Dans un relatif anonymat, la Russie vient de tourner une nouvelle page de son histoire spatiale. En testant le premier étage des futurs lanceurs de la famille Angara, elle ouvre la voie à une nouvelle génération qui, après une courte période de cohabitation, devrait remplacer les Proton et autres Soyouz sur le déclin. Deux lanceurs seulement sont actuellement en développement, sur les trois initialement prévus, mais, à terme, cette famille pourrait en compter trois voire quatre.

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    Le lanceur Angara décollant du cosmodrome de Plesetsk pour un vol suborbital le long d'une trajectoire balistique d'environ 21 minutes, le mercredi 9 juillet 2014. © RIA Novosti

    Le lanceur Angara décollant du cosmodrome de Plesetsk pour un vol suborbital le long d'une trajectoire balistique d'environ 21 minutes, le mercredi 9 juillet 2014. © RIA Novosti

    Depuis 2010, la Russie fait face à une incroyable série d'échecs, sans précédent dans l'histoire spatiale de ce pays. Manifestement, quelque chose ne tourne plus rond au sein d'un secteur qui pendant longtemps a réussi le tour de force d'adapter ses technologies des années 1960 aux standards les plus récents, décennie après décennie.

    Consciente qu'il n'était pas possible de faire évoluer indéfiniment sa gamme de lanceurs, l'Agence spatiale russe prend au début des années 1990 la décision de développer une nouvelle famille de lanceurs qui devra remplacer plusieurs gammes, tels que les SoyouzSoyouz, les Proton et certains missiles reconvertis en lanceurs. Cette future famille, c'est Angara. Elle se compose de deux lanceurs en développement, l'Angara 1.2 et l'Angara 5 (jusqu'à 7,5 tonnes en GTO) et de cinq autres en projet, dont l'Angara A7V qui pourrait mettre plus de 40 tonnes en orbite basse.

    Quand elle sera en service, cette famille sera utilisée pour répondre aux besoins du gouvernement russe et sera également proposée sur les marchés étrangers. Afin de moins dépendre des sautes d'humeurs du Kazakhstan, cette famille de lanceurs ne sera pas exploitée depuis le légendaire cosmodrome de BaïkonourBaïkonour, que la Russie loue à ce pays, mais depuis les cosmodromes de Plesetsk et de Vostochny, ce dernier étant en constructionconstruction.


    Construit par l’entreprise d’État Khrounitchev, le premier étage du lanceur Angara a été testé avec succès lors d’un vol suborbital. © RT

    L'étage URM-1 est la clé du succès d'Angara

    À l'origine du programme Angara, il était question d'une entrée en service en 2005. Elle pourrait intervenir d'ici deux ou trois ans, d'autant que le premier essai suborbitalsuborbital s'est déroulé comme prévu. Cette semaine, l'agence spatiale russe a tiré une version légère d'Angara pour un vol suborbital et balistique de 21 minutes et une distance parcourue de quelque 5.700 kilomètres. Il s'est terminé par un crash, ce qui était prévu, dans la péninsulepéninsule désertique du Kamchatka.

    L'objectif de ce vol n'était pas d'atteindre l'espace mais de tester le premier étage qui sera commun à toutes les versions en développement et celles en attente de décision (URM-1). Ce n'était pas sa première utilisation. Il a déjà été utilisé à trois reprises sur le lanceur sud-coréen KSLV-1 dans une version moins puissante. Ce lanceur a connu deux échecs, en 2009 et 2010, sur les trois lancements effectués, mais le premier étage n'est pas en cause.

    Cet étage est propulsé par un moteur à ergols liquidesliquides alimenté par un carburant dit propre, composé de kérosènekérosène et d'oxygèneoxygène liquide. Il s'agit du RD-191, une version dérivée du RD-171 du lanceur Energia et qu'utilisent actuellement les fuséesfusées Zenith.

    Le prochain vol d'essai est prévu à la fin de l'année. Il s'agit de l'Angara A5A5, la version lourde de la famille. Son premier étage sera composé de cinq étages URM-1, réunis en fagot. Initialement, il devait emporter une charge utile tarifée à prix réduit par International Launch Services, la société qui commercialise le lanceur Proton. Cependant, Khrunichev, le constructeur du lanceur, a jugé plus sage pour ce premier vol de démonstration de se contenter d'un simulateur de massemasse, avec des instruments de mesure.