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Le 12 janvier 2003, nous nous étions fait l'écho d'une probable décision favorable à l'implantation d'un pas de tir propre aux fuséesfusées russes Soyuz (StarsemStarsem) à Kourou. Voilà que le rapport de la Commission de réflexion sur la politique spatiale française affiche son scepticisme quant à l'opportunité d'un tel projet aujourd'hui.
Ne disposant pas d'étude de marché géographique et argumentée croisant un éventuel produit composé de trois lanceurs (VegaVega, Soyuz et Ariane 5Ariane 5 ECA) et la gamme des prix de vente-objectifs réalistes correspondants, la Commission juge qu'il n'est guère raisonnable de prendre, en l'état actuel des choses, la décision de construire un ensemble de lancement Soyuz à Kourou. Rappelons que le projet nécessite un investissement, non budgétisé aujourd'hui, estimé entre 250 et 300 millions d'euros.
Aujourd'hui, face à un contexte économique dégradé, on assiste à une surcapacité de l'offre des services de lancement, des répéteursrépéteurs en orbite (ce qui provoque une chute des prix de leur location). Cet effet conjoncturel est amplifié par l'allongement de la durée de vie des satellites en orbite, la concentration des opérateurs de satellites entraînant une rationalisation des flottes et un démarrage lent de l'utilisation des satellites dans le domaine de l'InternetInternet large bandelarge bande.
A cette incertitude économique, viennent s'ajouter les problèmes de fiabilité qui affectent Ariane 5, comme en témoigne le récent échec de la première Ariane 5 ECA (10 tonnes). Pour la Commission il serait plus approprié que les ressources humaines et financières d'ArianespaceArianespace soient consacrées en priorité à la réussite de la qualification d'Ariane 5 ECA et sa fiabilisation pour atteindre au minimum le niveau de fiabilité d'Ariane 4 dans sa phase opérationnelle.
Cependant, si aujourd'hui il n'est guère opportun d'implanterimplanter Soyuz à Kourou, il sera intéressant d'aborder cette question lorsque Ariane 5 ECA inspirera confiance et qu'il apparaîtra que le marché mondial des lanceurs commerciaux est suffisamment viable pour une telle offre commerciale. N'oublions pas qu'Arianespace est actionnaire à hauteur de 15 % de Starsem, la société qui assure la commercialisation et l'exploitation du lanceur SoyouzSoyouz sur le marché international, en particulier concernant les versions Soyouz-FregatSoyouz-Fregat et Soyouz/ST.
Note :
Le rapport de la Commission de réflexion sur la politique spatiale française a été remis par Roger-Maurice BonnetRoger-Maurice Bonnet à Claudie HaigneréClaudie Haigneré. Ce rapport présente les conclusions de la Commission mise en place en novembre dernier par Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Défense et Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies, également en charge de l'espace. L'objectif était de réunir les informations nécessaires pour dépasser les difficultés tant institutionnelles qu'industrielles du secteur qu'avaient identifiées les deux Ministres et de conduire une analyse. Il va donner lieu à un examen attentif, et un plan d'action sera arrêté au plus tard d'ici deux mois et présenté au Conseil des Ministres au printemps 2003.