Grâce à Curiosity, qui se promène dans le cratère Gale, les scientifiques brossent un portrait toujours plus riche et vivant du passé de Mars. Un passé où, visiblement, la planète bénéficiait d’un climat plus doux et humide, compatible avec une vie microbienne. De nouvelles analyses montrent une diversité d’environnements inattendue dans cette région qui fut autrefois un lac.

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    Les paysages qu'arpente CuriosityCuriosity ne sont pas sans rappeler les régions les plus arides sur Terre. Là-bas, c'est un grand désertdésert caressé par des ventsvents qui recouvre la Planète rouge. Ses reliefs, néanmoins, gardent la mémoire d'une époque très ancienne plus faste, plus humide... Mais avec l'érosion de son atmosphère par le vent solaire, Mars s'est progressivement asséchée, et a ainsi abandonné toute chance de devenir une planète habitable, du moins durablement...

    Il y a plus de 3,5 milliards d'années, à une période où la vie commençait à coloniser notre monde, il en était donc autrement pour notre petite voisine. Son visage n'avait alors probablement rien à envier à sa grande sœur et voisine, plus bleue. C'est ce que suggèrent une fois de plus les résultats des recherches que le rover a entamées il y a presque 5 ans à l'intérieur du cratère Gale. Il y avait là un lac et, comme le montrent les différents minérauxminéraux trouvés sur les premiers contrefortscontreforts de la montagne centrale (sa base est constituée de dépôts sédimentaires), le mont Sharp, divers environnements se sont succédé. Grâce à Curiosity, le paysage de la Mars humide se recompose.

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    Sur Mars, un lac aurait bien existé dans le cratère Gale

    Dans une étude publiée dans Earth and Planetary Science Letters, des chercheurs de la division Ares (Astromaterials Research and Exploration Science)) du Centre spatial Johnson de la Nasa, à Houston, se sont appuyés sur quatre échantillons de roches prélevés par le rover dans un secteur au pied de la montagne où les relevés minéralogiques depuis l'espace (sonde MROMRO) intriguaient par leur diversité. Les analyses n'ont pas déçu, car ils ont montré que les minéraux se sont formés dans des eaux de différents pH et en conditions oxydantes.

    Les différents points examinés par Curiosity sur l’affleurement rocheux de Pahrump Hills. Les pois bleus marquent les endroits où le rover a procédé à un forage. © Nasa, JPL-Caltech, MSS

    Les différents points examinés par Curiosity sur l’affleurement rocheux de Pahrump Hills. Les pois bleus marquent les endroits où le rover a procédé à un forage. © Nasa, JPL-Caltech, MSS

    Une variété de minéraux surprenante

    Pour les trois prélèvements de la région de l'affleurementaffleurement baptisé Pahrump Hills (voir image ci-dessus) contenant des roches sédimentairesroches sédimentaires, Elizabeth Rampe et son équipe ont trouvé que les espècesespèces minérales à la base, riches en fer et en magnésium, proviennent d'une source primitive de magmamagma comparable aux basaltesbasaltes qui coulent à Hawaï. Dans l'échantillon de Telegraph Peak, les minéraux sont similaires au quartzquartz, écrit la Nasa dans son communiqué. Pour celui de Buckskin, déjà documenté, la présence de tridymite intrigue, car sur Terre on la trouve dans des roches formées par la fusion partiellefusion partielle de la croûte terrestrecroûte terrestre ou de la croûte continentalecroûte continentale. Or Mars n'a, semble-t-il, jamais connu de tectonique des plaquestectonique des plaques.

    Pour les échantillons de Confidence Hills et Mojave 2, des minéraux argileux formés en présence d'eau au pH presque neutre ont été mis en évidence. « Ils pourraient donc être de bons indicateurs des environnements passés favorables à la vie » souligne la Nasa. Enfin, de la jarositejarosite, un sel qui se forme dans des solutions acides, y a aussi été détectée. Plusieurs oxydes de fer ont aussi été observés. L'hématitehématite apparaît notamment dans la zone basse tandis que la magnétitemagnétite a été exclusivement identifiée dans les couches plus hautes.

    Pour expliquer une telle variété de minéraux, une hypothèse que les eaux du lac qui occupaient le cratère Gale fussent à la base oxydantes, ce qui signifie qu'il y a pu avoir plus d'oxygèneoxygène dans l'atmosphèreatmosphère de Mars ou bien  d'autres « facteurs d'oxydationsoxydations ». Mais les chercheurs de cette étude en avancent une autre : des eaux souterraines plus acides et oxydantes ont pu surgir après le dépôt des sédimentssédiments, ce qui aurait provoqué la précipitation de la jarosite et de l'hématite. « Dans ce scénario, les conditions environnementales présentes dans le lac et plus tard dans les eaux souterraines étaient tout à fait différentes, mais offraient de l'eau liquideliquide et une diversité chimique qui aurait pu être exploitée par une vie microbienne » conclut l'Agence spatiale.

    Les indices que la planète fut bien plus accueillante dans son passé qu'aujourd'hui s'accumulent. Mars était habitable et les chercheurs s'emploient plus que jamais à travers de futures missions comme Curiosity 2 (Nasa) et ExoMarsExoMars 2020 (ESAESA) à répondre à la question si oui ou non elle a été habitée.

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