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Alors que les Soviétiques exploitaient intensément leur station Saliout (la sixième du nom !), les Américains restaient sur leur faim en cette année 1981. Plus aucun vaisseau habité frappé de la bannière étoilée n'avait en effet pris la route de l'espace depuis juillet 1975, lorsqu'une capsule ApolloApollo avait été lancée à la poursuite de SoyouzSoyouz 19 pour un vol bien plus politique que scientifique. Les yeuxyeux encore emplis de poussière lunaire, l'Oncle Sam se reposait en rêvant d'horizons lointains...
Celle-ci ne volera jamais. Cette rencontre fantomatique, flottant sur les eaux de Banana River, servait aux exercices de sauvetage avant la première mission. Cliquer pour agrandir. © Futura-Sciences
Aussi, lorsque le 12 avril 1981, furent mis à feu les deux énormes accélérateurs à poudre, puis les trois moteurs à hydrogènemoteurs à hydrogène et que Colombia sembla s'ébrouer paresseusement avant de s'élancer dans un ciel de Floride parfaitement dégagé, le réveil de la passion pour l'espace fut aussi soudain qu'énorme. Pour ce vol inaugural, ColumbiaColumbia était pilotée par un astronaute de légende, John Youg, avec quatre vols à son actif et une petite promenade sur la Lune en 1972. Un « bleu », Robert Crippen, l'accompagnait sur le siège de droite. Ce jour-là, l'édition spéciale de Florida Today accusait un bon kilogramme...
Il est vrai que ce vol STS-1 (pour Space Transportation System) cumulait les innovations. Pour la première fois, un vaisseau spatial n'ayant jamais volé emmenait directement un équipage. Les moteurs des deux étages (accélérateurs et navette) étaient mis à feu ensemble. Des moteurs à hydrogène-oxygène étaient utilisés depuis le sol. Sur le plan technologique, les nouveautés étaient légion. Pour n'en citer que quelques-unes, il s'agissait non seulement du premier vaisseau réutilisable, mais certains éléments externes, comme les boostersboosters, devaient être aussi récupérés et réutilisés (ils ne le furent en réalité jamais). Pour la première fois, un engin spatial était conçu pour atterrir sur une piste et non en mer, avec une possibilité de déport de 2.000 kilomètres grâce à des ailes. Car il s'agissait aussi du premier vaisseau ailé. Si l'on ajoute que ce vol intervient très exactement le jour du vingtième anniversaire de l'envoi du premier homme dans l'espace (Youri GagarineYouri Gagarine), on comprendra que l'émotion, à ce moment, atteignit un niveau rarement égalé...
Colombia juste après son premier retour, le 14 avril 1981. Cliquer pour agrandir. © Futura-Sciences
Espoirs déçus
Une immense soute de 300 m³ et une fréquencefréquence de vols que l'on espérait élevée (n'a-t-on pas parlé d'un vol par semaine ?) laissait aussi entrevoir l'effondrementeffondrement du prix du kilogramme placé en orbiteorbite. Il explosa. Tout comme la navette ChallengerChallenger le 28 janvier 1986. Et comme Columbia (oui, celle de STS-1) lorsqu'elle se désintégra lors de sa rentrée atmosphérique le premier février 2003.
Ce dernier accidentaccident marqua le glas de l'ère des navettes spatiales et instigua le retour à un système de lancement plus conventionnel, sur base d'une fuséefusée non récupérable (programme Orion). Ainsi, Columbia marqua de son empreinte à la fois le départ et la fin d'une des entreprises les plus ambitieuses de l'humanité qui, si elle s'avéra un échec sur le plan de la rentabilité, permit de concevoir de nombreuses nouvelles technologies débordant largement sur d'autres domaines scientifiques ainsi que dans la vie quotidienne.