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L'astronaute Lisa Nowak, avant… et après. Crédit photos NASA / Police d'Orlando.
Car cet incident, qui ne mériterait même pas de figurer dans la presse locale s'il ne mettait en cause que des acteurs anonymes, affole la NASA, dont les principes mêmes du recrutement de ses astronautes, et surtout l'efficience des très nombreux tests qu'ils subissent avant d'être admis au "Saint des Saints" de l'Agence américaine se voient soudain remis en cause. Revoyons les faits.
La scène se passe sur le parking de l'aéroport international d'Orlando (Floride). LisaLisa Nowak, 43 ans, déguisée au moyen d'une perruque et d'un imperméable, s'approche de Colleen Shipman, officier de l'US Air Force, qui se trouve à ce moment dans sa voiturevoiture. Arrivée à portée, elle frappe à la vitrevitre de la portière, que la conductrice abaisse d'environ 5 centimètres. Nowak brandit alors un aérosolaérosol de défense personnelle au gaz poivré et en arrose le visage de celle qu'elle considère comme sa rivale.
Arrêtée rapidement, Lisa Nowak a affirmé qu'elle avait voulu simplement effrayer Colleen Shipman pour lui faire reconnaître sa liaison avec Oefelein, mais sans intention de la blesser. Au cours de la fouille, la police a découvert dans le sac de l'astronaute la bombe aérosol, un couteau, une perruque, et 600 dollars en liquide. Plus surprenant, elle a aussi trouvé un paquetpaquet de couches-culottes dans la voiture de l'accusée, qui reconnaît les avoir utilisées afin de ne pas devoir s'arrêter durant les 1500 kilomètres qu'elle venait de parcourir en 12 heures depuis le Texas. Une habitude d'astronaute en sortie extravéhiculaire, peut-être...
En comparution immédiate, c'est une charge de tentative de meurtre qui a été retenue par le juge Attorney Donald Lykkebak contre Lisa Nowak, considérant non seulement la préméditation de son geste, mais aussi le fait que de son propre aveu, la somme d'argentargent liquide qu'elle transportait sur elle lui avait servi à payer ses dépenses en cours de route sans utiliser de cartes de crédit et ainsi ne laisser aucune trace de son passage, ce qui laisse envisager une intention autrement délictueuse qu'une simple remontrance envers sa victime.
En seconde comparution dans la soirée du 6 janvier, Lisa Nowak a été libérée sous caution de 25.500 dollars (15.500 dollars pour tentative de kidnapping et 10.000 dollars pour tentative de meurtre) et a pu rejoindre Houston en compagnie de deux astronautes venus l'aider, mais est néanmoins contrainte de porter un bracelet GPSGPS à la chevillecheville en attente de son jugement.
Les conséquences
Afin de répondre aux exigences d'une mission dans l'espace, les agences spatiales soumettent les postulants à de nombreuses séries de tests et d'épreuves, aussi bien sur le plan physiquephysique que psychologique, qui peuvent durer plusieurs mois. Ensuite seulement est délivré le sésame qui autorisera l'accès aux centres d'entraînement.
Mais si ces examens permettent de dresser un état de santé très précis du candidat astronaute sur le plan physique, les garanties d'un profil psychologique idéal restent plus aléatoires par la nature même de l'être humain et de la malléabilité de son esprit devant des situations imprévues. En effet, il ne faut pas perdre de vue que ces hommes et ces femmes ne sont pas des surhommes mais des êtres de chair et de sang, soumis à tous les aléas d'une vie quotidienne.
Malgré des critères psychologiques rigides, il est déjà arrivé, et depuis les tout débuts de l'aventure spatiale, que des membres d'équipage défaillent. Rappelons-nous la perte de la capsule Mercury en 1961, due au fait que Virgil Grissom avait éjecté l'écoutille juste après son amerrissage et avant l'arrivée des équipes de récupération, peut-être pris d'un instant de panique. Ou encore cette mission de rapatriement d'urgence d'un cosmonautecosmonaute russe à bord de la station MirMir, sous prétexte de problèmes cardiaques imprévisibles, alors qu'il s'agissait en réalité de troubles psychiatriques aigus compromettant la sécurité du reste de l'équipage.
Et encore, se limite-on là à des évènements survenus en mission. Les astronautes ont aussi une vie privée et sentimentale, dont il semble bien difficile de maîtriser tous les aspects, à supposer que cela soit envisageable ou même souhaitable.
La NASA, comme les autres agences, souhaite cependant revoir ses critères de sélection et une commission d'enquête est actuellement occupée à réexaminer le profil psychologique de Lisa Nowak afin de trouver des indices qui auraient échappé lors des tests et qui auraient pu laisser prévoir cette dérive. Ainsi, cette apparente situation d'échec de l'agence spatiale américaine aura pour effet non seulement d'améliorer les méthodes de recrutement des candidats, mais aussi d'effectuer un pas de plus dans la connaissance de l'Humain. Ce qui ne fait que confirmer l'omniprésence des retombées spatiales, même au départ d'un simple fait divers.
Officier de l'US Navy depuis 1987, Lisa Nowak a incorporé le corps des astronautes de la NASA en 1996, et a participé à la mission STS-121 (DiscoveryDiscovery) du 4 au 17 juillet 2006, dans le cadre de la poursuite de l'assemblage et de l'aménagement interne du complexe orbitalcomplexe orbital.
William Oefelein, 41 ans, a été incorporé par la NASA en 1998 et a participé à la mission STS-116 (Discovery) du 9 au 22 décembre 2006 où il exerçait la fonction de pilote.