Le 3 mai, la Chine décollera à nouveau vers la Lune avec Chang’e 6. Après avoir accompli l’exploit de rapporter des échantillons lunaires sur Terre depuis la face visible, l’agence spatiale chinoise (CNSA) entend bien renouveler la mission… depuis la face cachée !


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    Forte de son ambition d'exploration planétaire, la Chine fait partie du cercle très fermé des puissances capables d'avoir rapporté des échantillons de roches lunaires sur notre Planète, avec les États-Unis (missions ApolloApollo) et la Russie (URSS, missions Luna). Fin 2020, avec la mission Chang'e 5mission Chang'e 5, la Chine en rapporte 1 731 grammes. Bis repetita avec Chang'e 6 ?

    Percer les secrets sous la croûte lunaire

    La Chine s'est déjà posée sur la face cachée de la Lune le 3 janvier 2018 avec la mission automatique Chang'e 4Chang'e 4, et son rover Yutu-2. La mission est un franc succès et se poursuit encore aujourd'hui. Chang'e 6 vise un site qui se situe dans la même région que Chang'e 4 : le bassin Aitken, vestige d'un gigantesque cratère dans l'hémisphère Sudhémisphère Sud.

    Carte topographique du bassin Aitken réalisée par la sonde Clementine. Le rouge représente les hautes élévations, le pourpre les basses élévations. © Nasa
    Carte topographique du bassin Aitken réalisée par la sonde Clementine. Le rouge représente les hautes élévations, le pourpre les basses élévations. © Nasa

    Le bassin Aitken est connu comme potentiel réservoir de roches provenant du manteaumanteau de la Lune, couche de roche se trouvant sous la croûtecroûte, mais qui aurait été mise à nu lors de la formation du cratère. La communauté scientifique espère pouvoir en analyser quelques échantillons, en complément des mesures prises in situ par Chang'e 4.

    L'autre intérêt est de pouvoir rapporter pour la première fois des roches provenant de la face cachée de la Lune. Le site visé par Chang'e 6 se trouve dans le cratère Apollo (cratère formé dans le bassin Aitken), à 43° sud, ce qui est loin des sites visés au pôle Sud sélène par les missions habitées chinoises et américaines.

    La face cachée est déjà en cours d'exploration avec la mission Chang'e 4 et son rover Yutu-2. © Clep, Cnsa
    La face cachée est déjà en cours d'exploration avec la mission Chang'e 4 et son rover Yutu-2. © Clep, Cnsa

    53 jours de mission

    Chang'e 6 doit décoller le 3 mai depuis le Wenchang Space Center, au sud du pays, à bord de la puissance fuséefusée chinoise Long March 5. Cinq jours plus tard, la sonde doit s'insérer en orbite lunaire et y rester pendant quelques semaines. Le module d'atterrissage de Chang'e 6 doit se poser le 2 juin dans le cratère Apollo. Pour communiquer avec la Terre depuis la face cachée, la sonde utilisera un satellite relais récemment déployé par la Chine.

    Au sol, les opérations dureront au plus 48 heures. Le prélèvement des échantillons se fait de deux manières différentes : à l'aide d'une pelle pour les roches de surface, et avec une foreuse pour obtenir des échantillons du sous-sol. Au total, la CNSA compte rapporter près de deux kilos de Lune sur Terre.

    Vue d'artiste de la mission chinoise de retour d'échantillons lunaires Chang'e 5. Chang'e 6 sera très similaire, avec quelques modifications. © CNSA
    Vue d'artiste de la mission chinoise de retour d'échantillons lunaires Chang'e 5. Chang'e 6 sera très similaire, avec quelques modifications. © CNSA

    Chang'e 6 a été conçue en double de Chang'e 5, pour renouveler la mission en cas d'échec. Les missions sont donc relativement identiques. La face cachée comme cible n'est pas la seule innovation, le forage sous-terrain est aussi une nouveauté. Le but est de prélever une carottecarotte de roche lunaire à deux mètres de profondeur !

    Au bout de 48 heures sur place, une partie du module d'atterrissage contenant la capsule d'échantillons décollera de la Lune pour rejoindre le module orbital, y transférer la capsule, avant de repartir vers la Terre. Le retour d'échantillons sur Terre doit avoir lieu fin juin.

    Le détecteur de radon français Dorn, en salle blanche à l'Irap l'été dernier, avant son départ pour la Chine pour être intégré à Chang'e 6. © Daniel Chrétien, Futura
    Le détecteur de radon français Dorn, en salle blanche à l'Irap l'été dernier, avant son départ pour la Chine pour être intégré à Chang'e 6. © Daniel Chrétien, Futura

    Des instruments scientifiques internationaux

    En plus des instruments scientifiques chinois et des dispositifs de prélèvement d'échantillons, Chang'e 6 embarquera trois instruments internationaux. Un cubesat (nanosatellitenanosatellite de forme cubique) développé au Pakistan sera également embarqué, probablement pour être largué en orbite lunaire.

    Parmi les instruments, on compte le détecteur de radon Dorn, développé par l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie à Toulouse, et le Cnes. C'est la première fois qu'un instrument français se retrouvera sur la Lune. La détection de radon permettra de tracer la présence d'eau et d'uranium sur la Lune. Les deux autres instruments étrangers sont un détecteur d'ionsions suédois et un réflecteur laserlaser italien.