Le 10 juillet, Rosetta survolait l’astéroïde Lutetia. Les deux objets se sont croisés à toute vitesse et à seulement 3.162 kilomètres de distance. Laurent Jorda, astronome au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (LAM) et membre de l'équipe en charge de l’instrument qui a photographié l’astéroïde, dresse pour Futura-Sciences un premier bilan scientifique.

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    Le survol de l'astéroïde Lutetia par la sonde Rosetta commence à fournir ses premiers résultats. « La densité de cratères suggère que l'astéroïde est très ancien », explique Laurent Jorda. Comme le montrent les images d'Osiris, l'instrument de Rosetta qui a pris les photos, « la surface de Lutetia est très cratérisée et fortement impactée ». Pour le chercheur du LAM, tout indique qu'il s'agit « d'un astéroïde très dense », fait d'un seul bloc et non pas d'un « empilement de débris » (rubble pile en anglais).

    La mesure de sa densité, « très attendue et paramètre clé pour mieux le comprendre », n'a pas encore été calculée. Il faut pour cela déterminer d'abord la masse et le volume, ce qui ne pourra être fait que « lorsque les données du survol auront été passées au crible ». Idem concernant la classification de cet objet : « Nous avons besoin d'un peu plus de temps pour y voir plus clair sur cette question et déterminer s'il s'agit d'un astéroïde de classe C ou M ».

    La région que l'on suppose la plus récente. Les striures ainsi qu'une vue de Saturne dans le champ et l'adieu à Lutetia sont les images qui caractérisent le mieux le survol.
    La région que l'on suppose la plus récente. Les striures ainsi qu'une vue de Saturne dans le champ et l'adieu à Lutetia sont les images qui caractérisent le mieux le survol.
    © Esa 2010 / MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/RSSD/INTA/UPM/DASP/IDA

    Comme nous l'explique Laurent Jorda, la surface de Lutetia se caractérise par une région récente, des striures et un nombre important de cratères. Ces striures ne sont guères surprenantes. On en observe « ailleurs dans le Système solaire » sur d'autres astéroïdes (notamment Eros) ou des satellites (Phobos, Epiméthée). Leur formation pourrait « s'expliquer par des failles sous-jacentes à la surface » qui est composée de régolithe, « une couche de débris et de grains de petites tailles ». Ces failles pourraient être dues aux fortes différences de température entre le côté jour et le côté nuit de l'objet.

    On remarque également des « éboulementséboulements et des mouvementsmouvements de régolithe » dans une région qui semble plus jeune que le reste de la surface. Quant aux points noirs qui se détachent, on pense qu'il s'agit de débris rocheux. De gros rochers de quelques dizaines à quelques centaines de mètres. A l'échelle de Lutetia (126 km x 88 km), il s'agit « ni plus ni moins de petites montagnes ».

    « On ne peut rien dire de plus aujourd'hui. » Des résultats plus complets viendront d'une analyse plus poussée des données. Rendez-vous après les vacances, lors de plusieurs congrès qui se tiendront en Europe et aux Etats-Unis et où seront présentés des résultats plus complets du survolsurvol. Mais « on ne s'attend pas à de grosses surprises » comme ce fut le cas lorsque RosettaRosetta a survolé Steins en septembre 2008 qui avait « une forme très particulière en diamantdiamant ».