Alors que des pays comme les États-Unis, la Chine et l'Inde accélèrent le développement de leurs capacités spatiales en orbite basse, l'Europe tente de rattraper son retard à travers des initiatives prometteuses comme le programme Space Rider. Ce véhicule innovant, conçu pour répondre à une multitude de besoins scientifiques et commerciaux, représente un atout stratégique pour l'Agence spatiale européenne (ESA) dans sa quête d'une autonomie d'accès et d'utilisation de l'orbite basse.
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L'émergenceémergence de vaisseaux spatiaux réutilisables et opérationnels, comme ceux mis en service par les États-Unis et la Chine ou en cours de développement en Inde (Pushpak), symbolise une transition significative vers une ère où l'exploitation de l'orbite devient de plus en plus accessible et diversifiée. L'Europe, qui a déjà raté quelques tournants majeurs dans le domaine de l'accès à l'espace et de l'utilisation de l'orbite basse, aspire à développer des capacités et doit renforcer ses initiatives pour développer et mettre en œuvre des programmes similaires, tels que le programme Space Rider, qui pourrait solidifier sa position en orbite basse.
Décidé lors du Conseil de l’ESA, au niveau ministériel, qui s'est tenu à Lucerne en décembre 2016, le Space Rider est un véhicule spatial sans aile hérité du démonstrateurdémonstrateur IXV (Intermediate eXperimental Vehicle) qui a réalisé son unique vol en février 2015. Ce véhicule sans pilote, développé par Thales Alenia Space, qui s'apparente aux X-37B américains et Shenlong chinois doit réaliser un premier vol de démonstration en 2027 à bord d'un lanceur Vega CVega C+ équipé du plus grand propulseur à combustible solidesolide P160. Cet étage principal est aussi le futur boosterbooster à poudre d'arsine 6, nécessaire pour lancer les satellites de la constellationconstellation Kuiper d'AmazonAmazon.
Space Rider se positionne comme un outil polyvalent pour la science
Ce système de transport spatial partiellement réutilisable (seul le véhicule spatial est réutilisable) a pour but de donner à l'Europe une capacité indépendante d'accès régulier à l'orbite terrestre basse et de retour sur Terre au moyen d'un système réutilisable en mesure de transporter des charges utiles pour diverses applicationsapplications. Il sera lancé à une altitude d'environ 400 à 450 kilomètres, incliné entre 37° et 52°, et réalisera une grande variété de missions pour répondre aux besoins d'un très grand nombre d'utilisateurs.
Dans une interview donnée au site InternetInternet European Spaceflight, Dante Galli, responsable du programme à l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, a brièvement fait le point sur l'état d'avancement du programme et les essais en cours, et a confirmé que le premier vol de ce véhicule est prévu en 2027.
Lors de ce vol inaugural, le Space Rider transportera un large choix de charges utiles provenant de clients institutionnels et commerciaux. Le total de la charge utile actuelle pour ce premier vol comprend 16 charges utiles, dont les missions prévues vont de la R&D et de la démonstration de vol à l'expérimentation de la microgravitémicrogravité pour les sciences de la vie, les sciences physiquesphysiques, l'observation de la Terreobservation de la Terre et de l'espace lointain, et la détection environnante, la séparationséparation par satellite, le vol de proximité et la rentrée potentielle dans la soute.
Le saviez-vous ?
En s'appuyant sur l'expérience acquise avec l'IXV, le démonstrateur de rentrée atmosphérique de l'Agence spatiale européenne, Thales Alenia Space ne se limite pas au développement du véhicule multitâche Space Rider pour l'ESA. L'entreprise est également en train de développer une usine spatiale, dénommée REV1, pour le compte de Space Cargo Unlimited, dont la mise en service est prévue pour la fin de cette décennie.
Des activités commerciales
En novembre, lors de son Conseil ministériel, l'Agence spatiale européenne pourrait prendre des décisions concernant l'exploitation opérationnelle et commerciale de Space Rider, ainsi que ses évolutions futures. Concrètement, Space Rider pourrait offrir des services aux entreprises privées souhaitant tester des équipements ou réaliser des expériences en microgravité. De plus, il pourrait faciliter l'envoi de charges utiles en orbite pour des applications commerciales, telles que le lancement de satellites ou le déploiement de constellations. Les perspectives d'utilisation de Space Rider semblent prometteuses, avec un large éventail d'applications qui dépassent largement la simple recherche scientifique. En revanche, une version habitée n'est pas envisagée pour le moment.
Un usage militaire est tout à fait possible si les besoins s'en font sentir
Contrairement aux avions spatiaux chinois et américains, gérés par les militaires, les statuts de l'Agence spatiale européenne destinent le Space Rider à des usages exclusivement scientifiques, institutionnels et commerciaux. Il ne pourra donc pas être utilisé à des fins militaires, ce qui est tout de même regrettable. Dans un contexte de militarisation de l'espace qui s'accroît, à ne pas confondre avec l'arsenalisation de l'espace qui reste proscrite par le droit international, il aurait été utile que l'ESA et la Commission européenne trouvent un « arrangement » pour lui permettre de réaliser des missions de renseignements (observation, écoute, brouillage, par exemple).
Cela dit, les forces militaires italiennes et françaises ont montré un certain intérêt pour ce type de véhicule, de sorte que si dans un avenir plus ou moins proche le besoin se fait sentir pour une version miliaire de ce véhicule, il suffira de sortir le chéquier et d'en construire un réservé à cet usage dès plus utile. Dans ce cas, ce véhicule pourrait être utilisé pour des missions de renseignements, voire d'interventions sur des satellites adverses qui évolueraient trop près de l'infrastructure spatiale européenne.