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Les mystères de Mars s'épaississent
Heureusement pour nous, ces prédictions terrifiantes, menaces d'un ennui profond pour notre génération, se sont révélées totalement infondées. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un oeil sur les plus récents résultats de la sonde Mars OdysseyMars Odyssey.
Parmi les découvertes engrangées par la sonde au cours de sa première année de cartographie (et qui ont été rendues publiques par la NASA le 13 mars dernier lors d'une conférence de presse), quelques faits intrigants ont effectivement pointé le bout de leur neznez. Bien entendu, le principal accomplissement de Mars Odyssey reste la mise en évidence de vastes quantités de glace (jusqu'à 40 %) dans le premier mètre du sol martien, que ce soit dans l'hémisphère sudhémisphère sud ou l'hémisphère nordhémisphère nord. Ce résultat fondamental ne doit cependant pas éclipser d'autres observations plus anodines, tout du moins en apparence ...
Le premier exemple concerne la mise en évidence, dans les parois stratifiésstratifiés du canyon de Ganges Chasma (qui appartient à l'abîme géant de Valles Marineris) d'une couche très riche en olivineolivine. Sur Terre, l'olivine, un superbe minéralminéral jaune vert qui rentre dans la composition de nombreuses roches volcaniquesroches volcaniques, a tendance à s'altérer très rapidement en présence d'eau (l'olivine se transforme alors en serpentineserpentine, dont la forme fibreusefibreuse est plus connue sous le nom d'amianteamiante). L'existence d'olivine fraîche dans les falaises de Valles Marineris indique obligatoirement que ces dernières n'ont pas été en contact avec de l'eau depuis des temps reculés. Cela prouve également que les empilements rocheux qui bordent les canyons sont en partie volcaniques (basaltesbasaltes) et non sédimentaires. L'hypothèse romantique selon laquelle les gouffresgouffres de Valles Marineris auraient pu accueillir, dans un lointain passé, des lacs gigantesques, semble donc remise en question.
Le spectromètre gamma GRS qui équipe la sonde Mars Odyssey a également soulevé un autre fait intriguant. Cet instrument s'est illustré dès le début de la mission en détectant (indirectement) la glace martienne, grâce à une mesure de la quantité d'hydrogène présent dans le sol. Aujourd'hui, le GRS a achevé la cartographie d'autres éléments, comme le potassium 40 et le thorium. Avec l'uraniumuranium, ces deux éléments radioactifs sont particulièrement bien connus des géologuesgéologues, car ils constituent la principale source de chaleurchaleur d'une planète tel que la Terre ou Mars (en se décomposant, ces éléments présent dans le manteaumanteau et la croûtecroûte libèrent effectivement une grande quantité de chaleur; quand une planète telluriqueplanète tellurique a épuisé ses réserves de potassium, de thorium et d'uranium, la mort géologique est proche). Les planétologues pensaient que la concentration de ces éléments chauffants devaient être bien différente entre l'hémisphère sud (très vieux) et l'hémisphère nord (beaucoup plus jeune). Or il n'en est apparemment rien ...
Autre source d'étonnement, la carte de la concentration en ferfer de la surface martienne dressée par le GRS. Etant donné que le sol martien doit sa belle couleurcouleur caractéristique à la présence d'oxyde de fer (qui n'est autre que de la rouillerouille), on pensait logiquement que les zones les plus rouges de la surface devaient être les plus riches en fer. Contre toute attente, ce n'est absolument pas le cas !
Combinés aux autres grands mystères de la planète rouge (l'origine de la grande dichotomie nord/sud, le climatclimat de la jeune Mars, l'émergenceémergence de formes de vie), ces quelques exemples rafraîchissants et revigorants prouvent que le puzzle martien est loin d'être terminé. Force est de reconnaître qu'il nous manque non seulement plusieurs pièces maîtresses, mais aussi que la partie déjà assemblée pourrait bien un jour être à refaire. Un travail immense en perspective, mais qui peut bien rêver d'une vie vide d'inattendus ?