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Le véhicule Orion (concept actuel) amarré à l'ISS. Crédit NASA.
Cette fois, ce sont les termes mêmes du contrat qui lie l'agence spatiale américaine à Lockheed Martin, le contractant principal du véhicule spatial, qui ont subi une profonde refonte. Ces modifications visent avant tout à réduire la masse de l'engin, mais non sa capacité d'emport (pourquoi n'y a-t-on pas pensé plus tôt ?), et encore moins les cinq mètres de diamètre de l'ensemble.
Bien entendu, la phase de préparation du programme a été rallongée dans un premier temps de deux années. Quant à la version destinée à convoyer de la marchandise vers la Station Spatiale Internationale, la NASA annonce le plus innocemment du monde qu'elle a été abandonnée "pour le moment". On pourrait tout aussi innocemment se demander si l'idée sera reprise lorsque l'exploitation de cette dernière aura été aussi abandonnée, vers 2016-2020. A moins que pour desservir la future station spatiale chinoise ?
Plus sérieusement (?), on notera que dans cette nouvelle version, qui ressemble décidément de plus en plus à une cabine ApolloApollo des années '60, le module de service a été redessiné. Il est maintenant "encapsulé" et surtout de plus faible diamètre. La disposition des moteurs a été revue de façon à diminuer la masse de l'ensemble et réduire la surface des boucliers de rentrée atmosphérique. La tour de sauvetage, une reprise des anciens modèles de vaisseaux américains et que l'on ne trouve plus que sur les SoyouzSoyouz russes et aujourd'hui rebaptisée Système d'interruption de lancement (LAS), a été agrandie.
Sur le module de commande, la NASA a modifié la position de la trappe d'accès et réduit le nombre de moteurs d'attitude de 4 à 3 sur chaque groupe RCSRCS. Une tendance se confirme enfin: une forme circulaire à 10 segments s'ouvrant en éventail est adoptée pour les panneaux solaires, à l'image de la sonde martienne PhoenixPhoenix.
Et enfin, une meilleure optimisation de l'espace interne devrait permettre de mieux stocker les réserves de consommables dans une série de cases disposées en anneau à la partie inférieure de l'engin, et le système de parachutesparachutes de rentrée prend place près de l'écoutille supérieure.
Mais aujourd'hui, beaucoup d'observateurs se demandent si tous les avatarsavatars que connaît le nouveau véhicule habité OrionOrion 606, ex-Orion, ex-CEV, ont un sens et aboutiront réellement à une réalisation concrète, et s'il ne s'agirait pas plutôt de tenter d'alléger un vaisseau n'existant encore que sur le papier en le dépouillant le plus possible et en partant à la chasse au gramme superflu.
Car il s'agit surtout de rendre Orion compatible à un lanceur conçu à l'origine comme simple accélérateur à poudre de la navette spatiale, dont les performances de base sont très limitées et ne laissent pas entrevoir d'améliorations notables (excepté l'ajout d'un segment supplémentaire, ce qui a déjà été fait), et auquel on demande de voler en solitaire alors qu'il n'a pas été prévu pour cela. Et de se demander si le but de ce choix singulier n'aurait pas simplement été de plaire aux membres du Congrès américain en faisant miroiter un aspect économique... qui pourrait se révéler, en finalité, un gouffregouffre à milliards ?
Si cette prévision pessimiste se vérifie, alors les seuls billets disponibles pour l'espace d'ici une dizaine d'années seront imprimés en russe ou en chinois. Pour longtemps.