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Jules-Verne, le premier ATV en approche de la Station Spatiale Internationale. Crédit Nasa
Alors que le retrait des navettes spatiales américaines est programmé pour 2010 sans que l'on sache quand leur successeur sera opérationnel, l'incapacité de l'Europe à envoyer dans l'espace ses propres astronautes inquiète. Une seule chose est certaine : après cette date, et au moins jusqu'en 2016, l'astronautique mondiale ne reposera plus que sur les vaisseaux SoyouzSoyouz russes, d'ailleurs en grande partie financés par les Américains.
Or, aucun vaisseau n'est infaillible et même le Soyouz, réputé extrêmement sûr, a déjà connu ses revers. On pourrait comparer cette situation avec celle des années 1980, lorsque les Américains avaient décidé de confier la totalité de leurs lancements à la seule navette, plaçant ainsi tous leurs œufs dans le même panier. Lorsque le panier craqua, avec l'explosion de ChallengerChallenger, presque toute l'astronautique fut clouée au sol pour plusieurs années...
Nombreux sont les scientifiques, mais aussi les industriels (car l'espace est aussi une vaste entreprise commerciale), qui redoutent les conséquences d'une défaillance du Soyouz entraînant une nouvelle paralysie du secteur. Est-ce un signe ? En peu de temps, deux projets de vaisseaux habités européens viennent de voir le jour.
EADS Astrium et DLR
EADS-Astrium, en partenariat avec la DLR (l'agence spatiale allemandeagence spatiale allemande) a présenté mardi dernier lors d'une conférence de presse à Brême les travaux préliminaires d'une capsule habitée qui pourrait être réalisée sur la base de l'actuel ATV (Automated Transfer Vehicle).
L'ATV, dont le premier exemplaire (Jules-VerneVerne) est actuellement amarré à l'ISS, est équipé de technologies sophistiquées de navigation, de rendez-vous et d'amarrage qui lui permettent d'effectuer des manœuvres complexes à proximité de la Station Spatiale Internationale. L'absence de bouclier lui interdit en revanche toute rentrée atmosphérique et il ne peut donc être utilisé pour lancer des astronautes dans l'espace.
Le programme proposé consisterait à remplacer la partie fret de l'ATV par une capsule de forme conique, comportant un bouclier de rentrée et pouvant recevoir un équipage de trois personnes. Evert Dodock, dirigeant d'Astrium, et Johann-Dietrich Worner, patron de la DLR, ont déclaré à la presse allemande qu'un tel concept pourrait être mené à bien sans que « cela coûte des milliards d'euros », et qu'une première version non pilotée pourrait être prête d'ici 2013, laissant envisager un premier vol habité vers 2017. Le lancement pourrait être effectué par une fuséefusée Ariane 5Ariane 5 man-rated, c'est-à-dire qualifiée pour les vols habitésvols habités.
Esa et Roskosmos
Cet autre projet, développé conjointement par l'Esa (l'agence spatiale européenneagence spatiale européenne) et Roskosmos (son homologue russe) s'appuie aussi sur la conception de l'ATV.
« L'Esa et l'agence RoskosmosRoskosmos possèdent des technologies et une expérience uniques de conception de différents systèmes spatiaux ce qui leur permet de créer un appareil high-tech piloté par un équipage de six personnes qui permettra d'effectuer des vols en orbitesorbites terrestre et lunaire », affirmait en début de semaine un porteporte-parole de Roskosmos lors d'une réunion conjointe avec les dirigeants de l'Esa à Moscou.
La conception et la constructionconstruction de la partie habitable, également de forme conique, serait dévolue aux Russes, en particulier à la société de construction spatiale RKK Energuia, en raison de leur expérience dans ce domaine, tandis que les Européens seraient en charge du module de service et de la propulsion.
Ce projet est spécialement adapté à une utilisation depuis le nouveau cosmodrome actuellement en construction à Vostotchny (Sibérie). Si les lancements dépassaient la capacité de la fusée Soyouz, ils pourraient être confiés au tout nouveau lanceurlanceur russe Angara.
L'étude des aspects techniques devrait être terminée en octobre 2008. Les premiers essais en vol sont programmés pour 2015 et la mise en service en 2018. Reste à évaluer correctement la faisabilité, et surtout le coût de ces projets.