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Les ambitions russes d'exploration martienne se focalisent sur Phobos. Également intéressés par Mars, les Russes n’envisagent pas d’y aller seuls : ils en font un objectif à atteindre en coopération avec d'autres nations. © Roscosmos
Au cours des 25 dernières années, les scientifiques soviétiques et russes ont réalisé quatre missions sans succès à destination de PhobosPhobos : les sondes Phobos-1 et Phobos-2 en 1988, suivies de Mars-96 en 1996, et de Phobos-GruntPhobos-Grunt. Qu'à cela ne tienne, la Russie garde intactes ses ambitions et prépare une cinquième mission à destination de ce satellite martien. Baptisée provisoirement Boomerang, une sonde pourrait être lancée en 2022 et ramener sur Terre des échantillons de ce plus grand des deux satellites de Mars.
Cet intérêt pour Phobos s'explique par sa proximité avec la Planète rouge, en moyenne à quelque 6.000 km, ce qui en fait un excellent promontoire pour l'observer. Par ailleurs, le satellite présente un intérêt scientifique majeur : il serait un astéroïde de la ceinture principale capturé par Mars, et renfermerait donc des matériaux datant de la formation du système solaire.
Des Russes sur Mars ?
À l'instar des autres grandes agences spatiales, la Russie a comme projet à long terme une mission habitée à destination de Mars. Vu son coût, chiffré à plusieurs dizaines de milliards de dollars, cette mission sera internationale. À ce jour, aucune décision n'a été prise pour l'envoi d'un équipage, même si 2035 est une date qui revient souvent dans les conversations des spécialistes.
Défi technologique sans précédent, un vol humain à destination de Mars se fait toujours attendre. Malgré les bonnes intentions des agences spatiales, le secteur privé se dit prêt à prendre les choses en main. À l'image, un scénario de la Nasa datant de la fin des années 2000. © Nasa
Si les agences spatiales tergiversent trop, le privé pourrait bien leur damer le pion. Et leurs projets ne sont pas tous utopiques comme celui de SpaceXSpaceX, qui veut établir des colonies martiennes, après une première mission habitée. Deux semblent réalistes : celui de Dennis Tito qui prévoit l'envoi d'un couple d'humains pour un voyage aller-retour sans se poser sur la planète, et celui de Mars One qui propose un aller simple sans possibilité de retour, qui donnerait lieu à un programme télévisé de téléréalité.
La santé des astronautes à l'étude
Cela dit, les agences spatiales ne restent pas les bras croisés. Elles développent, par étapes, la technologie nécessaire à ce type de mission et réalisent surtout des expériences humaines afin de préparer les astronautes à un séjour martien. Entre juin 2010 et novembre 2011, l'Esa et Roscosmos ont réalisé l'expérience Mars 500. Cette étude sur le comportement humain consistait à enfermer pendant 520 jours un équipage de 6 personnes dans un simulateur spatial recréant les conditions d'un voyage aller-retour vers Mars. Le but étant de savoir si « l'Homme était psychologiquement et physiologiquement capable d'endurer le confinement d'un tel voyage martien », nous avait expliqué Romain Charles, un des membres de l'équipage de l'expérience.
En 2018, en collaboration avec la Nasa, Roscosmos réalisera une nouvelle mission d’étude du corps humain. Cette fois-ci, cela se passera en apesanteurapesanteur. Pendant un an, l'Américain Scott Kelly et le Russe Mikhaïl Kornienko séjourneront à bord de la Station spatiale internationale, avant de redescendre sur Terre pour simuler des activités de surface martienne. Après un séjour d'une trentaine de jours, ils remonteront à bord de l'ISS pour simuler le voyage de retour. L'expérience se focalisera sur les effets de la microgravité sur la santé des astronautes. La densité osseusedensité osseuse, la massemasse musculaire, la force, la vision et bien d'autres aspects physiologiques seront des thèmes de recherche privilégiés. Le comportement du corps des deux astronautes lors de leur intermède terrestre sera passé au crible.
Enfin, n'oublions pas que la Russie participe actuellement au programme ExoMars de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Elle l'a rejoint après le retrait de la Nasa. Elle fournira les deux lanceurslanceurs d'ExoMars 2016ExoMars 2016 et 2018, des instruments scientifiques pour les deux missions et l'atterrisseur du roverrover (2018).