L’année spatiale 2024 a été très riche pour la Chine, second plus gros pourvoyeur de satellites du monde et en concurrence directe avec les États-Unis pour la suprématie du domaine spatial. On compte de nombreuses missions militaires, mais aussi de remarquables progrès dans l’exploration spatiale, la Lune et l’astronautique. Bilan !
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La Chine a envoyé plus de 275 satellites dans l'espace, dont plus des deux tiers appartiennent à des compagnies privées non étatiques, ce qui montre que le spatial commercial gagne beaucoup en confiance aujourd'hui avec le déploiement de plusieurs constellations satellites, notamment dans les domaines de l'imagerie, la communication, mais aussi la météométéo et le positionnement de voiture autonomevoiture autonome.
Déploiement des premières constellations satellites militaires
Le spatial militaire chinois devient de plus en plus capacitaire, mais aussi de plus en plus résilientrésilient. Le déploiement de constellations satellites permet non seulement de réduire au mieux possible le taux de revisite, c'est-à-dire la durée entre la prise de vue d'un même site sur Terre (capital pour le renseignement), mais aussi pour être plus résistant en cas d'attaque. Si un satellite est détruit, le reste de la constellation peut assurer le service. Cette année, la Chine a débuté le déploiement de constellations en imagerie dédiée au renseignement militaire. Les États-Unis ont également commencé à faire cela cette année. L'US Space Force est désormais très inquiète des progrès du spatial militaire chinois.
La Lune se rapproche
La Chine a réussi à rapporter sur Terre les tout premiers échantillons en provenance de la face cachée de la Lune. Grâce à Chang’e 6, 1 935 grammes ont été rapportés. Au total, la Chine a consacré trois vols en 2024 vers la Lune : Chang'e 6, son satellite relais Queqiao-2 et deux satellites pour expérimenter une mission en orbite rétrograde (mission DRO). De son côté, la Chine a réalisé de nombreux progrès dans le développement de ses méga-fuséesfusées pour envoyer deux astronautes chinois sur la Lune avant 2030, notamment dans les tests de moteurs, mais aussi dans le développement de rover pour astronaute en partenariat avec l'industrie spatiale chinoise, et en achevant la conception de la combinaison spatiale.
Progrès dans le vol habité
Tout au long de l'année, la station spatiale chinoise était occupée. Les rotations tous les six mois assurent désormais une présence permanente d'astronautes chinois en orbite. En décembre, les astronautes ont d'ailleurs réalisé la plus longue sortie en scaphandre de l'histoire, qui a duré neuf heures ! Pendant ce temps, l'agence spatiale chinoise prépare l'extension de la station, qui compte actuellement trois modules. La CMSA a d'ailleurs testé un prototype de module gonflable, plus léger et plus spacieux, et s'apprête à conclure la sélection de cargos spatiaux commerciaux pour ravitailler la station. Tous ces progrès sont nécessaires pour les missions lunaires. La Chine continue de rassembler des pays partenaires autour de son projet de base lunaire internationale.
SpaceX chinois et sécurité relative
La Chine aura totalisé près de 70 lancements en 2024, un record battant de peu celui de 2023, mais bien en deçà des espérances (on s'attendait à plus de 100 vols). Au vieillissement d'une partie des lanceurslanceurs s'ajoute les retards dans la constructionconstruction de nouveaux pas de tir et dans la transition vers des lanceurs de nouvelle génération. Du côté du New SpaceNew Space chinois, on remarque de nombreux progrès, mais aussi un certain essoufflement lié au manque de financements. Certaines compagnies, identifiables comme des SpaceXSpaceX en naissance, ont essuyé des problèmes de sécurité pour aller toujours plus vite. La start-upstart-up Space Pioneer a d'ailleurs manqué de bombarder une ville avec son démonstrateurdémonstrateur. La sécurité reste toujours relative autour de certains sites de lancement.
Début du Starlink chinois
La Chine a débuté cette année sa phase de déploiement des premières tranches de ses mégaconstellations satellites de communication en orbite basse, afin d'offrir les mêmes services que Starlink de SpaceX en Chine. Deux constellations sont en compétition : celle du gouvernement (Guowang, 10 premiers prototypes déployés, 13 000 satellites prévus), celle financée par Shanghai (G60, 66 satellites déployés, 12 000 au total). Une autre constellation de 10 000 satellites a également été annoncée. La Chine est désormais prête à se lancer dans une logique d'occupation de l'espace et de l'orbite basse pour faire face à l'omniprésence américaine.
Légère ouverture internationale
Seulement une demi-douzaine de satellites internationaux ont été lancés par la Chine (Pakistan, Oman, Égypte, France), ce qui est très peu. D'une part, la plupart des pays se tournent vers la disponibilité de SpaceX et d'autre part, les lanceurs chinois sont déjà bookés par les entreprises du New Space chinois. On note toutefois la continuité de partenariat scientifique entre la Chine et la France avec le déploiement du satellite scientifique franco-chinois Svom et avec l'emport du détecteur de radonradon français Dorn sur la Lune à bord de Chang'e 6.