2024 sera une année pleine de surprises dans le domaine des lanceurs. Certes, les plus gros sont attendus avec impatience, tels qu'Ariane 6, Vulcan, New Glenn ; mais beaucoup de petites fusées débarquent dans le paysage. Retenez-les bien, elles annoncent une nouvelle génération !
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2024 sera l'année de la libération. Devraient enfin voler Ariane 6Ariane 6, VulcanVulcan et New GlennNew Glenn, lanceurs puissants de nouvelle génération censés faire concurrence à l'omniprésence de SpaceXSpaceX. Alors pourquoi se soucier des petits lanceurspetits lanceurs ? Comme l'a démontré SpaceX : petit deviendra grand, voire dominant. Concentrons-nous donc sur ces lanceurs certes plus modestes mais qui pourraient bien changer la donne dans 10 ans.
États-Unis : la nouvelle puissance de Rocket Lab
Réutilisation, nouvelle architecture, gros contrats, la compagnie américano-néo-zélandaise opère la petite fusée Electron (17 mètres de haut). C'est la seconde fusée américaine à avoir le plus volé en 2023 avec un total de 10 vols, dont un échec, et un tir suborbitalsuborbital. Disposant de trois pas de tir en Virginie et en Nouvelle-Zélande, Rocket Lab compte bien augmenter la cadence. La compagnie vise aussi 2024 pour lancer son nouveau lanceur moyen et réutilisable Neutron (43 mètres de haut) capable de placer en orbite basse un satellite de 15 tonnes maximum. Un premier tir en 2024 reste un objectif extrêmement difficile à réaliser étant donné la complexité du lanceur et du développement qu'il reste à faire.
Faut-il s'attendre à d'autres nouveautés en 2024 côté américain ? Beaucoup de compagnies du New Space sont en difficulté. Firefly Aerospace, qui a su lancer un satellite en un temps record, fait face à un échec de la mise en orbite lors du dernier vol de sa fusée Alpha le 22 décembre dernier. Autrefois imaginée comme un concurrent dangereux de Rocket Lab, la compagnie Astra Space fait face à de nombreux déboires financiers et peine à développer sa Rocket 4, fusée censée faire oublier les très nombreux échecs de la Rocket 3. Mais Astra semble être davantage sur la voie de la banqueroute. La start-upstart-up ABL Space avait fait un tir test de sa RS-1 début 2023 (échec). Le climatclimat est difficile car le New Space est traumatisé par la faillite de Virgin Orbit, lâché par le milliardaire Richard Brandson.
Le bouillonnant New Space chinois
Jamais le New Space chinois ne s'est aussi bien porté. Plusieurs start-ups de la première génération ont aujourd'hui percé et totalisent 17 des 67 vols portés par la Chine. C'est le cas de Landspace qui a réalisé le premier vol orbital réussi d'un lanceur utilisant du méthane comme carburant (avec de l'oxygène liquideliquide) avec la Zhuque-2 (deux vols en 2022). C'est aussi le cas de Galactic Energy qui a fait décoller sept petites fusées à propulsion solidesolide Ceres-1 (dont un échec et un décollage depuis la mer). Galactic Energy se sent pousser des ailes et espère faire décoller sa future fusée réutilisable à ergolsergols liquides PallasPallas-1 en 2024.
La réutilisation est un objectif partagé par de nombreuses start-ups chinoises et nombre d'entre elles ont fait voler et reposer au sol un démonstrateurdémonstrateur pour apprendre à faire atterrir un premier étage comme Falcon 9Falcon 9 de SpaceX. Parmi elles, on compte ispace qui souhaite faire décoller sa petite fusée Hyperbola-2 en 2024, et une version plus lourde Hyperbola-3 en 2025, toutes réutilisables. Tous veulent devenir le SpaceX chinois. La start-up Space Pioneer est d'ailleurs en train de développer la Tianlong-3, qu'on pourrait presque considérer comme une copie de Falcon 9 ! Le premier vol est attendu pour juin prochain. Réaliste ? Probablement non.
Autre nouvelle fusée attendue en 2024 : Gravity-1, « la fusée en doudoune » développée par Orienspace et dont le premier vol, depuis la mer, est prévu dans les prochains mois. On attend aussi la petite fusée Nebula-1 de Deep Blue Aerospace. À toutes ces initiatives privées, s'ajoutent les projets soutenus par les institutions publiques, comme la compagnie CAS Space, filiale de l'Académie chinoise des Sciences, qui a tiré deux petites fusées Kinetica-1 et qui développe la Kinetica-2. On compte aussi China Rocket, filiale du géant public CASC qui assure tous les déploiements de satellites gouvernementaux avec les fusées Long March, et qui fait voler des petites fusée Jielong 1 et 3.
Les promesses européennes
Ce sera en Europe que 2024 sera l'année la plus intéressante. Après une longue attente et quatre ans de retard, Ariane 6 devrait enfin voler l'été prochain. L'incertitude demeure avec VegaVega-C, qui a raté son dernier vol en décembre 2022 et dont il faut modifier le design du moteur du second étage avant son retour en vol, prévu « fin 2024 » d'après l'ESAESA. Le dernier vol de Vega dans sa version d'origine est prévu cette année mais il est très compromis car deux réservoirs ont été perdus et ils ne sont plus produits aujourd'hui.
C'est le New Space allemand qu'il faudra surveiller de près cette année. Deux compagnies pourraient bien réaliser le vol inaugural de leur lanceur. La première s'appelle Rocket Factory Augsburg, filiale du groupe OHB ; celle-ci vise 2024 pour faire décoller sa fusée RFA One. L'autre start-up, Isar Aerospace, se prépare aussi à tirer sa fusée Spectrum cette année. Enfin, la start-up allemande HyImpulse prévoit d'exécuter un tir suborbital depuis l'Australie afin de tester son moteur hybridehybride (à carburants à la fois solide et liquide). La compagnie PLD Space est aussi censée réaliser un second tir suborbital de son démonstrateur Miura-1 avant de faire décoller son micro-lanceur Miura-5 en 2025. On pourrait également s'attendre à un tir suborbital du côté de la start-up écossaise Skyrora.
Enfin, côté français, il faudra encore attendre un peu. Parmi les favoris, la start-up rémoise Latitude avait initialement annoncé un premier vol de la petite fusée Zéphyr en 2024, reporté en 2025. Du côté des autres compagnies françaises, patience jusqu'en 2026, avec par exemple chez Maiaspace, des tests de bonds du démonstrateur ThemisThemis.
Du nouveau aussi en Inde et en Corée du Sud
On ne sera pas surpris par des lancements de petites fusées du côté de l'Iran ou de la Corée du Nord, qui a réussi à mettre en orbite un satellite espion le 21 novembre dernier. De son côté, la Corée du Sud continue d'accélérer sa cadence de lancements. L'arrivée d'un nouveau petit lanceur de la start-up Innospace ne serait pas pour étonner.
Enfin, en Inde, on se prépare à voir apparaître en vol le tout premier lanceur privé avec la fusée Vikram de la start-up Skyroot Aerospace.