L’autorité fédérale américaine en charge des affaires aéronautiques et spatiales (FAA) a décidé de ne pas redonner de licence de vol au Starship avant fin novembre, anéantissant tout espoir pour SpaceX d’un décollage en septembre. Les raisons environnementales invoquées ont fait enrager Elon Musk, un cocktail explosif en pleine campagne électorale.
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Le climatclimat est électrique entre SpaceXSpaceX et les autorités fédérales américaines. La FAA (Federal Aviation Administration) a décidé de décaler la date de son accord de septembre à fin novembre, sur fond de questions environnementales jugées « superflues » par SpaceX dans un communiqué du 10 septembre. Ce nouveau report a fait enrager Elon MuskElon Musk et monter les critiques envers les lenteurs administratives.
Les eaux usées du Starship
Futura l’avait prédit, cette affaire risquait de retarder le calendrier du Starship. Le 12 août dernier, CNBC révèle que SpaceX a déversé des eaux uséeseaux usées industrielles dans la nature sans permis. Ces eaux proviennent du système de déluge, une cascade d'eau déclenchée sous le pas de tir du Starship pour limiter les effets du souffle du décollage.
Cette révélation s'ajoute aux nombreux scandales écologiques liés aux vols tests du Starship, le mégalanceur que la Nasa a choisi comme atterrisseur lunaire pour les missions Artemis et que Musk espère voir comme vaisseau pour Mars d’ici deux ans.
SpaceX a contesté avoir déchargé des eaux usées et prétend qu'il s'agit d'eau potable. Toutefois, la société a accepté de payer l'amende à la Texas Commission on Environmental Quality (TCEQ) qui a délivré l'avis de violation. Dans son dernier communiqué, SpaceX accuse CNBC d'avoir communiqué des fausses informationsfausses informations. De son côté, Elon Musk accuse en continu sur son compte X-TwitterTwitter les médias d'être des outils de propagande.
Les préoccupations environnementales de la FAA face aux changements de dernière minute de SpaceX
Dans son communiqué du 10 septembre, SpaceX accuse la FAA que ses processus d'octroi de licences ont été « à plusieurs reprises entravés par des problèmes allant du frivole à l'absurde manifeste » et que ces obstacles ont été « provoqués par des informations fausses et trompeuses, fondées sur des déclarations hystériques de mauvaise foi de détracteurs en ligne ou de groupes d'intérêts particuliers qui ont présenté des données scientifiques mal construites comme des faits ». C'est faux, d'après la FAA.
SpaceX fait notamment mention ici de l'enquête de CNBC. En réponse, la FAA a admis avoir pris en compte ces éléments dans son processus. Toutefois SpaceX n'a pas précisé dans son communiqué d'avoir changé son plan de vol à la mi-août, ni d'avoir communiqué ces nouveautés tardivement d'après la FAA.
Pour le 5e vol d’essai du Starship, SpaceX compte refaire revenir le booster Super Heavy sur le pas de tir, en essayant de l'attraper en vol par l'innovant système de « chopsticks », une opération très risquée et aux impacts environnementaux concernant une zone bien plus large que pour les vols précédents d'après les informations transmises par l'entreprise à la FAA. En effet, il faut prendre en compte le risque d'explosion sur le pas de tir lors du retour, ou de crash du Super Heavy à proximité, dans la réserve naturelle de Boca Chica.
Animation du retour du Starship sur son pas de tir attrapé par les « Chopsticks ». © Space.com
La FAA a précisé que SpaceX aurait eu sa licence en septembre si le plan de vol était resté similaire au 4e essai. Mais tenant compte de ces changements, la FAA dit avoir besoin de consulter d'autres agences à la fois sur les questions environnementales et de sécurité.
Lenteurs administratives face aux menaces de Musk et de Trump : vers un conflit d’intérêts ?
La FAA est au cœur de la critique sur sa lenteur à accorder des licences de vols spatiaux. Pendant des années, l'autorité fédérale a fait face à un manque de moyens couplé d'un manque d'anticipation sur la multiplication des vols (SpaceX en a réalisé 90 depuis le début de l'année !).
En pleine campagne électorale, l'ancien président Donald Trump a annoncé le 5 septembre qu'il créerait une commission d'audit de l'efficacité du gouvernement fédéral américain et qu'elle serait présidée par Elon Musk en personne. Soutien affiché de Donald Trump, le milliardaire a accepté. L'ensemble des autorités fédérales serait alors passé aux rayons X, y compris la FCC (télécommunications) qui a récemment rejeté une demande de subvention de 885 M$ à StarlinkStarlink (filiale de SpaceX), et bien sûr la FAA.
Cette nomination d'Elon Musk, chef de guerre entre SpaceX et la FAA, ne risque-t-elle pas de le mettre en position de conflit d'intérêts ? En tout cas, le Starship est devenu un sujet politique, présenté comme un atout de la puissance spatiale américaine face à la montée de la Chine. Mais le Starship ne revolera pas avant les élections...