Le robot le plus perfectionné et le plus ambitieux jamais construit pour l’exploration martienne a pris la direction de Mars après un lancement parfait. Curiosity, c’est son nom, a décollé samedi à 16 h 02 à bord d’une fusée Atlas V. Il doit arriver à destination en août 2012 et se poser à l’intérieur du cratère Gale pour une mission de deux ans.

Initialement prévu en octobre 2009, le lancement de Curiosity a finalement eu lieu ce weekend. La mission Mars Science Laboratory a été lancée à bord d'un Atlas 5, déjà utilisé en août pour lancer la sonde Juno à destination de la lointaine Jupiter. Le lanceur a décollé à 16 h 02 de Cap Canaveral.

Si le voyage entre la Terre et Mars se passe bien, le rover se posera à l'intérieur du cratère Gale. La mission primaire du rover doit durer environ deux années terrestres pendant lesquelles il mettra tout en œuvre pour déterminer si la surface martienne a été habitable dans son passé. Les dix instruments qu'il embarque rechercheront toutes traces nécessaires à la formation d’un début de vie organique. On pense bien évidemment à de l'eau, mais également au carbone non oxydé ou encore au méthane. À noter que si ces éléments sont trouvés, cela ne signifiera pas pour autant que la vie est nécessairement apparue et encore moins qu'elle perdure aujourd'hui.

Comprendre l’origine de la vie

Reste que cette mission d'exobiologie va bien au-delà du cas martien. Pour Jamie Foster, professeur de microbiologie et de biologie cellulaire à l'université de Floride, « si nous parvenons à comprendre les paramètres environnementaux ou le potentiel biologique de la formation de la vie sur Mars, nous pourrons établir des corrélations avec nos études sur les exemples modernes de vie antérieure sur Terre », et de préciser « qu'on pourrait ainsi mieux comprendre l'apparition de la vie sur notre planète et dans le Système solaire ».

 Les deux instruments franco-américains de la mission sont ChemCam et Sam. ChemCam analysera par spectrométrie la lumière d’un plasma issu d’un tir laser sur des roches martiennes situées entre 2 et 7 m autour du rover. Quant à la suite d’instruments Sam, elle réalisera des analyses des roches, du sol et de l’atmosphère afin de rechercher les composés chimiques liés au carbone et associés à la vie. © Nasa/JPL

Les deux instruments franco-américains de la mission sont ChemCam et Sam. ChemCam analysera par spectrométrie la lumière d’un plasma issu d’un tir laser sur des roches martiennes situées entre 2 et 7 m autour du rover. Quant à la suite d’instruments Sam, elle réalisera des analyses des roches, du sol et de l’atmosphère afin de rechercher les composés chimiques liés au carbone et associés à la vie. © Nasa/JPL

Le Cnes en opération sur Mars

Arès la forte désillusion provoquée par l'échec de la mission Phobos-Grunt, qui emportait six expériences françaises vers Phobos, le Cnes a vu avec satisfaction s'envoler Curiosity à destination de Mars qui embarque deux instruments franco-américains dont il a participé à la conception et la réalisation technique, ChemCam et Sam. Mieux encore, à la demande des Américains, le Centre d'études spatiales participera aux opérations à la surface de Mars en temps réel. ChemCam et Sam seront opérés en alternance depuis un centre de mission basé au centre du Cnes à Toulouse, le Fimoc.

Enfin, afin de préparer les futures missions humaines dans l'espace et à destination de Mars, l'instrument Rad doit mesurer et détecter toutes les particules qui frappent le sol martien en provenance du Soleil ou de l'espace et celles produites par les interactions entre le rayonnement spatial avec l'atmosphère de la planète et la surface. L'objectif est de permettre de calculer la dose à laquelle les futurs explorateurs seront exposés lorsqu'ils seront sur Mars. Par ailleurs, Curiosity fournira aux scientifiques une liste d'éléments fondamentaux qui aideront à concevoir des systèmes indispensables à la survie des astronautes dans cet environnement.