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Dans la nuit de mardi à mercredi, le lanceur à deux étages Zenit 2 lançait avec succès Phobos-Grunt. Pour une raison inconnue, les moteurs de la sonde ne se sont pas allumés. Elle n'a donc pas pu prendre la route à destination de Mars et se trouve maintenant bloquée en orbite basse autour de la Terre à quelque 200 kilomètres d'altitude. Dans cet échec, le lanceur n'est pas en cause. Les moteurs en question sont bien ceux du bloc propulsif dérivé de l'étage Fregat.
Vingt-quatre heures après ce lancement raté, on en sait un peu plus : Phobos-GruntPhobos-Grunt n'a pas réussi à s'orienter d'après les étoiles. Cela pourrait peut-être expliquer pourquoi ses moteurs ne se sont pas allumés. La sonde s'est mise en mode de sauvegardesauvegarde et a déployé ses panneaux solaires en direction du Soleil, une bonne nouvelle car cela lui permet d'être correctement alimentée en énergie. Si elle n'avait dû compter que sur ses batteries pour fonctionner, sa duréedurée de vie aurait été limitée à 72 heures. La fenêtrefenêtre de tir vers Mars se fermant le 25 novembre, les ingénieurs ont jusqu'à cette date pour trouver le moyen de lancer Phobos-Grunt vers Mars.
La récupération d'échantillons n'est pas le seul objectif de Phobos-Grunt. Des observations scientifiques sont prévues, visant à déterminer si Phobos est un astéroïde capturé ou bien un fragment de Mars. © Nasa/MRO Science team
Le senseur stellaire en cause ?
Dans l'immédiat, l'urgence est de rehausser son orbite pour éviter qu'elle ne s'échauffe trop au contact de l'atmosphèreatmosphère terrestre. Pour ajouter au problème, Roscosmos ne dispose pas d'un réseau d'antennes de surveillance de l'espace réparti autour de la planète, comme c'est le cas pour la Nasa et l'Esa. Les Russes n'ont qu'une seule antenne, située à BaïkonourBaïkonour, pour communiquer avec Phobos-Grunt. Ils ne peuvent donc le faire qu'une fois par jour !
Apparemment, le problème serait d'ordre logiciellogiciel. Les Russes s'étaient préparés à une telle panne et ont prévu des procédures pour remettre la sonde en état de marche et retenter un élancement interplanétaire. En revanche, si le senseursenseur stellaire (l'appareil qui sert à la sonde à s'orienter par rapport à l'emplacement des étoiles) est hors service, la mission sera perdue. Il n'y a pas de système en backup. La sonde continuera de tourner autour de la Terre jusqu'à se désintégrer dans l'atmosphère, les morceaux restants retombant au sol ou dans l'eau.
Phobos-Grunt : un retour avorté
En règle générale, les satellites embarquent au moins deux dispositifs pour se positionner dans l'espace. Dans le cas de Phobos-Grunt, les Russes ont été contraints d'en monter un seul en raison du faible budget de la mission (163 millions de dollars à comparer aux 2,5 milliards de dollars du rover Curiosity de la NasaNasa). Pour éviter qu'un problème logiciel vienne compromettre la mission, ils ont échafaudé plusieurs scénarios de panne, dont celui qui vient de se produire, avec les procédures nécessaires pour y remédier.
Phobos-Grunt devait signer le grand retour de la Russie dans l'exploration planétaire. Quinze après l'échec de la mission Mars 96 et vingt-cinq ans après le dernier succès d'une mission d'exploration avec le lancement de VegaVega à destination de VénusVénus et de la comète de Halley, tout reste à faire.
Rappelons que cette sonde a pour objectif de rejoindre Phobos pour l'étudier, de récupérer des échantillons et les rapporter sur Terre. Elle doit également mettre en orbite autour de Mars le petit satellite chinois Yinghuo-1 qu'elle transporte.