cet objet n'a aucun lien de parenté avec la grande nébuleuse d'Orion (M 42) ou celle de la Tête de cheval (Barnard 33). Déjà présentée en 2001 -- imagée avec la caméra WFPC2 (Wide Field and Planetary Camera 2) --, la voici revisitée, en partie dans l'infrarougeinfrarouge, avec la caméra grand champ WFC3 (Wide Field Camera 3) installé au foyer du télescope spatial en 2009.
Portrait de la Tête de singe
En parcourant ce paysage cosmique d'une étourdissante beauté, notre regard s'accroche aux reliefs étiolés de cette nébuleuse à émissionémission. Le rayonnement violent dans l'ultraviolet des étoiles les plus jeunes et massives de cette région abîme et érode les monceaux d'hydrogène, une caractéristique qui lui vaut d'ailleurs d'être qualifiée de région HII (hydrogène ionisé). Dans ce maelstrom qui dure depuis plusieurs centaines de milliers d'années, les parois de gaz s'effritent sous l'assaut des rafales du ventvent stellaire. Crevassées, les falaises s'effondrent peu à peu, abandonnant, ça et là, des îlots... Ces étoiles très chaudes soufflent sur la matièrematière amassée depuis des millions d'années et, de fait, accélèrent la dispersion des fermentsferments de nouvelles générations d'étoiles.
Par-delà ce paysage tourmenté, nous distinguons, éparpillées à l'arrière-plan, de multiples formes fuselées ou spiralées qui sont autant de galaxies à des millions ou des dizaines de millions d'années-lumière de nous, dévoilées ici grâce à l'exceptionnelle acuité visuelle du télescope spatial. Très pâle, la nébuleuse de la Tête de singe ne fut découverte qu'en 1877 par l'astronome français Jean-Marie Édouard Stéphan (auquel on doit aussi le fameux « Quintette de Stéphan »), alors qu'il dirigeait l'observatoire de Marseille.