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Le vaisseau Shenzhou 1 à sa réception sur la base de Jiuquan. Crédit Agence spatiale chinoise.
La fuséefusée Longue Marche 3F porteuse de ShenzhouShenzhou 3 a décollé dans la nuit de lundi à mardi de la base de Jiuquan, dans le nord-ouest de la Chine, en présence du chef de l'état Jiang Zemin, avant de rejoindre son orbite sans encombre au terme d'un vol parfaitement maîtrisé.
A bord, pas de cosmonautes, mais deux mannequins destinés à simuler la présence d'êtres humains ont été installés. Véritables androïdesandroïdes, ceux-ci sont conçus pour pouvoir émettre une voix synthétique - une voix féminine - ainsi que des enregistrements reproduisant divers paramètres vitaux comme les battements du cour ou la respiration. "Shenzhou 3 est techniquement adapté pour recevoir des occupants réels", a déclaré Wang Yongzhi, l'un des concepteurs du programme spatial chinois.
De nombreuses expériences sont réalisées automatiquement à bord du vaisseau sous la direction de l'Académie des Sciences chinoise, dans le domaine des sciences de la vie, des matériaux de l'espace, de l'astronomie depuis l'espace, de la physique spatiale et de la microgravité.
Fin février, Pékin avait officiellement annoncé que le vol de Shenzhou 3, initialement prévu pour fin 2001, avait pris du retard pour des raisons techniques. Mais une chose apparaît nettement, c'est que la Chine, si elle ambitionne de devenir le troisième état du monde à envoyer des hommes dans l'espace par ses propres moyens, n'a pas l'intention d'agir dans la précipitation.
Selon Dean Cheng, analyste du Projet Asie à Washington, le vol de Shenzhou 3 est essentiellement destiné à tester diverses technologies avancées qui seront appliquées aux missions ultérieures, et notamment à Shenzhou 4, qui sera aussi lancée sans occupant, probablement vers la fin de l'année. Ces expériences servent aussi à mettre au point toute une infrastructure au sol destinée à la poursuite et la communication avec les futures missions habitées.
"La Chine a réellement l'intention de s'élaborer une infrastructure spatiale performante et sérieuse" a aussi déclaré en substance Dean Cheng, ajoutant que selon lui, les vols de Shenzhou ne sont pas que de simples coups de prestige. Il affirme ainsi que la Chine a bien l'intention de s'établir de façon durable dans l'espace et de poursuivre un programme spatial à la hauteur de ses ambitions.
Chen Yan, un expert indépendant du programme spatial chinois, estime qu'après un quatrième vol inhabité, le cinquième vol de Shenzhou devrait avoir lieu en 2003 avec des cosmonautes à bord. Si cette mission est un succès et démontre la maîtrise du pays dans les vols habitésvols habités, la Chine pourrait construire sa propre station spatialestation spatiale dans les dix années à venir et envoyer un équipage sur la Lune dans les trente ans, affirme-t-il.
Shenzhou 3 est composé d'un module de service comprenant deux panneaux solaires ainsi que tous les dispositifs d'entretien de la vie à bord, un module de rentrée atmosphérique et un module d'habitation. Un quatrième module additionnel, dénommé Chuang-Xing 1, semble avoir été ajouté à l'ensemble et serait destiné à rester en orbite, mais ses fonctions n'ont pas été révélées.
Shenzhou 1 avait été lancé le 20 novembre 1999 et été récupéré le lendemain en Mongolie intérieure. Shenzhou 2 a décollé de Jiuquan le 10 janvier 2001 et était resté en orbite 10 jours avant de revenir sur Terre, mais selon certaines rumeurs la récupération se serait mal passée, ce qui aurait conduit les techniciens à apporter diverses modifications à Shenzhou 3 et retarder la poursuite du programme. Le module de service de Shenzhou 2, resté en orbite, avait continué à tourner autour de la Terre durant neuf mois.
Lire notre dossier à ce sujet: Shenzhou vaisseau spatial habitable de la Chine
Par Rama - Futura-Sciences Paris