au sommaire
L'accès à l’espace par des sociétés privées devient une réalité. Depuis fin 2010 et son premier vol de démonstration à destination de l'ISS, SpaceX était la seule société à occuper le terrain avec Sea LaunchSea Launch (opérateur de lancement). Pour la Nasa, l'arrivée d'Orbital Sciences dans la course va accroître les possibilités d'accéder à l'espace et surtout sécuriser l'approvisionnement de la Station, étant donné que SpaceXSpaceX est clouée au sol, faute de lanceur...
Orbital Sciences devrait lancer sa première mission de démonstration (Orb-D1 COTS) à destination de la Station spatiale internationale, en fin de journée. Cygnus décollera du centre de lancement de Wallops, en Virginie (côte est des États-Unis), et sera lancé par Antares, le nouveau lanceur d'Orbital Sciences testé avec succès en avril et qui apportera quelque 700 kgkg de fret à l'équipage de l'ISS.
Le lanceur Antares sur son pas de tir. © Rémy Decourt, Futura-Sciences
Première mission de fret pour le cargo Cygnus
Si les conditions météorologiques sont favorables, Antares décollera du site de lancement de Wallops le plus tôt possible à l'intérieur d'une fenêtrefenêtre de tir qui s'ouvre à 10 h 50 et se ferme à 11 h 05, en heure locale (soit 16 h 50 à 17 h 05 en heure française métropolitaine). Pour l'instant, les prévisions météorologiquesprévisions météorologiques sont bonnes. La probabilité que des ventsvents défavorables soufflent au-dessus du pas de tir (vents cisaillants d'altitude) et empêchent le tir est faible : moins de 10 %. Cette probabilité monte à 25 % pour un plafond nuageux trop dense et bas.
Cygnus devrait s'amarrer à la Station six jours après son lancement. Avant que la Nasa ne donne son feu vert, il sera alors à seulement 1,4 km de l'ISS, et plusieurs opérations de démonstration (« demo days ») sont prévues de façon à s'assurer que le cargo peut bien s'approcher et s'amarrer à l'ISS en toute sécurité. Ces demo days débuteront dès le premier jour suivant le lancement, et dureront jusqu'au sixième jour.
Pour cette première mission de démonstration, Cygnus transporte une cargaison de fret jugée non essentielle, c'est-à-dire qu'elle améliore le quotidien des astronautesastronautes à bord. Ainsi, en cas d'échec, sa perte n'aurait pas de conséquences sur le bon fonctionnement de la Station. À l'issue de sa mission de 38 jours (37 amarrés à l'ISS), le cargo sera désorbité et se consumera dans l'atmosphèreatmosphère terrestre.
Orbital Sciences : de l’ISS à Mars
Ce cargo comprend deux parties : un module de service, développé par Orbital Sciences, et un module pressurisé fourni par Thales Alenia Space. Cet engin n'est pas conçu pour s'amarrer à l'ISS comme le font les cargos russes et européens (Progress et ATVATV). Il sera capturé par le bras robotique de la station qui le « dockera » sur un des ports libres de la partie états-unienne, en l'occurrence le numéro 2. Le HTVHTV japonais s'accroche à la Station de la même façon.
Installation du cargo Cygnus dans le lanceur Antares (en haut). Le module pressurisé du Cygnus (en bas) construit par Thales Alenia Space en Italie, pourrait être utilisé pour la construction d'un véhicule spatial habité. © Rémy Decourt, Futura-Sciences, Orbital Sciences, Thales Alenia Space
À l'avenir, il pourrait être utilisé pour une très grande variété de missions, en support pour du fret ou de la logistique. Des études envisagent même de le faire évoluer pour l'adapter à un véhicule spatial habité. Cette idée, loin d'être farfelue, est reprise par la fondation Inspiration Mars, fondée par Dennis Tito, qui veut lancer une mission habitée autour de la planète Mars en janvier 2018.
SpaceX cale : son lanceur Falcon-9 n’est pas prêt
Si cette première mission réussit et qualifie ce système de transport, un second tir est d'ores et déjà prévu en décembre. La Nasa qui prévoyait que SpaceX lance une troisième capsule Dragon à destination de l'ISS a été contrainte de revoir ses plans. Le nouveau lanceur de SpaceX, une version 1.1 améliorée du Falcon-9 n'est en effet pas prête. Le vol inaugural prévu le 15 septembre a été reporté à plus tard, peut-être la fin de ce mois de septembre. À cela s'ajoute la décision surprenante de SpaceX d'arrêter la production du lanceur Falcon-9, ayant pourtant cinq succès pour cinq lancements à son actif, malgré les retards dans le développement de ce nouveau lanceur. En d'autres termes, SpaceX n'a plus de lanceur et un carnet de commandes de plus de quarante satellites à lancer...
Préparation d'un nouveau lanceur Antares. Au premier plan, le propulseur solide Castor 30 d'ATK du deuxième étage, et au fond le premier étage du lanceur. © Rémy Decourt, Futura-Sciences
La société se veut toutefois rassurante. Interrogée, elle nous a confirmé qu'elle prévoyait toujours le lancement de la capsule Dragon SpX-3 avant la fin de l'année. Une confiance que n'a visiblement pas la Nasa. L'agence a retiré de son planning ce vol et pousse Orbital Sciences à réaliser deux tirs avant la fin de l'année.