Malgré sa récente série d’échecs, les ambitions spatiales russes sont intactes. En déclarant pouvoir envoyer des Hommes sur la Lune, le directeur de Roscosmos veut également redonner du rêve aux étudiants russes diplômés, guère attirés par des carrières dans le secteur spatial.


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    Dans une interview donnée à la radio moscovite Ekho Moskvy, le directeur de Roscosmos, Vladimir Popovkine, a annoncé qu'un équipage russe pourrait très bien débarquer sur la Lune vers 2020. Il a ajouté être pour cela en train de développer un système de transport habité, sans donner d'autres précisions. En octobre 2011, il abandonnait le projet de lanceur RUS-M qui devait succéder à l'actuel système SoyouzSoyouz. À ce jour, la seule initiative concrète est due à un investisseur privé, Space Adventures, qui souhaite adapter une capsule Soyouz. En la dotant d'un module supplémentaire, elle servirait à un voyage autour de la Lune et serait commercialisée pour des riches touristes de l'espace.

    Cela dit, Popovkine ne s'est exprimé qu'au conditionnel et a simplement expliqué que les technologies étaient suffisamment matures pour envoyer des Hommes sur la Lune. Aux États-Unis on le sait : six missions Apollo ont déjà permis à douze astronautes de débarquer sur notre satellite. Le directeur de Roscosmos a également annoncé que l'Agence spatiale russe amorçait le recrutement et l'entraînement de nouveaux cosmonautes en précisant que l'accent sera mis sur la « préparation à des missions habitées sur la Lune ».

    Vue depuis la Station spatiale, la Lune continue de faire rêver bon nombre d'humains. © Nasa

    Vue depuis la Station spatiale, la Lune continue de faire rêver bon nombre d'humains. © Nasa

    Une autre annonce bien plus surprenante commence à circuler dans les forums, rapportée par l'agence de presse RiaRia Novosti (une source à fiabilité variable, extrapolant parfois un peu loin les propos des dirigeants russes). Il s'agit du souhait russe de répéter l'expérience Mars 500, avec cette fois un équipage à bord de la Station spatiale internationale. Mieux encore, l'Agence spatiale russe serait en pourparlers avec celles de l'Europe et des États-Unis. Interrogée, l'Esa a plutôt été surprise et n'aurait reçu aucune demande dans ce sens, ce qui s'explique en raison de la très faible probabilité que ce type d'expérience soit mis sur pied. Pour des raisons de logistique, de capacité d'accueil, d'utilisation de l'ISS et de sécurité, cela paraît impossible.

    La Lune pour donner du rêve à la jeunesse russe

    Cela dit, malgré la volonté chinoise de débarquer sur la  Lune, ce regain d'intérêt pour notre satellite de la part des Russes, aussi surprenant soit-il, peut peut-être s'expliquer. Il pourrait s'agir d'une volonté de donner du rêve à une jeunesse en manque de repères, tiraillée entre un mode de vie occidental difficilement accessible et une tentation de repli sur elle-même. Or, malgré un patrimoine spatial riche, la Russie est confrontée à deux problèmes de taille, vraisemblablement liés. D'une part, les étudiants diplômés se détournent des filières spatiales, dont l'industrie ne parvient pas à consolider connaissances et compétences acquises durant l'ère soviétique. D'autre part, cette industrie a bien du mal à maîtriser les nouvelles technologies des composants spatiaux.

    Du côté des États-Unis, les ambitions de retour sur la Lune du précédent président ont été balayées par l'actuel chef d'État, qui les juge trop dispendieuses, préférant des destinations plus lointaines comme Mars ou des astéroïdes. À noter que si Newt Gingrich, un des candidats à l'investiture du parti républicain pour l'élection présidentielle américaine, a clairement dit vouloir implanterimplanter une base permanente sur la Lune, Mitt Romney, le favori pour l'investiture républicaine a déclaré que ce retour sur la Lune était un programme beaucoup trop coûteux au regard de la situation financière des États-Unis.