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Le pôle sud de la Lune vu par Lunar Prospector. Crédit Nasa
Aux pôles de la Lune se trouvent des cratères un peu particuliers. En raison de leur profondeur, les rayons du Soleil n'en n'atteignent jamais le fond, et cette situation dure au moins depuis deux milliards d'années. L'eau qu'ils auraient pu recevoir, véhiculée par l'incessant bombardement cométaire aux débuts de la formation du Système solaire, aurait pu être protégée de toute évaporation ou sublimation par le froid ambiant, inférieur en permanence à 90 kelvins, soit -183°C.
Vue en coupe d'un cratère lunaire situé au niveau du pôle suffisamment profond pour que la lumière solaire n'en éclaire jamais le centre (Noon Sun : soleil à midi. Midnight Sun : soleil à minuit. Permanent shadow : ombre perpétuelle. Water ice : glace d'eau) Crédit Nasa
Les agences spatiales projetant l'établissement de futures bases, à commencer par la NasaNasa, fondaient de réels espoirs dans cette eau providentielle, qui les dispenseraient d'en importer à grand prix depuis la Terre. De plus, les scientifiques y voyaient la possibilité, par analyses interposées, de lire à livre ouvert dans cette eau gelée et de reconstituer l'histoire de notre Système solaire, comme on sait le faire dans les glaciersglaciers terrestres.
Trois énormes cratères, d'au moins 50 km de diamètre et 2 km de profondeur, attiraient toutes les convoitises. Des cartes précises en trois dimensions en avaient été réalisées par un jeune astronomeastronome belge, Jean-Luc Margot, au moyen des antennes radar du Deep Space NetworkDeep Space Network de la Nasa afin de déterminer précisément les zones d'ombre permanente. Celles-ci représentent au total 1.000 km² au pôle nord, et 2.500 km² au pôle sud, et les chercheurs ont tout spécialement examiné le cratère Shackleton, situé au pôle sud.
La désillusion…
En 1998, la sonde américaine Lunar Prospector avait semble-t-il confirmé ces espoirs en démontrant la présence de moléculesmolécules d'hydrogènehydrogène, immédiatement interprétée comme la preuve de l'existence d'eau gelée (le H de H2O), dont les chercheurs estimaient alors la quantité à trois milliards de tonnes.
Les images transmises par la sonde japonaise Kaguya, d'une résolutionrésolution de 10 mètres, viennent de rendre leur verdict. Certes, la température des zones visées n'excède jamais les 90 kelvins, comme on le soupçonnait, mesures confirmées entre octobre et décembre 2007, la période où la région entourant le cratère Shackleton reçoit le plus de soleil.
La sonde japonaise Kaguya en orbite lunaire (vue d'artiste). Crédit Jaxa
Mais il faut déchanter. Car le très faible albédoalbédo observé contredit formellement toute présence de glace d'eau en surface et même juste en dessous. Au point que les scientifiques japonais affirment maintenant que si jamais cette eau existe, ce n'est qu'en de très infimes quantités.... La présence d'hydrogène s'expliquerait, selon eux, par le continuel bombardement de protonsprotons provenant du vent solairevent solaire, capable d'atteindre ces zones.
La balle est maintenant dans le camp de la Nasa, qui doit lancer en mars 2009 la sonde Lunar Reconnaissance OrbiterLunar Reconnaissance Orbiter. Celle-ci doit dresser la meilleure carte jamais obtenue de la surface lunaire et fournir les données nécessaires au choix de la future base prévue par le vision for space exploration de l'agence américaine.