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Thales Alenia Space vient de livrer à la Nasa le module permanent PMM (Permanent Multipurpose Module) qui sera amarré à la Station pendant au moins dix ans. Il s'agit en fait de Leonardo, un MPLM (Multi-Purpose Logistics Module) dans le vocabulaire de la Nasa, transformé pour l'occasion car ces modules sont conçus pour des séjours très courts dans l'espace. Il sera lancé à bord de la navette DiscoveryDiscovery le 1er novembre prochain, lors de la mission STS-133.
Leonardo est en effet un des trois modules pressurisés polyvalents utilisés pour le transport d'équipements et de matériels entre la Terre et la Station spatialeStation spatiale par le biais de la navette. Construits par Thales Alenia Space Italie, ces modules sont dotés d'un système de soutien-vie interne sophistiqué, à l'intérieur duquel les astronautes peuvent travailler. Une fois accostés à la Station spatiale, ils offrent une capacité de stockage, actif ou passif, ainsi qu'un espace habitable pour deux astronautes.
Après l'abandon des navettes, ces trois modules ne seront d'aucune utilité. L'idée était d'en viabiliser un pour l'amarrer de façon permanente à la Station. Ce fut Leornado, sur lequel Thales Alenia Space a réalisé trois modifications essentielles. La transformation la plus importante consistait à modifier la structure du module afin qu'il puisse résister aux agressions en orbite pendant 10 ans. La protection contre les débris de météorites a été améliorée. De plus, tous les équipements et les sous-systèmes ont été certifiés une nouvelle fois. La deuxième modification consistait à rendre l'habitacle du module plus commode afin d'améliorer l'accès aux équipements internes pour les membres de l'équipage. Le PMM accueillera des expérimentations sur les mécaniques des fluides, du matériel scientifique, ainsi que des expériences biologiques et de biotechnologiebiotechnologie.
Manque d'audace
Thales Alenia Space est la seule société non-américaine à disposer d'une expérience similaire dans la constructionconstruction d'infrastructures orbitales. On regrettera simplement que les ambitions spatiales européennes restent en deçà des capacités de ses industriels.
Si l'avance technologique américaine est réelle dans bien des domaines, le niveau technologique atteint par l'Europe pour ses systèmes spatiaux déployés est significatif, malgré des budgets et des effectifs très inférieurs à ceux de nos amis américains. Pour preuve, Thales Alenia Space fourni 50% des modules habitables de la Station et Astrium est le maître d'œuvremaître d'œuvre du laboratoire scientifique ColumbusColumbus et du Véhicule de transfert automatique (ATV).
Autrement dit, avec une volonté politique plus forte et des ambitions plus prononcées, l'Europe aurait pu se doter de sa propre station spatiale. Mais les ambitions européennes se heurtent au paysage institutionnel (véritable casse-tête programmatique), aux intérêts industriels nationaux, à la multiplications des équipementiers (conséquence du retour géographique) et au fameux horizon politique de ses dirigeants, guère encouragés à s'engager dans des programmes qui aboutiront plusieurs années après la fin de leur mandat.