« C’est un sujet tabou », déclare l’astronaute américaine Pam Melroy, directrice adjointe de la Nasa. Le vol habité est de plus en plus critiqué pour son coût en comparaison de la plus-value scientifique qui en découle. On fait le point.


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    La Nasa brise un plafond de verre en soulevant l'option d'une présence non continue de ses astronautes en orbite dans le futur. L'astronaute Pam Melroy, qui a volé trois fois à bord de la Navette spatiale, est en train de mettre en place une nouvelle stratégie concernant les expériences en microgravité depuis l'orbite basse.

    Sujet tabou

    Cela fait plus de vingt ans que la Nasa assure une permanence de ses astronautes dans la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale (ISS). L'agence spatiale américaine est le plus grand recruteur d'astronautes de la planète de sorte à en avoir toujours au moins un ou deux en orbite. La Nasa a d'ailleurs payé cher pour des places à bord du vaisseau russe SoyouzSoyouz pendant la longue période où les États-Unis ne disposaient pas de vaisseau.

    Une présence américaine continue peut faire sens encore aujourd'hui, étant donné que la Nasa est propriétaire d'une partie des modules. Mais qu'en sera-t-il une fois l’ISS désorbitée ? La station laissera alors place à une ou plusieurs stations commerciales, dont la Nasa ne serait alors que locataire.

    L'ISS vue par un satellite Worldview du groupe américain Maxar. © Maxar
    L'ISS vue par un satellite Worldview du groupe américain Maxar. © Maxar

    À l’aube d’une nouvelle ère du vol habité

    Pam Melroy a annoncé revoir la vision de la Nasa sur une présence continue d'astronaute à l'occasion d'une table ronde au Congrès international d'astronautiqueastronautique (IAC 2024) à MilanMilan, la semaine dernière.

    Ce rendez-vous planétaire de l'exploration spatiale a été particulièrement marqué par la forte présence d'industriels de l'astronautique, comme Axiom Space (vols privés et touristiques vers l'ISS) qui a dévoilé le design de son nouveau scaphandre de marche lunaire et qui développe une station spatiale commerciale à l'instar d'un autre acteur également présent à l'IAC, l'Américain Vast avec son projet de station spatiale Haven, dont SpaceXSpaceX est partenaire.

    D'autres industriels, comme Blue Origin ou Voyager Space (avec Airbus), ambitionnent de remplacer l'ISS par leur station au début de la prochaine décennie et souhaitent accueillir non seulement des astronautes de la Nasa, mais aussi d'autres pays, y compris ceux qui n'ont pas eu beaucoup d'occasions d'envoyer un astronaute en orbite, comme la Corée du Sud ou les Émirats arabes unis.

    La station spatiale de Vast Space, composée de huit modules Haven-2, ainsi qu’un noyau central. © Vast Space
    La station spatiale de Vast Space, composée de huit modules Haven-2, ainsi qu’un noyau central. © Vast Space

    Dimension géopolitique et Lune

    Bien sûr, aujourd'hui, assurer une permanente d'astronaute de la Nasa est surtout soutenu par une forte motivation politique. Les États-Unis pourraient-ils abandonner l'orbite basse - même temporairement - à la Chine et à la Russie qui assurent eux aussi une présence ?

    Vue d'artiste de l'USDV amarré à l'ISS. Ce véhicule désorbitera l'ISS en 2031. © SpaceX
    Vue d'artiste de l'USDV amarré à l'ISS. Ce véhicule désorbitera l'ISS en 2031. © SpaceX

    Le problème est que la Nasa fait face à des contraintes budgétaires, avec un programme lunaire qui a tendance à cannibaliser les autres missions scientifiques. Tôt ou tard, l'agence devra lâcher du lest sur le vol habité en orbite basse si elle veut éviter de prendre plus de retard dans le programme Artemis.