« Il y aura des morts. » Cette phrase résonne plus encore dans nos oreilles quand on sonde des observateurs aguerris du spatial au sujet des missions privées réalisées par les astronautes. Fort heureusement, le risque est aujourd’hui extrêmement faible, en particulier avec la mission Dawn de Polaris. Mais la mission présente tout de même certains risques.


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    La mission Polaris Dawn est une première mondiale car pour la première fois, une sortie spatiale va être réalisée par des passagers commerciaux, et non par des astronautes professionnels, ce jeudi 12 septembre à 8 h 23, heure de Paris. PolarisPolaris DawnDawn est une mission conduite par SpaceXSpaceX dans le cadre du programme privé Polaris dirigé par le milliardaire américain Jared Isaacman, également commandant de l'équipage.

    Première EVA 100 % non professionnelle

    Depuis la première sortie en 1965 par le cosmonaute Alexei Leonov, toutes les EVA (Extra-vehicular Activity) ont été réalisées par des astronautes issus d'agences spatiales qui ont passé des années à être formés à le faire, ainsi qu'à être prêts à toute situation, y compris quand leur vie est en danger.

    Polaris Dawn est un tournant. Si Jared Isaacman a déjà passé quelques jours dans l'espace en orbite basse avec la mission Inspiration4 en 2021, ce n'est pas le cas de ses équipiers : Scott Poteet (ancien pilote de l'US Air Force), Anna Menon (directrice de mission chez SpaceX) et Sarah Gillis (directrice des opérations spatiales chez SpaceX). Avec leurs profils, les passagers de Polaris Dawn sont tout de même assez familiarisés avec les missions spatiales.

    Décollage d'une Falcon 9 de SpaceX en arrière-plan du vaisseau Crew Dragon qui emmènera les passagers de Polaris Dawn. © SpaceX
    Décollage d'une Falcon 9 de SpaceX en arrière-plan du vaisseau Crew Dragon qui emmènera les passagers de Polaris Dawn. © SpaceX

    Profil de mission différent

    L’EVA sera différente de celles réalisées depuis la Station spatiale internationale (ISS). Ce sera l'occasion pour SpaceX de tester pour la première fois ses combinaisons dédiés aux sorties extravéhiculaires. Quand Isaacman et Gillis sortiront dans l'espace, leurs scaphandres resteront attachés au vaisseau par un cordon ombilicalcordon ombilical par lequel passera notamment l'oxygène.

    Autre différence avec les EVA depuis l'ISSISS ou l'ancienne Navette spatiale : l'intérieur du vaisseau Crew DragonCrew Dragon devra être dépressurisé au cours de la sortie. Cela veut dire que Poteet et Menon seront eux aussi en scaphandre spatial à ce moment-là.

    Polaris Dawn va suivre une trajectoire bien différente des missions habituelles. En effet, l'apogéeapogée du vol culminera à plus de 1 400 kilomètres d'altitude. L'EVA se fera d'ailleurs à 700 kilomètres d'altitude. L'équipage voyage donc dans certaines zones de la ceinture intérieure de Van Allen, qui recueille beaucoup de particules chargées. Une trop forte exposition peut entraîner des risques de cancercancer, mais le risque reste faible car la mission dure seulement cinq jours.

    Le lanceur Falcon 9, à bord duquel se trouve le Crew Dragon, de SpaceX sur son pas de tir, quelques heures avant son décollage. © SpaceX
    Le lanceur Falcon 9, à bord duquel se trouve le Crew Dragon, de SpaceX sur son pas de tir, quelques heures avant son décollage. © SpaceX

    Un tournant pour l’astronautique

    Polaris Dawn regorge de premières dans le vol habité. Comme il s'agit d'une mission expérimentale, la sécurité sera la priorité. Si toutes les étapes sont accomplies avec succès, cela montrera que l'EVA ne sera plus forcément un domaine réservé. Le programme Polaris entend bien mettre cette expérience au service d'une future mission proposée à la NasaNasa pour réaliser une ultime maintenance du télescope spatial Hubble.

    Du succès de cette mission peut émerger de nombreuses applicationsapplications de l'astronautiqueastronautique privée. La Nasa suivra de près Polaris Dawn car l'agence spatiale américaine va confier à l'industrie l'avenir de l'orbite basse. Le risque serait alors que l'industrie se réserve le contrôle de la sécurité de ses propres astronautes en orbite. Peut-on alors craindre que le niveau de sécurité baisse ? Dans ce cas, un accidentaccident deviendrait plus probable.